Pierre Moukoko Mbonjo, ministre camerounais des Affaires étrangères
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Pierre Moukoko Mbonjo, ministre camerounais des Affaires étrangères :: CAMEROON

A la sortie du Conseil paix sécurité de l'Union africaine, ce jeudi soir à Addis-Abeba, le ministre camerounais des Affaires étrangères, Pierre Moukoko Mbonjo, a expliqué à Christophe Boisbouvier quelles étaient les décisions prises contre Boko Haram.

Monsieur le ministre est-ce que cette réunion a permis d’avancer sur des points concrets ?
Ah oui, bien entendu ! Vous savez que nous nous sommes réunis au niveau ministériel, le 20 janvier à Niamey sur instruction de nos différents chefs d’Etat. Il a donc été convenu de venir ici à l’Union africaine pour demander le soutien de l’Union africaine, de manière à ce que les décisions qui ont été prises au niveau de la Commission du bassin du lac Tchad, de l’opérationnalisation de la force mixte et multinationale, que ces décisions soient soutenues par l’ensemble de la communauté internationale.

Le processus consiste, après l’Union africaine à saisir le Conseil de sécurité des Nations unies. Mais entre temps il est prévu une réunion des 5 au 7 février à Yaoundé qui sera donc une réunion d’experts avec pour objectif de préciser le concept d’opération, les règles d’engagement de cette force multinationale. Et sur la base des conclusions des experts, le président de la Commission de l’Union africaine va donc saisir le Conseil de sécurité pour l'inciter à passer une résolution qui permet d’appuyer nos efforts sous-régionaux. Et une autre demande que nous avons exprimée c’est qu’il y ait un fonds qui soit créé pour pouvoir nous aider financièrement. Vous savez que le déploiement de forces est une opération très, très coûteuse ! Donc les discussions ont été très positives dans ce sens.

La force multinationale serait une force africaine, mais le soutien financier serait au-delà de l’Afrique ?
L’Afrique d’abord, bien sûr ! Nous comptons d’abord sur nos propres forces ! Vous savez que par exemple, les troupes camerounaises de plus de 6 000 hommes, qui sont déployés dans la partie septentrionale du pays depuis huit mois sont supportées exclusivement par le budget et les aides du Cameroun. Donc nous avons besoin du soutien financier logistique de l’Afrique et de la communauté internationale. D’ailleurs je tiens à vous rappeler que le processus a commencé à Paris, le 17 mai. Et toutes les réunions que nous avons eues visent justement à assurer la montée en puissance de cette force multinationale, avec un soutien africain et international. Le plus urgent, c’est évidemment de bien préciser le concept d’opération et les règles d’engagement.

Ça veut dire qu’il faut rassurer les Nigérians qui pourraient être inquiets pour leur souveraineté ?
Ah non ! Nous sommes tous sur la même longueur d’onde ! Vous savez, il peut y avoir ici et là quelques incompréhensions et qui ont été levées au cours de cette réunion.

On dit souvent que les Nigérians sont très jaloux de leur souveraineté. Ils ne veulent pas de force multinationale sur leur territoire ?
Mais je vous dis que les choses se passent bien.

Depuis deux semaines des troupes tchadiennes sont déployées dans votre pays. Pourquoi cet appel à votre voisin tchadien ?
Mais cela procède de la solidarité africaine ! Je crois que la France intervenant au Mali a appelé d’autres pays européens à son aide. Donc c’est une chose tout à fait normale !

Et c’est très important pour vous ? C’est vraiment un secours important ?
Mais c’est important pour nous tous dans la sous-région ! C’est accord bilatéral que nous avons avec le Tchad ; solidarité agissante. Si vous avez suivi le discours du président Biya au corps diplomatique début janvier, c’est exactement ce qu’il a dit : « à problème global, solution globale ». Et nous, nous sommes depuis huit mois, face à ces attaques incessantes de Boko Haram avec une montée en puissance incroyable ! On se pose beaucoup de questions. D'où viennent les armes ? D’où viennent les financements ? Mais vous avez-vous-même constaté que l’armée camerounaise a fait face et que notre territoire est occupé par Boko Haram ! Evidemment, nous sommes un pays en voie de développement, qui a ses limites et qui appelle donc à l’aide, non seulement à des Etats de la sous-région, mais également de tout autre Etat qui voudrait bien nous apporter son appui.

© RFI : Christophe Boisbouvier

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