22 septembre 2020 : De quoi es-tu le nom ?
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Les séquences politiques se suivent et se ressemblent au Cameroun au Cameroun. Aux phases de tensions et de violence succèdent des périodes d’accalmie et de tranquillité, auxquelles viennent se substituer également des périodes de violence, dans une course de relais sans fin, depuis plusieurs décennies maintenant.

La dernière séquence en date, qui tire ses ressorts de l’élection présidentielle du 07 octobre 2018, séquence de violence comme on pouvait bien s’en douter, s’était choisie la date du 22 septembre 2020 comme date d’éruption de la fureur, date décisive, date de basculement certainement, jour du débarquement pendant lequel des hordes de manifestants excédés par un pouvoir fratricide allait déferler et dévaler les sept (07) collines de Yaoundé, et de toutes les dix (10) régions du pays pour détrôner le Roi confiné à Etoudi.

Mais au soir de cette journée que les mots d’ordre de certains opposants et les ultimatums de l’ordre gouvernant annonçaient comme décisif, à l’heure du bilan d’étape, nous pouvons nous risquer que relever que les tendances lourdes du paysage politique camerounais se sont une fois de plus vérifiées.

PREMIÈREMENT,
un soupçon d’absence de coordination des intermittents du spectacle politique a confirmé l’inclinaison des forces politiques d’opposition pour les démarches solitaires, même lorsque l’unité aura été annoncée à grand renfort de publicité, et même là où pourtant la synergie des forces du changement aurait été de toute évidence utile, structurante, déterminante et salutaire.

DEUXIÈMEMENT,
la logique de la violence, comme annoncée, a primé et prévalu partout où les manifestants ont pu finalement se mobiliser. On a noté effectivement, un peu partout, des affrontements sporadiques entre les manifestants et les forces de maintien de l’ordre, on a également enregistré des violences, et dénombré des blessés ici et là, de même que de multiples arrestations.

TROISIÈMEMENT,
la confirmation d’une fracture sociale durable a été actée, avec un tissu social fragmenté, un peuple divisé, dont toutes les composantes proclament allègrement tirer légitimité et obtenir licence ce celui-ci. Un peuple de tous les fantasmes, de toutes les lubies et instrumentalisations, un peuple objet de tous les enjeux aussi. On aura noté une division tellement flagrante et complexe qui affiche, au-delà des pro-régime et des pro-oppositions, les camps des pro-statu-quo et des pro-changement, des pro-évolution et des pro-révolution, des pro-stabilité et des pro-déstabilisation, encore que chacun de ces camps, dans cet inventaire sommaire, n’est ni stable, ni durable, encore moins définitif. Ce 22 septembre 2020, de quoi est-il le nom finalement ?

À l’analyse, ce jour est le nom de la division radicale du peuple camerounais. Un peuple divisé sur l’analyse et l’évaluation de sa situation présente ; divisé sur les responsables de son état actuel ; divisé sur les orientations et les options de sa sortie de crise et sur le sens à donner à son devenir collectif ; divisé sur la place, le rôle et la légitimité des acteurs de son redressement éventuel ; divisé sur le sens de son avenir et de sa destinée. Le Camerounais, aux yeux du monde, ont présenté aujourd’hui le visage le plus clivant, celui d’un peuple dont les composantes sont opposées sur tout. Dans un tel contexte, sans minimiser les effets de manifestations de ce jour, le régime en place peut espérer jouir encore de quelques jours de répit.

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