Afrique:La Charte africaine de la jeunesse foulée aux pieds
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Afrique:la Charte Africaine De La Jeunesse Foulée Aux Pieds :: Africa

Le document promeut la jeunesse en matière de libertés, d'emploi décent rémunéré ou encore de participation à la prise de décisions. De Paris à Bruxelles, des exilés africains indexent un document resté lettre morte à leurs yeux.

14 ans après son adoption, le 2 juillet à Banjul, en Gambie, et surtout, 11 ans après son entrée en application, en août 2009, la Charte africaine de la jeunesse peine à donner pleine satisfaction. « La Charte Africaine de la Jeunesse telle qu'elle a été approuvée par les chefs d'Etats et de gouvernement Africains lors de leur réunion de Banjul en juillet 2006,est un projet louable destiné à formuler la stratégie et l'orientation de l’émancipation des jeunes pour des activités de développement en faveur au niveau continental, régional et national. Cette Charte, dans l'esprit et le contenu de ses textes, vise aussi à protéger les jeunes contre la discrimination et leur garantit la liberté de circulation, de parole, d’association, de religion, de propriété et autres droits humains, tout en s’engageant à promouvoir leur participation dans la société », explique Hugues Seumo, journaliste camerounais en Belgique.

Même lecture pour Mbeh Etienne Fleuris, ancien Représentant des jeunes du Rdpc en Chine et ingénieur vivant aujourd'hui en France. « La Charte africaine de la jeunesse vise dans une certaine mesure à protéger les jeunes africains(es) contre la discrimination et leur garantir la liberté de circulation, de parole, d'association, de religion, de propriété et autres droits humains, tout en s'engageant à promouvoir leur participation dans la société africaine et le reste du monde ».

« Un bilan catastrophique »

L'un et l'autre s'accordent à reconnaître que la belle promesse que laissait entrevoir le document pour faire de la jeunesse africaine un acteur à part entière du développement, n'a pas été tenue. « 11 ans après son entrée en vigueur, les résultats se font toujours attendre. La jeunesse africaine est presque abandonnée à son triste sort. Les jeunes demeurent les parentpauvres des politiques publiques pourtant, ils sont de plus en plus nombreux qui manifestent une grande disponibilité à participer aux actions de développement et surtout à prendre des responsabilités dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des programmes et projets qui déterminent véritablement leur avenir et celui de leur nation respective mais, les pouvoirs publics africains ne leur facilitent pas la tâche », constate Hugues Seumo pour mieux souligner : « La jeunesse africaine est aujourd'hui partagée entre l'envie de rester et celle de partir en aventure. Plusieurs jeunes servent aussi de
réservoir pour les entrepreneurs de la violence ou même constituent la proie facile pour les politiciens qui les utilisent spontanément pour des projets politiques. Le tableau est souvent sombre lorsque l'on parle de la jeunesse africaine ».

Ce sombre tableau est aussi celui dépeint par Mbeh Etienne Fleuris. « La jeunesse africaine n’est pas encore mise au centre du débat continental. Cependant, cette jeunesse reste malheureusement la seule parmi celles des autres continents à subir un déséquilibre dans des domaines géographiques. Un paradoxe, une dichotomie entre les bonnes intentions que l'on projette sur elle et la réalité qui veut qu'elle soit dirigée par d’autres identités via les décideurs et autres chefs d'Etat. La question est donc de savoir comment favoriser l'épanouissement d'une jeunesse visiblement orpheline et enchaînée par une classe dirigeante vieillissante, dans le contexte d'une dynamique futuriste, celui de la mondialisation et du numérique ».

Du coup l'avenir s'écrit en pointillé. « La jeunesse aspire à une bonne éducation, des soins de santé appropriés, à un emploi. Ils sont aussi nombreux, ces jeunes Africains qui expriment de plus en plus d’attentes en matière d’engagement citoyen. Mais, ils sont sous-représentés dans la vie politique ce qui, compte tenu de leur poids démographique croissant, constitue une sorte d’anomalie. Si les pouvoirs publics ne s'emploient pas à exploiter le potentiel jeunesse, l'Afrique tournera toujours le dos aux voies du développement », prévient Hugues Seumo, emboîtant le pas au Slamiste guinéen, Théophile Fessa Mano qui déclame « Mon pays va mal, mon continent pas mieux », dans un ouvrage à paraître sur « Jeunes Africains et Caribéens face à l'avenir : entre aspirations, rêves et doutes ».

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