FIFVE: Interview avec Fred Siewé
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Interview avec Fred Siewé. Président de la fédération internationale de football vétéran ( FIFVE)

Qui êtes-vous ?

Je suis Fred Siewe camerou-nais résidant en Allemagne Le football est ma passion et j’ai toujours rêvé d’en faire une industrie. J’ai organisé pendant plu-sieurs années des tournois vétérans dans la ville de Co-logne en Allemagne

Parlez-nous de la FIFVE ?

La FIFVE est avant tout une histoire de passionnés. Nous nous étions habitués à accueillir régulièrement des tournois, à Cologne. Des tournois de vétérans, comme il en existe un cer-tain nombre à l’étranger. Et nous nous sommes dit que ce serait bien de créer une structure permettant de les réunir.

Pour que les organisateurs de tournois dans le besoin sachent tou-jours trouver des équipes participantes, mais aus-si pour penser à tous les anciens footballeurs qui pratiquent avec nous les week-end. Nous avions remarqué qu’un certain nombre d’entre eux avaient du mal à trouver leur place dans les filières de reconver-sion et en créant une plate-forme de contacts, avec des personnes aux compétences différentes, nous pouvions trouver des solutions, une sorte de « know how » pour que ces anciens, qui nous ont fait rêver sur le terrain, aient des solutions en fin de carrière.

Le football est ma passion et j’ai toujours rêvé d’en faire une industrie

Quels sont les objectifs de votre fédération ?

Je pense qu’ils peuvent être réunis dans notre devise, « Football, our Passion ». Si on devait parler d’un objectif principal, ce serait de réunir des passionnés du football. Des personnes qui viennent du football, qui en ont fait leur métier, et des gens qui viennent des autres secteurs professionnels mais qui ai-ment le foot. Nous pouvons ainsi compter des familles entières autour des terrains lors des week-ends que nous organisons. Il y a donc une transmission : entre les générations puisque nous permettons à nos enfants de créer des liens avec leur pays d’origine et leur his-toire, mais aussi sur le plan sportif, puisqu’un jeune qui a la chance de voir un an-cien professionnel apprend toujours à son contact. On permet aux anciens de se revoir, aux parents d’as-pirants au football profes-sionnel d’être rassurés, et nous réfléchissons aux moyens d’apporter notre contribution au football camerounais dans son en-semble.

Nous avons ainsi une conférence théma-tique tous les ans, avec des échanges entre un pla-teau d’invités et un débat avec le public dans la salle. Nous avons eu lors de ces échanges des personnali-tés du sport camerounais telles que Jean-Jacques Mis-sé Missé, Patrick Mboma, l’ancien capitaine Emile Mbouh, Jean-Pierre Fiala ou Élie Epané. Mais également dans notre volonté de don-ner la même importance aux femmes des person-nalités telles que Dorette Eteme Elangué et Adrianne Mambingo. Si on y ajoute les acteurs support que nous avons eus, des équipementiers, des sponsors, on se rend bien compte que nous ras-semblons vraiment ceux qui ont le football en pas-sion.

Depuis quand existent ces tournois ?

Les tournois vétéran existent depuis longtemps sur le continent européen. Mais en ce qui concerne la FIFVE, nous organisons des tour-nois depuis 2016. Le premier tournoi que nous avons fait s’est tenu à Bruxelles avec la participation de douze équipes. Nous avons été en-suite successivement à Düs-seldorf, Liège et Paris. Nous aurions dû être à Berlin cette année, mais la pandémie du Covid a modifié nos plans et nous avons éclaté le tournoi sur cinq sites.


Je dois d’abord avoir une pensée pour tous ceux qui nous ont quitté pendant la pandémie Covid-19. Et la Fifve a perdu l’un de ses membres, qui appar-tenait à l’associa-tion d’Aul-nay-sous-Bois


Quel est le secret de votre succès ? Peut-on déjà parler de suc-cès sans paraître présomp-tueux ?

Disons que modes-tement, nous avons quand même dans le deux-zéro une formidable locomo-tive, puisque c’est un art de vivre en plus d’une simple pratique du football. Et il me semble que ce qui nous permet de passer d’un tour-noi réunissant douze (12) équipes en 2016 à un qui en réunit vingt-quatre (24) trois ans plus tard, c’est la convivialité que nous créons avec chaque participant et chaque équipe. Mais aussi au professionnalisme que nous mettons à l’organisation des rencontres sur le terrain. C’est l’occasion de saluer pour leur dévouement et leur minutie, les membres du bureau directeur du club sportif et de la communi-cation qui donnent de leur temps et de leur argent pour mener à bien nos projets. Notre cahier des charges est digne des plus grandes orga-nisations. Je salue aussi tous nos membres et sympathi-sants.

En bref, en s’adressant à la famille, dans une ambiance conviviale , et l’assurance des conditions de pratique, on a quelques avantages quand les gens veulent faire leur programme. J’écoute beaucoup les conseils de nos aînés qui ont pratiqué ce sport et l’ont aussi dirigé pour pouvoir donner le meilleur de moi-même

Comment se déroulent ces tournois concrètement ?

Comme je le disais, c’est vraiment tout en convivia-lité et fair-play. Encore que, même vétérans, nous res-tons quand même très mar-qués par l’envie de gagner (rires). Les équipes sont ré-unies la veille pour le tirage au sort et doivent arriver sur le terrain une heure avant le début du tournoi pour qu’on vérifie qu’ils sont bien vété-rans, âgés de plus de 35 ans. Les rencontres se déroulent ensuite sur terrain réduit avec une formule champion-nat dans un premier temps et une phase d’élimination di-recte ensuite. Elle débouche sur une finale qui permet de proclamer un vainqueur. Je dois préciser que les villes qui accueillent les tournois sont choisies à la suite d’un appel à candidatures. Un cahier des charges est éta-bli et une commission fait la sélection et annonce la ville d’accueil un an à l’avance. Ce qui lui permet de bien se préparer à nous accueillir et de mettre en place un comi-té local d’organisation avec lequel nous faisons le travail en amont du tournoi.

Quels sont les obsta-cles qui se dressent encore sur votre chemin ?

Il y en a toujours. Mais, je préfère rester sur les choses positives. Voir que nous sommes partis d’une feuille blanche, d’une idée, voire même d’un rêve. Et que nous avons réussi à convaincre des personnes d’en faire leur projet. 8 – La fédération regroupe combien de pays ou de communautés ?Le nombre d’associations membres de la FIFVE aug-mente d’année en année. Et c’est vraiment une grande joie. Nous avons aujourd’hui quarante associations lé-galisées dans cinq pays. Nous comptons en effet des membres en Allemagne, Angleterre, Belgique, Italie et en France. Et nous espé-rons continuer à augmenter les territoires où se joue le deux-zéro.

Quelles ont été les innovations du tournoi de 2020 ?

Je dois d’abord avoir une pensée pour tous ceux qui nous ont quitté pendant la pandémie Covid-19. Et la Fifve a perdu l’un de ses membres, qui appartenait à l’association d’Aulnay-sous-Bois. Cette pandémie nous a obligé à nous réinventer. Dans un premier temps, nous avons décalé d’un an l’édition 2020 qui devait se dérouler à Berlin. Puis au fur et à mesure des déconfine-ments, nous avons étudié la possibilité de faire des tour-nois délocalisés ; pour que les déplacements soient moins importants et que les effec-tifs soient moins nombreux sur le terrain, afin de pou-voir respecter les mesures sanitaires. Nous avons fait le choix de poules de quatre équipes au maximum et cinq sites répartis sur quatre pays (Angleterre, Allemagne, Bel-gique et France). Et pour garantir l’unité du projet, nous avons décidé d’utiliser les technologies que le confinement a mises en avant. Nous avons donc eu un multiplexe en direct sur les réseaux sociaux et repris par certains partenaires. Ce qui permettait de voir ce qui se passait sur tous les sites. Nous avons fait la même chose pour la conférence qui s’est déroulée sous forme de webinaire.

Êtes-vous satisfait du déroulement de l’édition 2020 entachée par la crise de la Covid 19 ?

Disons que globalement, nous sommes satisfaits d’avoir été à la hauteur de cette innovation. Ça nous a permis de garder notre fréquence annuelle et nous avons montré que nous pou-vons jouer en respectant des protocoles sanitaires stricts. Je suis aussi content des hommages que nous avons pu faire à notre grand ca-pitaine Stephen Tataw, et à tous ceux qui nous ont quit-té. Ma satisfaction est alté-rée par la blessure d’un des nôtres, à Londres. Ce sont des choses qui arrivent, mais évidemment, j’aurais préféré que nous n’ayons pas à le dé-plorer. Mais en même temps, j’avoue que Patrick m’a dit que le nombre de messages venant des membres des as-sociations du mouvement l’a surpris. On est une vraie fa-mille désormais.

Avez-vous l’impres-sion que vos événements sont attendus et ren-contrent l’assentiment des participants ?

Après tout ce que je vous ai dit, il serait hypocrite de dire que je ne sais pas. Bien-sûr que nous avons créé un événement au mois d’août, qui est attendu par ses par-ticipants. Je vais vous faire une confidence, notre asso-ciation d’Italie aurait même voulu faire partie de l’édition 2,0 de cette année. Malheu-reusement, les délais étaient courts pour leur sortie des plans Covid et il leur aurait fallu trouver des adversaires ensuite.

Qui finance la FIFVE ?

La FIFVE est essentielle-ment financé pour le mo-ment par ses membres. Les cotisations des associations, les efforts financiers des membres du bureau. Mais aussi beaucoup de béné-voles, qui donnent de leur temps, de leur savoir-faire pour que nos événements soient des réussites. Nous avons eu quelques sponsors, mais nous sommes toujours en recherche de partenaires. C’est vrai que notre exigence est que ce soient des parte-naires sérieux, pas des gens qui viennent faire un coup. Nous avons fait la preuve aujourd’hui que nous avons l’un des événements qui ac-cueille le plus de monde, si ce n’est le plus de monde en diaspora. Et des gens bien installés dans leur pays d’accueil ; des cadres d’en-treprise, des médecins, des ingénieurs, des enseignants. Sans oublier tous les enca-dreurs du sport. Nous avons un public paisible, des pères et mères de famille, qui cé-lèbrent au quotidien, le vivre ensemble.

La FIFVE est essen-tiellement financé pour le moment par ses membres. Les cotisa-tions des associa-tions, les efforts finan-ciers des membres du bureau.

Et l’avenir ... ?

Je pense que le potentiel de développement est très im-portant et que nous pouvons aller encore plus loin. Le mouvement des « deux-zéros » a encore de beaux jours devant lui. C’est une sorte d’art de vivre, une façon camerounaise, afri-caine de vivre le football. Dans l’immédiat, nous allons continuer à innover. Pour 2021, la licence numérique est un objectif et on espère que les conditions sanitaires nous permettront de faire la fête à Berlin. Nous ne nous interdisons désormais rien, pour que le mouvement des 2-0 soit le mieux structuré et pèse le mieux dans nos pays d’accueil. Et ainsi que nous servions le football de nos pays d’origine.

 

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