Mauritanie : les derniers verrous judiciaires sautent pour Bouamatou
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Rentré d’exil il y a deux mois, Mohamed Ould Bouamatou vient définitivement de régler ses comptes avec la justice de son pays. Le riche banquier et plusieurs de ses compatriotes, dont son vice-président Mohamed Ould Debagh, ont bénéficié d’un non-lieu prononcé par un juge d’instruction du tribunal de Nouakchott-Ouest, dans le dossier d'accusation de corruption les impliquant.

Pas de preuves matérialisant les accusations de corruption

Mohamed Ould Bouamatou peut lever les deux mains au ciel. S’il était rentré d’exil le 11 mars dernier, il avait encore un dernier contentieux à régler avec la justice mauritanien. Maintenant c’est fait. Le riche banquier a remporté sa dernière bataille contre l’ancien régime. Le lundi 11 mai, Bouamatou a bénéficié d’un non-lieu du tribunal de Nouakchott-Ouest, dans le dossier d'accusation de corruption le concernant. Cette décision concerne également Mohamed Ould Debagh, le vice-président de son groupe BSA, 17 anciens sénateurs, 2 syndicalistes et 4 journalistes, tous poursuivis pour le même motif. Après trois années d’instruction, le magistrat en charge de l’enquête est parvenu à la conclusion qu’il n'y avait pas de preuves matérialisant les accusations de corruption. D’où le non-lieu.

Me Yezid Bamba Ould Yezid, qui a défendu Mohamed Bouamatou et ses co-accusés « se réjouit d’une décision qui conforte le principe de la présomption d’innocence, en l’absence de preuves. Celle-ci démontre clairement que ces poursuites avaient un caractère purement politique, et étaient dénuées de tout contenu judiciaire ».

Mohamed Ould Bouamatou, bête noire du régime Abdel Aziz

En effet, ces personnalités ont eu le malheur d’avoir contrarié les ambitions politiques de l’ex président mauritanien et cousin de Bouamatou, Mohamed Ould Abdel Aziz. Celui-ci avait organisé au forceps, le 5 août 2017, un référendum constitutionnel qui comportait la suppression du sénat et le changement des symboles nationaux (soit l'hymne et le drapeau mauritanien). Abdel Aziz avait en fait l’intention de briguer un troisième mandat, pourtant interdit par la constitution. Heureusement, il sera dissuadé, de façon voilée, par l’institution militaire.

De son côté, Mohamed Ould Bouamatou avait mis ses ressources au profit des opposants au référendum, qui refusaient de voir l’institution sénatoriale abolie. Le milliardaire mauritanien a également soutenu l'opposition afin de favoriser la démocratie dans son pays. Il était logiquement devenu la bête noire du régime, qui avait lancé un mandat d’arrêt international contre lui en 2017.

Après dix années d’exil, Bouamatou est rentré au pays natal le 11 mars dernier, après que le nouveau pouvoir a abandonné les poursuites judiciaires à son encontre, quelques jours plutôt. Depuis plusieurs mois on sentait venir cette décision, tant le président Ghazouani a multiplié les gestes en faveur d’une détente politique. Il a d’abord fait libérer des activistes et des militants des droits de l’Homme. Le Général a ensuite initié un dialogue national avec l’opposition et réhabilité des « bannis de la République d’Abdel Aziz », dont Bouamatou en décembre 2019.

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