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© Correspondance : Siméon KUISSU
- 27 Feb 2020 10:29:00
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CAMEROUN :: Le pouvoir RDPC face à la perte de son « socle granitique » :: CAMEROON
Les élections couplées, législatives et municipales du 09 février dernier, ont été marquées dans l’ensemble du territoire par une abstention massive, encore plus marquée dans la région du Sud. ATEBA EYENE (paix à son âme) aurait sans doute ajouté cela à sa liste de paradoxes du pays organisateur.
Dans le village même de son président le RDPC a ramassé une déculottée. Donc, les votes RDPC à 100 %, dont on nous a rebattu les oreilles pendant tant d’années étaient des mensonges. Simple bourrage des urnes. La vérité finit toujours par triompher, disait « l’illustre prédécesseur ». Elle a triomphé ; pas une fois ; Mais deux fois. La première fois en octobre 2018, devant la cour constitutionnelle ; le monde entier eut la preuve irréfutable du trucage de l’élection présidentielle longtemps dénoncé par l’opposition.
Le nom d’Alain FOGUE restera pour toujours attaché à cette révélation ; c’est lui qui en effet, pris des mains d’un magistrat de la cour et le montra au monde entier, le seul procès -verbal qui était censé faire foi : il était faux ! Il manquait la signature du représentant du challenger de Paul BIYA pourtant proclamé vainqueur.
Colosse au pied d’argile, le RDPC avait comme dans un rêve pris l’argile pour du granit. Le granit est une roche dure et indestructible tandis que l’argile est friable et se disperse au vent. Voilà que son socle granitique à peine effrité, il est en passe de perdre son autre socle, vraiment granitique celui-là.
Les réponses données à CALIBRI CALIBRO par le président français MACRON, au salon français de l’agriculture, ne présagent rien de bon pour le pouvoir de M. Paul BIYA. Il a dit, je cite : «J’avais dit, je ne veux pas qu’on se voie à Lyon tant qu’un Kamto n’est pas libéré, et il a été libéré parce qu’on a mis la pression. Là la situation est en train de se dégrader. Je vais appeler la semaine prochaine le président Biya et on mettra le maximum de pression pour que cette situation cesse. Je suis totalement au courant et totalement impliqué pour que les violences qui se passent au Cameroun et qui sont totalement intolérables cessent. Je fais le maximum. »
Il a dit bien d’autres choses encore. Cet échange Macron-Calibro était-il vraiment fortuit ? Si Calibri Calibro a su utiliser intelligemment ce moment privilégié pour approcher le président français, comme d’autres, par exemple des agriculteurs, l’ont fait par le passé, on s’étonne de voir le service de sureté autant que le protocole français laisser le commandant de la BAS (Brigade Anti Sardinard) approcher le président de la République dans une foule? On est fondé à penser que le président MACRON a fait là une déclaration forte, soit destiné à Paul Biya pour le mettre en garde parce qu’il est allé trop loin, soit destiné à ses alliés occidentaux qui ont tous condamné les violations des droits de l’homme au Cameroun pendant que la France gardait le silence, soit pour tous. Sauf à se laisser ravaler au rang de démagogue patenté, ses déclarations devraient être suivies d’effets. Du temps de M. Jacques FOCART (le célèbre conseiller aux affaires africaines des présidents français depuis le général De Gaulle) une telle déclaration du président de la République française aurait été suivie du débarquement de « chacals » (au sens de JOHN PERKINS) français à Yaoundé pour déposer le chef d’état qui n’obéit pas. Ce n’est pas ce que veulent les citoyens camerounais. Au demeurant, cette déclaration finit de convaincre ceux qui doutaient encore que les pouvoirs camerounais successifs soient des marionnettes de la France.
L’entourage du chef du RDPC a bien compris la gravité de la situation et tremble devant la perspective de voir s’arracher de l’arbre Cameroun la branche qui les porte. Il s’agite au travers de démentis alambiqués et de manifestations de sicaires payés par eux devant l’ambassade de la France au Cameroun. Peine perdue.
M.MACRON a pris la sage précaution de rappeler aux camerounais qu’il leur appartient de renverser leur dictature. «… Sauf que (dit-il) ce n’est pas la France qui va faire la démocratie au Cameroun à la place des Camerounais ». Mais ils le savent déjà et le montrent depuis des dizaines d’années, singulièrement depuis octobre 2018 désormais marquée d’une pierre blanche comme le moment du nouveau réveil des citoyens camerounais. Wait and see.
Siméon KUISSU
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