Consommation: alerte sur la hausse généralisée des prix sur le marché
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Depuis quelques temps, l’on observe une inflation en catimini des produits de grande consommation. EcoMatin recense ces denrées et services de grande masse qui connaissent des renchérissements : poissons, lait, boissons, internet, transferts Mobile Money, etc.

Le maquereau passe de 1500 à 2000 FCFA

Congelcam, le leader du secteur du poisson, est interpellée par le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana. Dans une note servie à Congelcam le 15 mars 2019, le ministre du Commerce invite le président-directeur général de cette entreprise, à se faire représenter à une réunion de concertation que le ministre va lui-même présider le 20 mars 2019 à Yaoundé. Le sujet qui sera en débat concerne la « flambée des prix du poisson sur le marché ».

En effet, depuis plusieurs semaines, les ménagères ont constaté une hausse du prix du poisson en catimini sur le marché. Le coût par exemple du maquereau, très prisé par les couches peu nanties, a grimpé de 1 500 à 2 000 FCFA dans certaines poissonneries. Congelcam ne s’est pas encore prononcer sur la question. Selon Luc Magloire Mbarga Atangana, cette inflation du prix du poisson peut occasionner des «risques de perturbation de l’ordre social» au Cameroun.

le Cameroun demeure un importateur net de produits halieutiques, notamment de poissons, produit pour lequel les importateurs locaux expatrient officiellement environ 100 milliards de FCFA chaque année.

Les dernières données produites par l’Institut national de la statistique (INS) montrent que les quantités de poissons surgelés importées par le Cameroun en 2017, se situent à 181 678 tonnes pour une valeur de 114,3 milliards FCFA. Les opérateurs impliqués dans l’importation de ces poissons surgelés au Cameroun, s’approvisionnent principalement à hauteur de 50,6% sur le marché africain (Mauritanie, Sénégal), 12,9% en Europe (Irlande) et 19,6% en Asie (Chine).

Selon le ministre camerounais de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia), le Dr Taïga, la production halieutique dans le pays a été constante au cours de la période 2011-2016. Concrètement, souligne-t-il, cette production a atteint 285 000 tonnes en 2016, alors qu’elle culminait à seulement 205 000 tonnes en 2011.

Cette augmentation, que l’on peut attribuer au développement de l’aquaculture, est cependant rendue moins importante par l’emprise des pêcheurs étrangers sur ce secteur, lesquels exportent souvent une bonne partie de leur production, après des opérations de pêche parfois illicites sur les côtes camerounaises. Cette réalité fait en sorte que, malgré son potentiel, le Cameroun demeure un importateur net de produits halieutiques, notamment de poissons, produit pour lequel les importateurs locaux expatrient officiellement environ 100 milliards de FCFA chaque année.

Evoquant les contraintes liées à la production de poisson, le ministre des Pêches fait savoir que la pénurie des ressources halieutiques du fait de la position géographique du Cameroun et de l’absence des courants fertilisateurs, entraînant ainsi une faible disponibilité de la ressource et partant, une affluence relative des investisseurs dans ce secteur d’activités.

Le lait connaît une inflation de 500 FCFA

En faisant un tour dans certains supermarchés, la hausse du prix du lait est sans équivoque. En effet, le sachet de lait de marque « Top Lait » qui coûtait 1300 FCFA en janvier 2019, coûte à date, un montant de 1800 FCFA. Le lait de marque Nido est passé de 2000 à 2200 FCFA, sans explications. Personne au ministère du Commerce n’explique ce qui occasionne cette flambée des prix. Les entreprises, elles-mêmes, ne se donnent pas cette peine. Mais c’est le consommateur qui trinque.

Le déficit de production de lait au Cameroun est d’un peu plus de 120 000 tonnes par an

Peut-être la réponse se trouve au niveau de l’offre et la demande sans que cela ne puisse se justifier au plan légal. De fait, les données disponibles au ministère en charge de l’Elevage (Minepia), montrent une progression dans la production laitière de 7% par an en moyenne depuis 1994. La production locale est estimée à 239 000 tonnes en 2017. Mais, elle stagne. Le déficit de production de lait au Cameroun est d’un peu plus de 120 000 tonnes par an. Parmi les principaux obstacles à l’évolution de la filière laitière, indique le ministère de l’Elevage, figurent la faible performance génétique des vaches, la prévalence des maladies à fort impact sur la production laitière dans certaines zones et l’insuffisante appropriation des innovations technologiques par les producteurs.

Pour remédier à cette situation, des actions ont été engagées dans le cadre du projet de développement de l’élevage, avec l’appui des partenaires au développement. Il s’agit de l’acquisition progressive des géniteurs de races laitières, l’amélioration génétique des races locales. La production des semences animales bovines et la structuration des circuits de distribution de collecte et de distribution du lait.

Le prix des produits brassicoles mousse de 100 FCFA

Le 1er mars dernier, la Société anonyme des brasseries du Cameroun (Sabc), filiale du Groupe Castel, a annoncé la hausse du coût de certaines de ses boissons alcoolisées et non alcoolisées. Ainsi, l’on note par exemple que dans la catégorie des bières, celles dites blondes de 65 CL vendues à 600 FCFA (Castel, 33 Export, Mutzig, Amstel) passent à 650 FCFA. La marque Isenbeck augmente de 700 à 750 FCFA. Idem pour les bières brunes tous formats confondus, sauf la Pelforth 65 CL. L’inflation concerne aussi les alcool-mix tous formats (50 Cl, 30Cl) sauf Booster Rhum Ginger. Dans la catégorie des boissons gazeuses, le prix de la marque Vimto connaît une augmentation de 100 FCFA. Djion et Orangina tous formats connaissent une inflation de 50 FCFA. Idem pour les boissons maltées (Malta, Malta Tonic, etc).

Pour justifier cette hausse de prix, la Sabc explique qu’en dépit des contre-propositions formulées dès le mois de décembre 2018 par la CAPA (Cameroon Alcohol Producers Association) afin d’éviter une augmentation des prix dans un contexte de pouvoir d’achat faible, les dispositions de la loi de finances 2019 sur l’activité ont contraint les Brasseries à revoir à la hausse les prix de la majorité des boissons fabriquées et commercialisées au Cameroun.

« Le Groupe Sabc et les autres membres de CAPA, soucieux de préserver leur modèle socio-économique et sociétal, ne sont en effet plus en mesure d’absorber une charge fiscale supplémentaire face aux enjeux sécuritaires, de commerce illicite et face à une pression fiscale que nous jugeons, déjà depuis quelques temps, excessive », indique une note de la Sabc.

Seulement, les Brasseries du Cameroun ont provoqué une réaction du ministre du Commerce. En effet, mis au courant de la hausse des prix par la Sabc, le ministre Luc Magloire Mbarga Atangana a fait une sortie le 1er mars. Le membre du gouvernement indique qu’à l’issue de la dernière réunion de concertation au sujet de l’augmentation des prix des boissons en décembre 2018, et compte tenu de ce que les sociétés brassicoles n’avaient pas encore déposé leurs propositions de barèmes des prix, il avait été convenu que les nouveaux prix seraient rendus publics suite aux réunions sectorielles et aux dernières concertations techniques.

Y faisant suite, le ministre du Commerce convoque les Syndicats des distributeurs des produits brassicoles, les Associations de défense des droits des consommateurs, la CAPA à une réunion de concertation le mercredi 06 mars 2019 à 10 heures, à Yaoundé. «En attendant, la Brigade nationale des contrôles et de la répression veillera au respect scrupuleux des prix encore en vigueur», maintient Luc Magloire Mbarga Atangana.

les prix de certains produits qui ont été augmentés à hauteur de 100 FCFA, doivent être revus à la baisse de 50 FCFA

Seulement, après avoir suspendu l’augmentation des prix des produits brassicoles décidée récemment par les sociétés Sabc et Guinness, le ministère du Commerce a effectué un rétropédalage. En effet, apprend-on au Mincommerce, les entreprises brassicoles, les associations de protection des droits des consommateurs et les syndicats des exploitants des débits des boissons ont eu, le 12 mars à Yaoundé, une concertation avec le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, pour examiner les barèmes des prix proposés par l’industrie brassicole. Ceci, en application des dispositions de la loi de finances 2019.

«A l’issue des travaux, lesdits barèmes ont été validés et consacrent une augmentation variant de 0 à 50 FCFA au maximum par bouteille.», renseigne le Mincommerce. Les nouvelles grilles de prix feront l’objet d’un affichage dans tous les points de vente à travers le territoire national. Ainsi, les prix de certains produits qui ont été augmentés à hauteur de 100 FCFA, doivent être revus à la baisse de 50 FCFA.

Les coûts du transfert Mobile Money explosent

Dans une correspondance datée du 2 août 2017, Simon Kaldjob, président général de la Fédération des associations des consommateurs des produits et services des télécommunications et TIC (Factics), a saisi Minette Libom Li Likeng, ministre des Postes et télécommunications (Minpostel), pour requérir des sanctions à l’encontre des deux opérateurs de téléphonie mobile.

« J’ai le respectueux honneur de venir auprès de votre haute bienveillance soumettre à votre haute attention notre dénonciation et requête aux fins de sanctions à l’encontre des opérateurs de téléphonie mobile : Orange Cameroun et MTN Cameroon pour violations et mépris des lois de la République et de leurs propres engagements dans la prestation de leurs services Orange Money et MTN Money », écrit Simon Kaldjob.

A titre d’exemple, pour un montant de 15 000 FCFA, il faut prévoir désormais 100 FCFA de frais d’envoi et 400 FCFA pour le retrait

Pour le cas spécifique d’Orange, indique-t-il, cet opérateur a violé l’article 12 des conditions spécifiques du service Orange Money qui dispose que « Orange-Cameroun se réserve le droit de modifier à tout moment les conditions d’Orange Money ou la tarification. En cas de modification, l’utilisateur ‘’consommateur’’ en sera informé au moins trente jours calendaires avant l’entrée en vigueur ».

Or, note le Factics, en date du 31 juillet 2017, Orange à travers un communiqué, a annoncé des réajustements sur la tarification de son service Orange Money prenant effet le 1er août 2017. Et effectivement, le lendemain de l’annonce, l’opérateur des télécoms a revu à la hausse les frais d’envoi et de réception des transferts d’argent. A titre d’exemple, pour un montant de 15 000 FCFA, il faut prévoir désormais 100 FCFA de frais d’envoi et 400 FCFA pour le retrait. Autre exemple, la nouvelle tarification a introduit la tranche de montants allant de 500 FCFA à 3 000 FCFA et donc, il ne sera plus possible de faire des transactions inférieures à 500 FCFA. Enfin, pour les clients non Orange Money, l’envoi est réévalué à 500 FCFA.

Quant à MTN Cameroun, note Simon Kaldjob « les hausses sont similaires et ont été faites sans la moindre information ». « Cette augmentation ne repose sur aucun fondement et ne se justifie pas car le service n’ayant connu aucune amélioration mais aussi, ne respectant pas la réglementation en vigueur au Cameroun », s’indigne le président de la Factics.

Augmentation du coût de l’internet

Les instances parlementaires ont validé le projet de Loi de finances 2019 soumis par le gouvernement, depuis le 16 novembre. Il est donc officiel que des taxes sont appliquées à certains logiciels. « Le téléchargement pour les téléphones ainsi que les tablettes électroniques ou numériques, des applications informatiques produites hors du territoire douanier, destinées à leur propre fonctionnement ou exploitation, sont soumis au paiement des droits et taxes au taux unique forfaitaire de 200 FCFA par application », peut-on lire dans le projet de texte que le gouvernement a soumis aux parlementaires.

Toujours, selon ce texte, ce prélèvement effectué au terme du téléchargement de l’application sera reversé mensuellement par l’opérateur de téléphonie concerné au service des douanes compétent. Les applications téléchargées dans le cadre des franchises prévues par l’article 276 du code des douanes Cemac et ses textes d’application ne sont pas soumises à ce prélèvement. Ces franchises concernent, entre autres, les envois exceptionnels dépourvus de tout caractère commercial, les matériels et produits fournis gratuitement aux Etats membres par les Etats étrangers ou des organismes internationaux, etc.

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