Hôpital central de Yaoundé : Sur les traces des fantômes « séquestrés »
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En plus du démenti du directeur de cette formation hospitalière, aucune des femmes dites détenues pour factures impayées en ces lieux n’est retrouvable.

Des images sont parlantes. Elles montrent des femmes, une dizaine environ amassée dans une salle d’hospitalisation de la maternité de l’Hôpital central de Yaoundé (Hcy). Elles sont assises à même le sol et d’autres sous le lit, allaitant leurs bébés. Dans cette pièce, l’on peut pourtant noter la présence de deux lits non  occupés. Des informations relayées par certains médias et largement partagées sur les réseaux sociaux en fin de semaine dernière font état de ce que les femmes que présentent ces images sont séquestrées depuis cinq mois à l’Hcy pour défaut de paiement des frais de césarienne. Lesquels s’élèvent entre 200.000 Fcfa pour certaines et 300.000 Fcfa pour d’autres.

Des faits bottés en touche par le directeur de l’Hcy, Joseph Pierre Fouda au cours d’un point de presse donné vendredi, 3 août dernier. « Je voudrais relever quelques constations sur ces photos. Les femmes sont assises à même le sol, allaitant les bébés en pleine forme. Il n’y a pas de signes de détresse sur les faces de ces femmes-là. Je voudrais aussi relever qu’il y a deux lits et les deux sont bien dressés. Pour une salle d’une telle promiscuité, comment se fait-il qu’il y ait seulement deux lits et bien dressés, qui dort sur ces lits qui sont par ailleurs vides et la porte de la salle est largement ouverte ? Cela veut dire qu’on peut entrer et sortir », fait observer Joseph Pierre Fouda. Il affirme par ailleurs que « Pour toutes ces constations fausses, dont le but est de montrer le manque de respect de la dignité humaine ne cadre pas avec la réalité, mais plutôt avec une manipulation ».

Le directeur va néanmoins reconnaitre qu’une femme ayant donné naissance à la maternité de l’Hôpital central a été gardée plusieurs jours pour n’avoir pas payé les frais de césarienne. « Nous avons une femme qui a été retenue pour facture impayée mais, elle devait être libérée aujourd’hui (vendredi, 03 août, Ndlr), avoue Joseph Pierre Fouda. Cependant, si la hiérarchie de l’hôpital parle d’une personne qui est retenue, l’on note une guerre des chiffres dans cette affaire. D’autant que, le journal le Messager qui a traité du sujet parle de 13 femmes et 10 bébés contre 10 femmes et leurs enfants dans le journal Le Jour. L’enquête de Mutations qui a voulu aller à la rencontre de ces femmes révèle deux choses.

Factures impayées

Primo, ces femmes sont introuvables. En effet, que ce soit dans les salles d’hospitalisation de l’Hôpital central, ou auprès des confrères qui disent avoir rencontrés les victimes, il n’existe aucune trace des femmes dites séquestrées. « Il s’agit d’un sujet délicat. Ces femmes n’ont pas souhaité nous communiquer leurs contacts.L'information claire et nette.  Nous leur avons donné les nôtres. Mais elles ne nous ont pas relancé », affirme un confrère qui dit avoir échangé avec les victimes. « Rendezvous demain au grand direct de Ris Radio demain (ce lundi, 06 août). J’ai eu le temps d’interviewer deux de ces femmes emprisonnées à l’Hôpital central », annonce dans un forum, un journaliste qui dit avoir fait un enregistrement de sept min. Mais, il affirme n’avoir aucun contact des femmes avec lesquelles il a échangé.

Secundo, l’hôpital a une ardoise des frais considérables de césarienne non payés. « En 2017, le manque à gagner de l’Hcy par rapport aux kits de césarienne était de plus de 12. 753.100 Fcfa, un montant que l’hôpital n’a pas pu recouvrir. Cela veut dire que nous avons opéré toutes ces femmes, nous avons donné tous ces médicaments et ces femmes n’ont pas remboursés. À cela, il faut ajouter les frais de chirurgie, les frais d’anesthésie, de laboratoire et d’imagerie, les frais d’hospitalisation et de la banque de sang. Tout ceci a coûté 32.479.552 Fcfa à notre hôpital et cette année s’annonce encore pire. Depuis le début de l’année, nous avons déjà perdu 7.388.240 Fcfa à la maternité », révèle Joseph Pierre Fouda.

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