Audrey Aboula : Le grand déballage de la dauphine
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Dans un livre, la première dauphine 2016 invite à un périple vers le côté obscur du concours miss Cameroun.

Le 1er janvier 2018, Audrey Aboula surprenait ses plus de 6.000 abonnés Facebook en annonçant la parution d’une œuvre littéraire inattendue : « Ce livre est un don de Dieu car il m’a donné une nouvelle vie. J’y ai mis tout mon cœur, toute mon âme et ma force entière. » Le bouquin est intitulé : « une dauphine dans un monde de requins : mon chemin de croix à la quête de la couronne de miss Cameroun.»

Depuis, la demoiselle de 21 ans assure avec un engouement apparent la promotion de son bébé sur la toile et dans les médias classiques. Mais, que renferment donc les 115 pages  tricotées par Aboula ? C’est le récit d’une Camerounaise, à peine sortie de l’adolescence, qui se passionne très tôt pour les paillettes et flonflons de la mode. « Je les admirais, ces miss de partout dans le monde. Elles étaient belles, jeunes, intelligentes, et elles étaient des modèles pour la jeunesse », avoue Audrey Aboula, des yeux étoilés dans la narration du livre.

En 2015, elle tente l’aventure miss Cameroun une première fois dans sa région d’origine le Centre. Hélas, Audrey échoue lors des qualifications pour la finale nationale. Endurante, elle se fait la promesse de retenter une nouvelle candidature dès la prochaine opportunité. Vœu exaucé en 2016, cette fois à l’Ouest où elle va à l’abordage du titre régional. Elle se justifie : « avoir toutes les chances de mon côté et surtout je voulais avoir une longueur d’avance sur les autres candidates. »

La  chance arrive enfin via une place de 2ième dauphine, suffisante pour accéder à la dernière ligne droite. Avec son corps atypique, jugé trop généreux pour une reine de beauté, elle fait souvent face à diverses sollicitations indécentes, qu’elle repousse, de la gent masculine. Avec l’onction de sa famille, Aboula débute la campagne pour l’élection encadrée par le  Comité d’organisation miss Cameroun (Comica), organisation présidée par Ingrid Amougou. Une expérience loin d’être reposante.

De l’autre côté du miroir : un univers pernicieux

La campagne sur les réseaux sociaux est capitale, révèle Aboula : « Le comité nous avait dit que cette épreuve comptait énormément pour la suite car la  gagnante accédait automatiquement au top 10 lors de la fi- nale. » Elle fait une confidence :  « nous avions la possibilité d’acheter les votes en ligne donc celle qui avaient les  moyens ne s’en privaient pas. » En plus des représentantes des 10 régions, les Camerounaises de la diaspora étaient en lice.

Aboula déplore que ces dernières aient plus de moyens. Le  Comica est accusé de, très souvent, abandonner les filles à gérer seules d’onéreuses logistiques. Peu avant l’élection, elle  fait une étrange rencontre avec un sponsor et la patronne d’une agence de communication : « la dame affirma que de toute façon, la miss était déjà connue et la première dauphine aussi et que nous autres on devait compétir juste pour les places de deuxième dauphine et autre. »

Coup dur mais elle s’accroche jusqu’à la finale au palais des congrès où un désordre monstre règnerait dans les coulisses. Elle livre cette anecdote : « l’un des coordonnateurs  nous exigea de remettre les maillots de bains. Comment pouvaient-ils reprendre des maillots de bains que d’autres filles avaient portés. Pour en faire quoi ? Les revendre ? Les  donner à d’autres filles ? Et l’hygiène dans tout ça ? » Surprise, Aboula est toutefois élue première dauphine, derrière la miss Julie Cheugueu qui démissionnera quelques mois plus tard après une brouille avec Ingrid Amougou : « la présidente non plus ne semblait pas très contente de par sa manière de me prendre la main pour me conduire sur la scène. »

Aboula dit que le Comica ponctionne les sommes reçues par les miss sur la base de contrats signés à la va-vite. Par exemple : « tout ce que la miss et ses dauphines recevaient  comme cadeaux, une partie devait être remise au comité. Si  c’était une somme d’argent, la  miss Cameroun et ses dauphines devaient reverser d’abord 20% de la somme, ensuite 50% de la somme restante comme caution. » Après plusieurs incidents, les rapports entre Aboula et la présidente se tendent définitivement : « Selon elle, nous n’étions que de petites pauvres et parvenues qui n’avaient jamais rêvé d’être miss même au fond de nos villages. J’avais eu droit à des noms comme serpent à deux têtes et d’autres noms d’oiseaux (...)

Quelle idée pour une femme qui avait presque l’âge  de ma grand-mère et que je respectais, se comparer à une fille de mon âge. Je respectais énormément cette femme et je ne lui  avais jamais manqué de respect. » Audrey Aboula renonce finalement à sa couronne le 26 novembre 2016.

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