Élevage : Le malaise persiste après la grippe aviaire de 2016
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Les responsables de l’Interprofession regrettent le non-respect de certains engagements du gouvernement. Ce qui est à l’origine d’énormes pertes pour la filière.

Le gouvernement n’a pas respecté ses promesses après la résurgence de la grippe aviaire en mai 2016 au Cameroun. A côté des mesures de sensibilisation, de formation et certaines actions préventives, l’Etat s’était engagé à la fourniture des intrants aux aviculteurs. A ce titre, en octobre 2016, et en prélude aux fêtes de fin d’année, le gouvernement, notamment les ministères de l’Elevage, des pêches et des industries animales et celui de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire avait promis un stock de « 3 500 tonnes de maïs pour la production de l’aliment ».

Selon François Djonou, de l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic), cet engagement de l’Etat n’a pas été respecté. Le marché n’a été approvisionné en poulet que par la force de l’importation de 2 milliards de poussins. Et, avec les efforts des éleveurs dans plusieurs bassins de production, les fêtes d’année 2016 se sont déroulées sans grandes pénuries sur les marchés camerounais. « Cette abondance se poursuit au début du premier trimestre 2017 » rassure François Djonou.

Pour le responsable de l’Ipavic, joint au téléphone hier à partir de la région de l’Ouest, le plus grand bassin de production du pays, il affirme que cette abondance est la conséquence du prolongement des délais de production dans les fermes. Au lieu des poulets de 45 jours, les fermes camerounaises ont aujourd’hui des poulets de 90 jours, voire plus. « Les fermes étant pleines, on observe aussi des ventes à perte » explique le responsable de l’Ipavic. L’éleveur perd de l’argent dans l’alimentation des poulets principalement.

Spéculation au niveau des prix

De plus, avec la situation de la restriction du circuit d’écoulement de la production, les éleveurs sont victimes de la spéculation des revendeurs, regrette François Djonou. Exemple à l’appui, il affirme avoir environ 32 000 têtes de poulets. Après décembre 2016, le coût de production d’un poulet est de 3 200 FCFA. Et pourtant, les revendeurs sont sur le terrain pour acheter le poulet dans les fermes à 2 000 FCFA. Dans ce flou qui échappe à une harmonisation des prix, à Yaoundé, les ménagères sont aussi victimes de spéculation.

Les poulets d’environ 2,5 Kg sont proposés à 4 500 FCFA. La surabondance des poulets de plus de 45 jours dans les fermes vient aussi modifier le cycle de production expérimenté dans les fermes camerounaises. « Au Cameroun, il est possible de produire des poulets de 2 kg en 35 jours maxi » explique le responsable de l’Ipavic. A ces problèmes de surabondance de poulets de 90 jours, dont de surcoût en termes d’alimentation, la filière avicole est aussi victime de la fermeture de certains marchés comme l’Angola ou le Soudan.

Même l’interconnexion sur le plan interne n’est pas encore une réalité après la grippe aviaire de 2016. En effet, la région du Littoral qui assure la production du poussin n’est pas encore totalement en connexion avec la région du Centre qui représente 40% de la consommation du poulet de chair au Cameroun. L’Ouest aussi n’écoule pas véritablement sa production dans la région du Centre dans un circuit normal. La situation des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis le début du 4ème trimestre 2016 n’est pas sans conséquence.

Au regard de cette situation, l’Ipavic appelle l’Etat à faire attention à la filière avicole. Il s’agit d’un segment porteur de croissance économique. Selon les informations sur le site CamAgro, la plateforme numérique du gouvernement dédiée au secteur agropastoral, l’on apprend que les déficits de poulets se chiffraient à 40 000 tonnes en 2015 avec une tendance sans cesse croissante de la demande. Suivant cette même source gouvernementale, il est établi que la filière avicole contribue à hauteur de 1% du PIB à raison de 15 milliards FCFA. La filière participe à couvrir près de 14% des besoins de la population en protéines animales. Selon les estimations, pour satisfaire la population au sortir de 2015, il fallait 98 000 tonnes avec un apport supplémentaire de 24 millions de volaille sur pied.

Le déficit se creuse donc progressivement puisqu’en 2014, lors de l’organisation de la première édition du Salon avicole international de Yaoundé, le secrétaire général de l’Ipavic soulignait que le pays produisait 120 000 tonnes d’œufs et plus de 70 000 tonnes de volailles. Des résultats qui ont connu une baisse sensible depuis le 23 mai 2016, repère de résurgence de la grippe aviaire, les chiffres non exhaustifs montraient que l’épizootie de grippe aviaire se retrouvait dans 25 foyers avec pour conséquence près de 54 000 volailles abattues dans les fermes infectées sans une compensation significative de l’Etat.

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