Douane : Les ravages de la contrebande et de la fraude
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Pendant trois semaines, une équipe de la douane, équipée d’un scanner mobile, s’est positionnée entre Ebolowa et Kye Ossi et à Mbankomo. Le résultat fait froid dans le dos.

Le nom de l’opération ne payait pas de mine pour les habitués aux entourloupes douanières. Halcomi : Halte au commerce illicite. Mais les résultats obtenus font froid dans le dos tant ils révèlent l’étendue de la fraude et de la contrebande qui sévit sur l’espace économique camerounais, notamment dans les postes frontières que sont le port de Douala et Kye Ossi, dernière ville camerounaise avant le Gabon et la Guinée Equatoriale.

Prenant de la distance avec les scanners du port de Douala, dont de nouveaux ont été installés en grande pompe en présence du ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey, la direction générale des Douanes a mis sur pied une action ponctuelle d’inspection de conteneurs. L’opération a été menée pendant trois semaines, du 16 août au 7 septembre, en collaboration avec le cabinet TransAtlantic Business Consulting et faisant intervenir le scanner mobile ZBV (Z Backsatter Van), technologie américaine à haute performance.

La première descente sur le terrain de l’équipe conjointe a eu lieu à Meyo centre, entre Ebolowa, capitale de la Région du Sud, et Kye Ossi ville frontalière, dans le but évident de surprendre les importations provenant de la Guinée Equatoriale et du Gabon avec « pour objectif principal de lutter contre la contrebande et la contrefaçon. » Le mode opératoire consiste en l’inspection filtrage des cargaisons. Le mercredi 17 septembre, le premier conteneur tombe dans les fourches caudines de l’équipe dirigée par le capitaine Eyengono. Le conducteur du camion a déclaré transporter des pneus d’occasion.

« Après inspection  radioscopique, les résultats révèlent qu’en dehors des pneus, le contenu de la cargaison est composé d’alvéoles d’oeufs et de médicaments contrefaits et interdits », note le rapport de la mission. Dans la liste des médicaments, on trouve ces cartons entiers d’"Ibuprofène", de "Métronidazole", "Paludic", "Nistatine", "Super apeti" et diverses autres marques de médicaments contrefaits. Il y a même des emballages vides, manifestement destinés à recevoir des plaquettes de comprimés et de grosses boites pleines de pilules. On les retrouvera ensuite en vente libre dans le commerce des médicaments de la rue ou dans les centres de santé illégaux qui essaiment nos villes.

Au bout de cette journée du 17 septembre, plusieurs dizaines de voitures jugées suspectes vont subir l’inspection de la douane, muni du redoutable ZBV, capable de détecter la nature de chaque produit présent dans un conteneur. Deux véhicules vont particulièrement marquer les inspecteurs. Un premier contenant des poulets congelés, alors que ce produit est interdit d’importation au Cameroun. 25 cartons seront répertoriés. Et le second avec des cartons de bière, de spiritueux et de vin non déclarés. Les bières en cause sont celles d’une célèbre marque vendue sous licence au Cameroun par la SABC.

D’après les confidences de l’équipe d’inspection,  les Brasseries du Cameroun ont manifesté leur reconnaissance à la douane pour ce travail. Le deuxième jour de travail sera moins productif, mais une voiture de tourisme sera saisie avec 25 cartons de poulet congelé, qui seront détruits par les services de la douane d’Ebolowa. « Les contrebandiers ont été informés de notre présence et beaucoup ont garé leurs camions. Ils attendent qu’on s’en aille », confie un membre de l’équipe. Il fait nuit, il faut partir.

Cette opération n'est pas sans risque pour ceux qui la mènent. Le poisson connaissant déjà l’hameçon à Meyo centre, la mission mobile de la douane va se rendre à Mbankomo, pour surprendre les conteneurs ayant glissé entre les mailles du filet au port de Douala. L’effet de surprise sera dilué par une mauvaise préparation du dispositif sur place, les transporteurs ayant eu le temps de lancer une alerte dans leur milieu.

Mais ici aussi, l’interprétation des images fournies par le scanner mobile SBV est en contradiction avec la déclaration qui accompagne la cargaison. Des fouilles ont donc eu lieu. Un conteneur qui déclarait quelques effets personnels sans grande valeur transportait en réalités des voitures, des motos et de la brocante. Un autre conteneur transportait 200 cartons de Heineken et du whisky en sachet avec une fausse déclaration.

L’équipe d’inspection a été ahuri par un cas, celui d’un conteneur dont la déclaration n’avait rien à voir avec le contenu saisi par le scan. Mais un membre de l’équipe de la direction générale des douanes prétendra l’escorter jusqu’à Yaoundé qui était la destination finale sous le prétexte que la cargaison appartient à une grande personnalité du pays. En résumé, plus de 50% des infractions sont de fausses déclarations ou des biens non déclarés. Sont régulièrement dissimulés, des poulets congelés, des cigarettes, des produits cosmétiques, des huiles de moteur, de l’alcool, des boissons et des médicaments.

La mission a aussi noté du trafic d’influence de certains transporteurs. En seulement trois semaines, la douane a pu mesurer l’étendue de l’activité illicite qui échappe à ses services postés à la frontière avec la Guinée Equatoriale et le Gabon, mais aussi au port de Douala, où existe pourtant un scanner de la SGS. L’estimation financière de cette fuite de recettes budgétaires n’a pas encore été faite.

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