Lutte contre Boko Haram - Fotokol : ville martyr
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Une cinquantaine d’habitants de cette ville frontalière du Nigeria ont été tués par des terroristes hier. Six militaires aussi, ainsi que des dizaines d’assaillants.

Le 04 février 2015 est une journée qui sera gravée en lettres de sang dans l’histoire du Cameroun. A en croire des militaires engagés à Fotokol,  il y aurait eu une cinquantaine de morts parmi les populations de Fotokol. Aux alentours de 4h hier matin à Fotokol, des assaillants ont surgi telles des ombres à la grande mosquée de la ville frontalière du Nigeria. Ces terroristes se sont attaqués aux fidèles présents. Ils ont immolé une trentaine de fidèle, dont l’imam avant de mettre le feu à l’édifice. Ils se sont aussi attaqués à des habitations dont ils ont lâchement égorgé les habitants avant d’y mettre le feu. Là, nos sources parlent d’une vingtaine de personnes assassinées.

Presqu’au même moment d’autres assaillants se sont attaqués aux forces de défense camerounaises stationnées dans la ville. Six militaires dont trois soldats du bataillon blindé de reconnaissance (Bbr), deux du Bir et un du 41ème bataillon d’infanterie motorisée ont aussi été assassinés, quatre autres militaires ont été blessés. Des dizaines d’assaillants, plus de 200 selon des sources sécuritaires ont été abattus. Seulement, d’autres sources chiffrent le bilan des exactions des terroristes à plus de 300 morts civils à Fotokol. A l’heure où nous allions sous presse, aucune source officielle ne s’est curieusement prononcée sur ce qui de toutes les façons va rester un massacre.

Les terroristes étaient venus par centaines. Selon nos informations, ils sont arrivés de nuit. « Ils ne sont en tout cas pas arrivés par le pont », rassure un militaire. Ils auraient traversé le fleuve Al Beid actuellement à sec qui sépare le Cameroun du Nigéria. Ils se sont faufilés au gré de la pénombre pour surprendre les populations et les militaires. Ils se sont emparés du piquet de garde au poste avancé qui défend l’accès au pont sur le fleuve Al Beid qui relie les villes de Fotokol et Gambarou. Ils ont surgi et ont dominé par leur surnombre les hommes de garde. Les combats ont été engagés. Des renforts de l’armée camerounaise sont venus à la rescousse. Certains combattants tchadiens qui étaient partis pour Gambarou sont aussi revenus sur leurs pas. Ce sont toutes ces forces qui sont parvenues à mettre en débandade les terroristes qui avaient sans doute l’intention d’occuper Fotokol.

Boko Haram caresse le rêve d’investir cette ville stratégique depuis le mois d’août 2014. Boko Haram sait que Fotokol, tout comme Amchidé sont les seules portes que le Nord-Est du Nigeria a sur l’Afrique centrale et le Tchad d’où il peut espérer du ravitaillement. Les forces de défense camerounaises, y ont aménagé des postes avancés inexpugnables. Les militaires camerounais leur ont même interdit l’accès au pont. Mais, les terroristes ne se sont jamais résolus à lâcher prise. Ils ont depuis cinq mois harcelé chaque jour la ville de  Fotokol en y tirant des obus. Ils y ont même introduit des engins explosifs improvisés, en vain. Depuis l’arrivée des forces tchadiennes dans le cadre de l’opération Logone 2015, la situation s’est dégradée. Les forces coalisées ont intensifié leur harcèlement sur Gambarou. Les artilleries lourdes camerounaise et tchadienne ont pilonné Gambarou à partir de Fotokol tandis que l’aviation nigériane les harcelait en territoire nigérian.

Les Boko Haram en retour ont intensifié leurs tirs d’obus sur Fotokol. Mardi après midi, les troupes tchadiennes ont décidé de faire route sur Gambarou. Elles ont jugé que les défenses des terroristes étaient suffisamment affaiblies pour qu’elles lancent un assaut terrestre, but de la campagne de tirs. Les troupes tchadiennes ont franchi le fleuve et leur état-major a fait un communiqué mardi soir « L’état-major général des Armées porte à la connaissance de l’opinion nationale et internationale ce qui suit : Ce jour 03 février 2015, la position de nos forces basées le long de la frontière Cameroun/Nigéria a été une nouvelle fois, attaquée par les Boko-Haram aux environs de 5h du matin. Fortes de leur détermination, nos vaillantes forces ont rigoureusement riposté. Une poursuite fut aussitôt engagée jusqu’à leur base de Gambarou et de Ngala d’où, ils furent complètement anéantis. »

Visiblement, les terroristes se sont joués des forces tchadiennes. Après avoir repoussé plusieurs assauts des commandos tchadiens, ils les ont attirés à l’intérieur de Gambarou feignant d’être « anéantis » et les ont contournés en espérant les prendre à revers. Le bilan que le communiqué fait des affrontements à Gambarou est éloquent de la candeur des militaires tchadiens. « Côté ennemi : plus de 200 morts, matériels récupérés ou détruits ; une dizaine de véhicules équipés d’armes lourdes et des centaines de motos détruits. Un canon de 105 mm sans recul récupéré », disent-ils. Des guerriers d’une telle réputation ont-ils cru que seuls 200 terroristes ont pu tenir Gambarou tout ce temps ? Des militaires tchadiens selon le site Al Widdha info ont avoué que les Boko haram ,« ont joué de ruse en  contournant les positions de l’armée tchadienne et en attaquant, non pas frontalement, mais de dos ».

© Le Jour : Aziz Salatou

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