Le boycott au menu de la campagne
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Curiosité. Au lieu de défendre leurs programmes, de nombreux candidats au double scrutin du 9 février prochain sont en guerre contre le boycott des élections.

A l’ouverture de la campagne électorale, samedi dernier à l’Ouest, la plupart des chefs de délégations se sont contentés de présenter aux électeurs les listes des candidats sur des affiches en quadrichromie, en insistant sur le fait qu’ils doivent faire un bon score.

Dans le Ndé, où le Rdpc n’a pratiquement pas d’adversaire et où tous les candidats sont déjà assurés d’être élus, le maître-mot, c’est le taux de participation. Selon ces indications, Jean Claude Feutheu et Jacqueline Rêve Tchagna aux législatives, Jonas Kouamouo, Dieudonné Bankoué, Eugène Yota et Frédréric Djeuhon, têtes de listes aux municipales, sont moins attendus sur leurs programmes politiques que leur capacité de mobilisation.

Dans les rangs, il y en a qui se comportent comme s’il y avait une honte à réussir sans combattre, surtout que de gros moyens semblaient avoir été mobilisés pour la campagne.

Dans la circonscription des Hauts Plateaux, le défi majeur sera de faire voter les jeunes. Bluff ou réalité, leur leader proclamé, Bernard Fongang a été écarté de la course à l’hémicycle, au bénéfice des caciques du parti des flammes. Des journaux proches du médiatique homme d’affaires de Batié avaient titré qu’il était le choix du comité central et il va falloir maintenant son mot pour que les jeunes, maintenus en basse-cour, s’impliquent dans le jeu, malgré l’absence du Mrc.

A l’Ouest en particulier, la décision du parti de Maurice Kamto de ne pas aller aux élections aurait dû être célébrée par ses adversaires, tant il faisait peur. On l’accusait ouvertement de fragiliser l’opposition.

Mais le boycott annoncé a plutôt inauguré une nouvelle forme de campagne. Au lieu de rallier les électeurs à leur cause, les états majors adverses passent leur temps à pérorer sur l’antipatriotisme des boycotteurs.

Des cadres du Sdf comme Charlie Tchikanda, Florent Tchangop, Pierre Sukam en ont fait un fond de commerce sur les réseaux sociaux. Personne ne parle à un meeting du Rdpc sans évoquer ces « ennemis de la nation » qui ne vont pas aux élections.

Traîtres contre antipatriotes

En face, les activistes du Mrc ne se laissent pas conter. Les images d’Hilaire Kamga, candidat de l’offre Orange dans le Koung Khi, Jean Michel Nintcheu du Sdf Littoral et quelques autres, considérés comme des « traitres à la libération nationale » sont attaquées. « Le boycott est un choix démocratique que je respecte. Mais faire la contre-campagne est malsain et anti-démocratique et lâche.

En définitive, faire la contre-campagne contre des combattants et des opposants n'a pour seul objectif que d'aider le parti au Pouvoir. Je m'interroge donc... Mais je m'interdis de répondre à ce jeu là», s’est énervé le porte-étendard de l’orangisme sur sa page Facebook, samedi 25 janvier 2020. « En d'autres termes, interdiction formelle de conscientiser ?

Boycotte et ferme-la en somme ?

Non Combattant! Ce n'est pas toi qui va restreindre ma liberté d'expression, pas toi un défenseur des libertés, non. Ta démarche est un droit mais tu n'as pas le droit de m'interdire de m'exprimer pour dire à qui veut m'entendre que ces élections il faut les boycotter! Elles sont fausses et tu le sais mieux que quiconque, d'ailleurs tu l'enseignes !
Et on ne saurait avoir pour seul argument pour aller à des élections fausses le fait que ceux qui appellent au boycott ont participé aux élections précédentes ! C'est un peu léger de mon point de vue ! Et tu n'es pas léger Dr Kamga », réagit Roland Dieuwou.

La confrontation est-elle imminente ? La veille de la clôture des candidatures, Maurice Kamto avait surpris le landernau politique, en annonçant que le Mrc n’ira pas aux élections.

Deux jours après, le Sdf par la voix de Joshua Osih et le Pcrn de Cabral Libii avaient émis de sérieuses réserves sur la sincérité du scrutin programmé. « Des maires, majoritairement élus du parti au pouvoir Rdpc, des sous-préfets, des chefs de centre des impôts, des responsables du Trésor, tous les signataires des pièces des
dossiers des candidats ont mis en marche un processus de fraude pré-électorale, visant tout simplement à faire éliminer des candidats de l’opposition », expliquait ce dernier au cours d’une conférence de presse. Ils ont fini par s’y rendre, alors qu’aucune de leurs exigences n’a été prise en compte, ce qui a semé le doute dans de nombreux esprits.

Dans le Sdf, qui souffre le plus de la menace sécessionniste et de l’enlèvement de ses candidats, des cadres l’ont décrié, avant de se ranger, par discipline idéologique. « Nous ne pouvons pas marcher sur des cadavres pour aller au parlement », disaient-ils alors.

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