Déplacé camerounais : “Je dors dans les agences de voyages parce que j’ai perdu toute ma famille"
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Déplacé camerounais : “Je dors dans les agences de voyages parce que j’ai perdu toute ma famille" :: CAMEROON

La crise anglophone a jeté sur les routes près de 200.000 personnes, selon les estimations des Nations unies. Parmi eux, des milliers sont venus s’installer dans la ville de Yaoundé.

Obili, un quartier populaire de la ville de Yaoundé. Sa spécificité est qu’il abrite la plus forte communauté de populations en provenance du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Clément Fai est mécanicien, il y réside depuis de nombreuses années et fait partie de ceux qui subissent les conséquences de la crise dans la partie anglophone du Cameroun.

Il accueille, dans sa petite maison à Obili, ses frères, ses sœurs et leurs enfants qui ont fui la guerre à Bamenda, dans le Nord-Ouest.

Mécanicien, Clément ne parvenait déjà pas à joindre les deux bouts. Aujourd’hui, sa situation s’est empirée.

“Ce n’est pas facile. Les femmes sont à la maison, il y a ma grande sœur qui est enseignante, elle a fui avec ses enfants qui fréquentaient un établissement chez nous à Bamenda. Tout le monde est ici. Les hommes sortent quand même avec moi, pour qu’on se débrouille ensemble. Les femmes restent à la maison”, constate le mécanicien avec désolation.

John, quant à lui, a perdu toute sa famille. Il n’a pas eu la chance de trouver une famille d’accueil depuis son arrivée à Yaoundé il y a cinq mois. Il est donc obligé de dormir dans la rue.

“Je dors dans les agences de voyage parce-que j’ai perdu toute ma famille. Je ne peux plus y retourner.”

Un flux important de déplacés

Depuis 2015, on enregistre un nombre important de déplacés dans les grandes métropoles camerounaises. La situation socio-économique se dégrade de plus en plus.

Morgan Palmer, expert en gestion de crise, estime que c’est une situation qui surprend le gouvernement.

“Il y a un contexte qui est qu’aujourd’hui le Cameroun a plusieurs conflits au sein de son territoire. On a Boko Haram à l’extrême nord, la République centrafricaine qui menace notre frontière à l’est. Le gouvernement n’avait pas forcément prévu ce qui est en train de se passer au Nord-Ouest et au Sud-Ouest.”

L’expert en gestion de crise ajoute que “pour un pays dans un contexte de récession économique, supporter tout cela a un vrai coup. Je pense qu’il ne faut pas être trop sévère, on a un gouvernement qui a été pris de court par tout ce qui se passe. Évidemment, trouver des solutions, ça demande un peu de temps.”

A côté des multiples organisations internationales qui se déploient pour la prise en charge de ces déplacés internes se trouve en bonne place le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui annonce un grand déploiement sur le terrain dans les jours à venir.

Le but sera de recenser le nombre de déplacés internes puis de répondre à leurs besoins et améliorer les conditions d’existence de ces personnes victimes de la guerre dans les régions Nord-Ouest et Sud-Ouest du Cameroun.

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