Madagascar aux urnes pour une présidentielle dominée par des anciens chefs de l'Etat
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Madagascar aux urnes pour une présidentielle dominée par des anciens chefs de l'Etat

Près de 10 millions de Malgaches sont appelés aux urnes mercredi pour le premier tour de la présidentielle, une élection à suspense dominée par trois ex-chefs de l'Etat au coeur des crises politiques qui ont secoué la Grande Ile ces dernières années.

Le scrutin marque le retour des "revenants", les ex-présidents Marc Ravalomanana (2002-2009) et Andry Rajoelina (2009-2014), interdits par la communauté internationale de se présenter en 2013 après les violences politiques de 2009 qui avaient fait une centaine de morts.

Les manifestations avaient débouché sur un coup d'Etat, ainsi que l'a qualifié la communauté internationale, et l'armée avait confié le pouvoir à l'opposant Andry Rajoelina.

Le combat entre ces deux frères ennemis se transpose cette année dans les urnes, où ils affronteront 34 autres candidats, dont l'ex-président Hery Rajaonarimampianina (2013-2018), qui complète le trio des principaux prétendants.

Le président malgache Hery Rajaonarimampianina, à gauche, et le Premier ministre Christian Ntsay, à droite, assistent à l'annonce du nouveau gouvernement au palais présidentiel d'Iavoloha, à Antananarivo, le 11 juin 2018.

Tous ont fait une démonstration de force ce week-end dans la capitale, Antananarivo, en remplissant chacun des stades de plusieurs dizaines de milliers de personnes. De véritables marées humaines aux couleurs des candidats, qui ont distribué des tee-shirts dans tout le pays.

La campagne a été pacifique dans ce pays à l'histoire politique mouvementée.

Comme ses deux prédécesseurs, Hery Rajaonarimampianina n'a pas lui non plus échappé à la tourmente. Une fronde de l'opposition, qui a fait deux morts en avril, l'a contraint à nommer un gouvernement d'union nationale.

"Le grand risque de cette élection est qu'on revienne à une période de crise aigüe", explique à l'AFP Sahondra Rabenarivo (Observatoire malgache de la vie publique). "Il est très important que les résultats soient crédibles et que le troisième accepte" de ne pas figurer au second tour.

Marc Ravalomanana, un millionnaire de 68 ans, a déjà donné le ton. "J'accepterai ma défaite mais à condition qu'il n'y ait eu ni corruption, ni trucage".

Malnutrition

A Madagascar, où les trois quarts de la population vivent avec moins de 1,90 dollar par jour, les électeurs aspirent à vivre décemment et en sécurité.

"Moi je suis pauvre. Ce que je mange, je le cherche pendant la journée et je n'ai rien pour le lendemain", explique Codelette, une mère de famille furieuse de la récente augmentation du prix du riz, l'aliment de base.

Dans cette île de l'océan Indien, près de la moitié des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique, selon le Programme alimentaire mondial. Dans le sud où la situation nutritionnelle est "alarmante", selon le PAM, faute de pluies suffisantes, des familles en sont amenées à vendre leurs maigres effets personnels pour se nourrir.

Un homme suspendu à un poteau d'électricité alors qu'il observe les partisans du candidat à la présidentielle malgache Andry Rajoelina, qui se dirige vers un rassemblement à Tuléar, le 4 novembre 2018.

Les candidats, qui ont déployé pendant la campagne des moyens jugés "indécents" par l'ONG Transparency International, ont fait du développement leur priorité affichée.

Mais les observateurs dénoncent des promesses sans financement.

"Nous avons beaucoup de ressources naturelles qui ont été mal exploitées. Si on régule tout ça, je pense qu'on va développer Madagascar en très peu de temps", a assuré à l'AFP M. Rajoelina.

'En colère'

Celui que l'on surnomme "le petit gamin" à cause de son âge - 44 ans - peut compter sur le vote d'une partie des classes populaires et de la jeunesse qui se déhanche sur sa chanson de campagne.

"Si vous avez faim, la solution c'est le numéro 13", celui d'Andry Rajoelina sur le bulletin de vote.

Marc Ravalomanana, perçu comme le candidat de l'intelligentsia, a multiplié les engagements.

"Quand Papa (son surnom) sera élu, vous aurez ce que vous voulez", a-t-il assuré en brandissant des tablettes électroniques et des cartables qu'il compte distribuer aux élèves.

Hery Rajaonarimampianina demande, lui, plus de temps pour "consolider le développement". "Après 50 ans de pauvreté, on ne peut pas tout corriger en cinq ans", a-t-il expliqué à l'AFP.

Lutte contre la précarité et la pauvreté à Madagascar, priorité des électeurs, le 23 février 2013.

Face aux favoris, soutenus par des chaînes de télévision et des radios, les 33 autres candidats ont eu du mal à exister.

Mais Marie Albert Razafiniaina, 42 ans, donnera sa voix à l'un des outsiders: "la population en a marre de ces trois candidats. Ils ont été au pouvoir mais sans résultat".

Honoré Dégorgé, pêcheur "en colère", ne se rendra pas aux urnes. "Personne n'a réussi à résoudre nos problèmes et les présidents s'enrichissent".

Madagascar figure au 155e rang sur 180 au classement de la perception de la corruption de Transparency International.

Les bureaux de vote ouvrent mercredi à 06H00 (03H00 GMT) et ferment à 17 heures (14 heures GMT). Si aucun candidat n'obtient 50% des suffrages, un second tour est prévu le 19 décembre.

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