Relaxe pour deux jeunes filles accusées d'homosexualité
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Les jeunes mineures, âgées de 16 et 17 ans, risquaient de six mois à trois ans d'emprisonnement, l'homosexualité étant illégale dans ce pays.

Elles s'étaient embrassées et enlacées sur un toit à Marrakech. Deux mineures, poursuivies par la justice marocaine pour homosexualité, ont été relaxées ce vendredi, a annoncé l'un de leur avocat. Les jeunes filles, âgées respectivement de 16 et 17 ans, ont été remises à leurs parents sans aucune condamnation. Les deux adolescentes avaient été arrêtées le 28 octobre après avoir été dénoncées par l'une des deux familles. Détenues pendant une semaine, elles avaient ensuite été remises en liberté provisoire.

Lors du procès, les deux accusées ont nié leur relation. «Les familles des deux jeunes filles ont même pris le petit-déjeuner ensemble», avait expliqué l'un des avocats Youssef Chehbi. Ce dernier espérait un «blâme ou un avertissement de la part du juge car tout le monde était témoin de l'absurdité de la situation.»

Au Maroc, la nouvelle constitution de 2011 engage le royaume à «bannir et combattre toute discrimination à l'encontre de quiconque, en raison du sexe, de la couleur, des croyances, de la culture, de l'origine sociale ou régionale, de la langue, du handicap ou de quelque circonstance personnelle que ce soit.» Néanmoins, l'homosexualité reste illégale. Les mineures étaient ainsi poursuivies en vertu de l'article 489 du Code pénal qui criminalise «les actes licencieux ou contre nature avec un individu du même sexe». Elles risquaient de six mois à trois ans d'emprisonnement et une amende de 120 à 1200 dirhams (environ 112 euros).
«Battues et privées de nourriture»

Les arrestations pour homosexualité sont monnaie courante au Maroc. Mais c'est la première fois qu'un cas impliquant des femmes homosexuelles (et non des hommes), qui plus est mineures, défraie ainsi la chronique. «Nous espérons que ce verdict représente la fin d'une épreuve que ces deux adolescentes n'auraient jamais dû subir», a réagi Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen Orient et l'Afrique du Nord de l'ONG Human rights watch (HRW). «Cette affaire démontre à nouveau pourquoi les autorités marocaines devraient abolir l'article 489 du Code pénal, qui criminalise les actes homosexuels. Quand une personne risque d'être arrêtée et poursuivie uniquement en raison de son orientation sexuelle présumée, tout Marocain devrait se sentir préoccupé», a-t-elle ajouté.

Le collectif Aswat, association contre la discrimination basée sur le genre et la sexualité, a également appelé à l'abrogation de l'article 489, sur les réseaux sociaux.

Une vingtaine d'associations et de collectifs, dont l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH), avaient condamné leur arrestation, ainsi que «les mauvaises conditions (de détention) et les mauvais traitements durant toutes les étapes de l'affaire». Les jeunes filles ont été «sévèrement battues par certains membres de leur famille avant d'être remises à la police, et ont été privées de nourriture pendant trois jours.

L'une d'entre elles a été forcée à signer le rapport de police sous la pression et sans être autorisée à en voir le contenu», selon ces associations. La romancière franco-marocaine Leïla Slimani, prix Goncourt 2016, avait appelé les Marocains à se rebeller contre «une législation moyenâgeuse qui les maintient sous une chape de plomb.»

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