Nord-Ouest : La grève des avocats se poursuit
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Ces hommes en robe noire exigent, entre autres, la version anglaise des actes uniformes de l’Ohada.

Un silence de cimetière plane au palais de justice de Bamenda. Dans la mi-journée ce 12 octobre 2016, il n’y a pas l’ombre d’un seul avocat pour défendre la cause d’un potentiel accusé, même en matière criminelle. C’est que, le mouvement de débrayage entamé la veille par des avocats-défenseurs, ne s’est pas émoussé.

Au contraire, les manifestants durcissent le ton en appelant les pouvoirs publics à favoriser la version anglaise des actes uniformes de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada) et à mettre fin à l’application du Code civil francophone dans les juridictions anglophones.

Un mouvement largement observé par les avocats en exerce dans la région du Nord-Ouest, soit environ 350 titulaires et stagiaires confondus. «Notre mouvement se poursuit. Il est suivi à 100% par nos confrères. Nous avons d’ailleurs pris des dispositions pour isoler ceux des nôtres qui s’en éloignent. Aucun avocat ne doit plaider devant un tribunal si notre cause n’est pas examinée par le gouvernement», affirme le président de l’association des avocats du Nord-Ouest, Me Harmony Bobga, joint hier au téléphone.

L’homme  de droit remet en cause l’uniformisation des procédures juridico-judiciaires et autres en zone francophone et anglophone, tout en invoquant le fait que «la Résolution 1608 des Nations unies a doté la partie anglophone du Cameroun d’une indépendance en matière de droit».

De même qu’il a une appréciation différente de l’alliance passée en 1961 entre l’ex-président de la République, Amadou Ahidjo et John Ngu Foncha pour la réunification des Cameroun occidental et oriental : «L’acte signé par ces deux personnalités ne parle pas de l’extinction de la Common Law [droit applicable en zone anglophone].

Le souci du président Ahidjo était  surtout de modifier la Constitution du Cameroun oriental de 1960. C’est ce qu’il a fait», ajoute Me Bobga. Le porte-parole des avocats du Nord-Ouest veut éviter de donner au mouvement lancé l’autre jour une coloration linguistique : «Nous avons une approche panafricaniste. Même les francophones souffrent de ce qu’on nous a imposé de l’extérieur. Il faut qu’ensemble nous nous libérions de ce joug», tranche Me Bobga.

En attendant d’avoir une réponse du gouvernement, Me Bobga a démissionné de son second poste de représentant du président de l’assemblée générale (ag) des avocats au Nord-Ouest, puisqu’il estime que le président de l’ag, me Nico Halle [originaire du Nord-Ouest] ne défend pas suffisamment les intérêts des avocats anglophones. Sa lettre de démission est datée du 11 octobre 2016. Qu’adviendra-t-il si le gouvernement pense que le mouvement engagé à Bamenda et ailleurs n’est qu’une forme de manipulation ?

Me Bobga réagit : «Nous allons saisir le Conseil constitutionnel [la Cour suprême actuellement] d’un recours pour dire que l’exécutif et le législatif n’ont pas répondu à nos doléances». La grève des avocats, planifiée jusqu’au 14 octobre prochain, aura certainement des incidences sur des procédures pendantes au niveau des différentes juridictions.

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