La Mida s'apprêtait à  organiser une insurrection
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Derrière sa façade caritative, le gouvernement affirme que la nébuleuse formait des milices destinées à renverser le régime de Yaoundé.

Jusque tard, dans la soirée d’hier, à l’heure où nous mettions sous presse, des dizaines de personnes, en majorité des jeunes, ont pris d’assaut le lieu dit «Barrière» à Yaoundé-Odza, c’est-àdire l’une des principales entrées de la métropole politique. Debout, assis ou couchés, ils brandissaient des pancartes de fortune pour revendiquer le remboursement de leurs placements financiers s’élevant parfois à des milliers de Cfa.

Au coeur de la grogne, et au centre de la controverse, la Mission  d’intégration et de développement pour l’Afrique (Mida), une nébuleuse qui, sous le prétexte d’une formation assortie de recrutement et de financements mirobolants pour des projets, a réussi à enrôler plusieurs citoyens dans une histoire qui pue l’arnaque. La veille, samedi, le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, a annoncé par voie de communiqué la suspension des activités de la Mida, présentée comme une entreprise monstrueuse d’escroquerie de grande envergure, dont l’objectif déclaré par les initiateurs, sur fond d’activités dolosives, clientélistes et d’opérations de charme, est de faire miroiter à leurs victimes des gains faciles d’argent.

Le porte-parole du gouvernement a ainsi évoqué «des promoteurs mafieux», évoluant tantôt sous l’étiquette de la Commanderie d’Afrique de l’Ordre militaire et hospitalier de Saint Jean, une autre fois comme les Missions d’intégration et de développement pour l’Afrique, ou encore comme Ordre apostolique de Saint Jean n’ayant «aucune existence légale sur le territoire national». M. Tchiroma a décrit le «montage frauduleux» d’un «réseau d’escrocs financiers», à travers un mécanisme consistant à collecter, auprès de tout nouvel adhérent, une somme de 12.500 francs donnant lieu, en un temps très réduit, à la rétrocession au déposant de 70 000 francs.

A en croire M. Tchiroma, ce subterfuge a déjà permis de rassembler, pour le propre compte des promoteurs de l’organisation, «d’importantes ressources financières estimées à ce jour à plusieurs milliards Fcfa, en violation de toutes les règles en la matière». Au regard de la gravité des actes perpétrés par la Mida, Issa Tchiroma Bakary a annoncé que les responsables dudit réseau, ainsi que la chaîne d’affidés, «ont été identifiés et interpellés» et répondront de leurs actes devant les juridictions compétentes. Par ailleurs, le chef de l’Etat a instruit le gouvernement de prendre toutes les dispositions nécessaires à l’effet de procéder au remboursement intégral des sommes extorquées aux victimes de «cette vaste et abominable escroquerie». Au même moment, les populations sont invitées à la plus grande vigilance face à des supercheries comparables.

La sortie du Mincom intervenait  quelques heures seulement après la publication, par le préfet du département du Mfoundi, Jean Claude Tsila, d’un arrêté suspendant sur toute l’étendue de son territoire de compétence les activités de l’Institut Mida pour «existence illégale, usurpation de fonctions, corruption de la jeunesse, port illégal d’insignes et d’uniformes militaires, escroquerie par appel au public».

Aux dernières nouvelles, les promoteurs de Mida, dont le gourou (administrateur principal) dénommé «Patrick Pen», ainsi que Albert Cédric Foé Amougou, le «Commandant en chef des Mida», se trouvaient derrière les barreaux, en même temps que d’importantes sommes d’argent ont été saisies à leurs bureaux d’Odza. A InfoMatin, un des rares survivants de la rafle des services de sécurité a dit son embarras face à la fronde des populations : «Nous n’avons pas de problème d’argent à rembourser, mais davantage de posture à adopter face à la meute qui réclame son dû et que nous ne pouvons désintéresser, parce que suspendus.»

Du côté du gouvernement, on dénonce une nébuleuse ayant réussi à enrôler 80.000 jeunes oisifs en leur faisant miroiter la vie facile, à travers une prétendue formation au secourisme. «Il s’agissait, déclare un ministre très introduit, sous le sceau de l’anonymat, en réalité d’une formation militaire, ayant déjà réussi à former 200 officiers appelés à muter en milices le moment venu, et à organiser un mouvement insurrectionnel destiné à renverser les institutions de la République.» Au vu de la gravité des accusations, les responsables de la Mida devraient rapidement être traduits devant le tribunal militaire de Yaoundé où ils auront à répondre de leurs turpitudes.

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