Politique économique : Le retour sous-programme FMI ?
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Le Fonds monétaire international propose de mettre en commun le Cameroun et les autres pays de la zone CEMAC sous sa surveillance. Cette perspective divise même au sein du gouvernement.

Il y avait quelque chose d’inhabituel au sujet de la dernière visite du Fonds monétaire international (FMI) au Cameroun. Depuis l’arrivée des experts de l’institution de Bretton Woods, rien ou presque n’a filtré de leurs travaux, encore moins de leurs conclusions. Prévue pour durer deux semaines, la mission d’évaluation conduite par Mario de Zamaroczy arrive ce mardi 15 novembre au bout de son délai. En dehors de l’audience accordée mercredi 2 novembre par le ministre de l’Economie, Louis Paul Motaze, la presse n’a plus eu des nouvelles de la mission. La rencontre du même type prévue avec le ministre des Finances, le même mercredi, n’a pas fait l’objet de publicité. Même le programme des consultations et des rendez-vous souvent mis à la disposition des médias est inexistant.

On ignore donc à quel moment ont été rencontrés les responsables de la Caisse autonome d’amortissement pour la dette, de la SNH pour la production pétrolière, de la BEAC pour le côté bancaire et dépôts et réserves du pays, etc. A ce jour, aucune conférence de presse ou de déclaration, ni des plénipotentiaires du Fonds ni du gouvernement, n’est programmée. Pourtant, la restitution des travaux d’évaluation a déjà eu lieu. Le FMI est lui-même étrangement muet, alors que c’est généralement lui qui pousse le gouvernement à l’information de la presse. Ses émissaires ont quitté Yaoundé sans avoir crié gare. Tout cela montre que les choses ne se passent pas comme souvent et que les prédictions sur la « mission à hauts risques » se sont réalisées.

Pour le moment, rien n’est définitif et tout est loin d’être officiel mais des confidences indiquent que le Fonds a posé sur la table la question d’un retour du Cameroun sous-programme FMI. Sont en cause, les dérapages budgétaires, notamment une chronique indiscipline dans les dépenses publiques. « Les dépenses non prévues sont privilégiées au détriment de celles qui le sont », assène une source. Ce n’est donc pas seulement la question de la dette, bien qu’elle constitue aussi un point d’ancrage de la demande du FMI. Cette perspective a divisé les plénipotentiaires côté camerounais, avec ses partisans et ses contempteurs. Par principe, certains sont opposés à un retour sous-programme avec le FMI qui signifie un come-back de l’ajustement structurel.

Les partisans  du refus ne sont pas convaincus par les arguments déployés pour faire passer une nouvelle fois le pays sous les fourches caudines de l’institution, en vertu de ses sévices passés. Selon les arguments présentés, rien ne justifie que le Cameroun soit mis sous-programme FMI. « C’est pour régler quels problèmes ? », s’interroge un responsable du Minfi. Certes, poursuit-il en substance, il y a des difficultés à payer à temps les prestataires de l’Etat, mais cela ne pourrait être une raison décisive. L’on invoque aussi la couverture monétaire du pays qui est aujourd’hui de 65%, donc de cinq mois, alors que le seuil d’inquiétude est de 20%.

D’un autre côté, il y a les partisans d’une mise sous-programme FMI, qui s’appuient sur la nécessité de procéder à des ajustements budgétaires. La masse salariale explosive année après année devient un vrai boulet pour les finances publiques. Pour tenir jusqu’à la fin de cette année 2016, c’est quasiment 180 milliards qu’il faudra trouver. L’indiscipline budgétaire revient comme un leitmotiv, le tout dans un environnement marqué par une crise en zone CEMAC et au Nigeria, qui nous entourent, et dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne. Il faut donc agir, selon les soutiens d’un programme FMI.

Le FMI a proposé au gouvernement d’être le leader d’un ajustement structurel commun aux six pays de l’Afrique centrale. Son raisonnement est que le Cameroun, qui est à 4,8% du PIB (chiffre FMI), ne pourrait durablement être un ilot de croissance dans une communauté globalement en récession.

Pour exemple, le Tchad s’appuie aujourd’hui sur les réserves du Cameroun à la BEAC. Cette idée semble avoir accroché Paul Biya, qui a envoyé le ministre des Finances en émissaire au Gabon le 4 novembre. Selon des sources, un sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Cemac est envisagé dans les prochains jours pour délibérer sur ce projet.

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