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© Mutations : Sébastian Chi Elvido
- 29 Sep 2016 04:00:05
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CAMEROUN :: Revendications : Le mémorandum qui secoue l’Est :: CAMEROON
160 chefs traditionnels ont écrit à Paul Biya, ce qui n’est pas du goût de l’élite de cette région.
Au cours du gigantesque meeting de remerciement au président Paul Biya, qui a nommé Cyrus Ngo’o au poste de directeur général du Port autonome de Douala (Pad) meeting organisé par la délégation permanente départementale du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) du Haut-Nyong, samedi 24 septembre 2016, les chefs traditionnels n’ont présenté publiquement aucune revendication.
Au contraire, les gardiens de la tradition de la région de l’est, par la voix de leur porte-parole, ont affirmé leur soutien à l’élu du jour, en l’occurrence Cyrus Ngo’o, tout en le mettant en garde contre le détournement des deniers publics et la corruption. «Nous ne voulons pas entendre un seul jour que ton nom figure parmi ceux-là que le redoutable rapace, l’épervier, recherche. Va avec ce chasse-mouche balayer la cour du Pad», a martelé le mandataire des autorités traditionnelles.
Réunis à Doumaintang les 03 et 04 septembre 2016, dans le cadre du conseil départemental des chefs traditionnels du Haut- Nyong, 160 chefs traditionnels des 14 unités administratives de ce département avaient envoyé une correspondance à Paul Biya sous forme d’une «pétition» dans laquelle ils revendiquent : «le bitumage des axes Abong-Mbang- Angossas, Mampang-Angossas-Mboma, Mbet-Nguelemendouka- Ayos, Doumé-Doumaintang-Nguelemendouka et Abong-Mbang-Mindourou-Lomié, la création des facultés annexes des universités de Yaoundé et de Douala à Abong-Mbang et la restitution des 10% de la redevance forestière dont les populations ne bénéficient plus depuis deux ans».
De plus, les chefs du Haut Nyong estiment que «Paul Biya doit intercéder auprès du Saint siège pour qu’un de ses fils prélat soit élevé à la charge d’évêque», ce d’autant plus qu’aucun fils de l’est n’est évêque de l’église catholique qui est au Cameroun. Cette pétition des chefs traditionnels du Haut-Nyong a irrité l’élite gouvernementale et politique de la région de l’est. D’où l’extrême prudence du porte-parole des gardiens de la tradition au cours du rassemblement du 24 septembre dernier. «Vous comprenez que ces chefs étaient influencés par la forte présence des membres du gouvernement (au moins six ministres, ndlr) et de l’élite politique à cette cérémonie. Même le discours prononcé par leur porte-parole est certainement passé au crible du comité d’organisation pour éviter toute surprise désagréable en public», révèle un cadre du Rdpc.
Egoïsme
De fait, depuis belle lurette, il existe un parfait désaccord entre l’élite gouvernementale de l’est, les élus locaux et les chefs traditionnels au sujet des revendications présentées par les deux derniers groupes cités à Paul Biya, pour dénoncer la marginalisation et le sous-développement de la «région du soleil levant». en 2009, le mémorandum de l’est à Paul Biya, présenté par les députés de la législature 2007-2012 et remis à mains propres à Ephraïm Inoni, alors Premier ministre par une délégation des députés conduite par Philémon Adjibolo de regrettée mémoire, n’avait pas reçu l’onction de l’élite gouvernementale de l’est d’alors.
«Comment s'imaginer que depuis toujours, la région de l'Est, qui contribue à plus de 15% au Pib, reçoit paradoxalement la plus faible dotation des allocations budgétaires au titre du Bip, oscillant entre 1 et 2%, alors qu'il s'agit d'une région où tout est à faire dans tous les domaines», s'interrogeaient ces élus dans le mémorandum de dix pages, précisément daté du 10 janvier 2009.
Trois années plus tard, en 2012, à la veille de la pose de la première pierre du projet de construction du barrage de Lom Pangar au mois d’août, les revendications des riverains des villages Haman, Ouami, Ebaka et Lom II relatives au projet de Lom Pangar n’avaient non plus reçu l’assentiment de l’élite, qui estimait que «ces bruits» pouvaient empêcher la visite du président de la République sur le site du barrage.
Pour des observateurs de la scène politique de l’est, l’attitude de l’élite locale est fondée sur l’égoïsme. «Ces élites veulent tout pour elles seules. C’est pour cela qu’elles veulent à tout prix montrer au président de la République que tout marche bien à l’Est. Pourquoi ne peuvent-elles pas joindre leurs voix à celles des élus et des chefs traditionnels pour dire au président que l’Est est marginalisée et souffre du sous-développement comme le font les élites d’autres régions», s’interroge un ressortissant du Haut Nyong.
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