Cameroun : 2013, année de la corruption
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C’est la substance du rapport rendu public hier par la Conac sur l’état de la lutte contre cette hydre sociale au cours de ladite période.

« La tricherie n’a épargné aucun secteur au Cameroun en 2013, consacrant de ce fait le caractère multiforme, divers et changeant du phénomène de la corruption », affirme Dieudonné Massi Gams, le président de la Commission nationale anti-corruption (Conac) dans son allocution à l’occasion de la présentation du rapport sur l’état de la lutte contre cette hydre sociale au cours de la période de référence. Selon le patron de la Conac, « l’année 2013 a connu l’évolution et la sophistication des techniques de corruption sous diverses formes de tricherie qui prolifèrent et gangrènent l’activité socio-économique » du pays.

Le rapport 2013, qui s’appuie sur 2758 dénonciations reçues par la Conac, recense un certain nombre de faits de corruption. Dans le secteur des transports, l’on apprend par exemple que le Bureau de gestion du fret terrestre (Bgft), « est devenu un Etat dans l’Etat avec un mode de fonctionnement opaque ». D’autres récriminations concernant ce secteur portent sur « la délivrance de faux permis de conduire et autres titres de transport », ainsi que sur « les contrôles routiers où la corruption s’opère à ciel ouvert ».

S’agissant des services du ministère des Finances, le rapport 2013 de la Conac indexe principalement deux administrations. La première, le Centre national de développement informatique (Cenadi) serait passé maitre dans « l’établissement de faux bulletins de solde, le monnayage de la délivrance des bulletins de solde, le gonflement des salaires et pensions des fonctionnaires ». La seconde, la Direction générale des impôts (Dgi) s’est quant à elle spécialisée dans « la délivrance de fausses patentes, l’établissement de fausses vignettes et l’émission de faux timbres fiscaux ». Une pratique baptisée « Al-Qaida » qui s’opère à en croire la Conac, « au moyen de fausses machines à timbres ».

Dans le secteur des travaux publics, l’on apprend que « certaines pratiques continuent de prospérer  à savoir : les doublons, la surfacturation, la fraude sur les quantités, la fraude sur la qualité, la fraude sur le mode d’exécution et le surenchérissement ». Au sujet de cette dernière pratique, et à titre d’illustration, il est fait cas d’une société adjudicataire d’un marché qui avait proposé le prix du mètre linéaire des buses en béton armé à 582 415 Fcfa. Prix refusé par le chef de service du marché et le chef de la mission de contrôle qui ont paradoxalement accepté le prix de 800 000 Fcfa proposé par l’entreprise de remplacement.

Médias

Autre domaine, où la corruption a métastasé en 2013, les marchés publics. Les 199 requêtes recensées par la Conac au titre de la période de référence mettent en exergue des pratiques qui vont du recours systématique et volontaire à la procédure de gré à gré, à la facturation des prestations fictives, en passant par le fractionnement des marchés et  la divulgation du secret du marché. Le rapport 2013 de la Conac sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun, dénonce entre autres dans le secteur de la justice et des professions judiciaires, l’érection de certaines unités de police et de gendarmerie en véritables tribunaux et les irrégularités fréquemment commises par les officiers de police judiciaire en matière de garde à vue. Les médias, observe la Conac, n’ont pas été épargnés par l’épidémie nationale de la corruption en 2013. Dieudonné Massi Gams dénonce le recours à « la manipulation des consciences à travers les campagnes de lynchage médiatique ou de blanchiment de personnes attraites en justice ».

Recommandations

Au chapitre des recommandations à mettre en œuvre pour venir à bout du cancer corruption, le rapport 2013 suggère à court terme d’ « accentuer les interventions rapides et les investigations physico-financières » qui ont par ailleurs permis à cette institution de faire rentrer dans les caisses de l’Etat 50 milliards de Fcfa en 2013. A moyen terme, la Conac demande « l’implémentation de la stratégie nationale de lutte contre la corruption sur toute l’étendue du territoire ». Enfin, à long terme, l’institution en charge de la lutte contre la corruption au Cameroun, recommande l’application du « programme national d’éducation à l’intégrité pour promouvoir l’exemplarité ». Last but not the least, la Conac réclame « l’adoption d’une loi anti-corruption et l’application des dispositions de l’article 66 relatif à la déclaration des biens et avoirs ».  Au total, en 2013, plus de 182 milliards de Fcfa ont été recouvrés au Cameroun – Conac (50 milliards), Agence nationale d’investigation financière (130 milliards Fcfa) et le Tribunal criminel spécial (plus de 2 milliards Fcfa) – dans le cadre de la lutte contre la corruption.

© Mutations : Yanick Yemga

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