Cameroun:Reportage au pavillon de l’hémodialyse de l’hôpital Général de Douala
CAMEROUN :: SOCIETE

Cameroun:Reportage au pavillon de l’hémodialyse de l’hôpital Général de Douala :: CAMEROON

Les malades de toutes les conditions et de tous les âges s’y retrouvent tous les jours. Ils partagent les mêmes angoisses, les mêmes douleurs, et suivent quasiment le même traitement.Jeudi 12 mars 2015. Il est à peine 10h. Au pavillon de l’hémodialyse de l’hôpital Général de Douala, une vingtaine de patients occupent les sièges dans l’espace d’attente. La grande majorité souffre de l’insuffisance rénale. Les plus fragiles sont accompagnés par un proche. 

Ici, on se lance des blagues pour calmer la douleur et le stress de la maladie. Guebedjang a tout juste 15 ans. En juillet 2014, on lui a diagnostiqué une insuffisance rénale chronique. Elle est contrainte à se faire dialyser deux fois par semaine, le lundi et le jeudi. Quand elle vient pour sa séance, elle n’est plus anxieuse comme au tout début. «Nous sommes comme une famille, déclare la petite Guebedjang. Nous vivons les mêmes galères. Vous n’avez pas remarqué que nous avons pour la plupart des bosses sur le bras ? C’est la conséquence des piqûres pour la dialyse. Ça fait mal mais on s’habitue.»  «Emanè» (Comment vas-tu en langue duala) se fait entendre à tout va entre les patients. Les intrigues ne manquent pas au rendez-vous. «Lève-toi pour que je m’assoie», lance un homme à la démarche hésitante à une dame. La maladie et le poids de l’âge ne lui font visiblement pas de cadeau. «Comment peux-tu laisser ta fiancée seule là-bas pour t’asseoir ici ?», interroge l’interlocutrice. En regagnant le siège de la «fiancée», une  patiente plus jeune et plus solide, les éclats de rire se font entendre.

Dans deux salles qui donnent à la place d’attente, des infirmiers appellent les malades à tour de rôle. Soit pour prendre la tension, soit pour prendre le poids. «Les malades qui sont arrivés vers 5h sont en train de terminer avec leurs séances d’hémodialyse. Je suis du deuxième groupe. Nous commençons à 11h», renseigne Guebedjang. Malgré son jeune âge, elle est venue seule. «Au début ma mère m’accompagnait. Mais je peux déjà venir seule. Et puis ma mère doit faire son petit commerce pour payer mes soins. Mon père ne vit plus.» La jeune fille devait être en classe de 4ème cette année. Ses études ont pris un coup du fait de la maladie et de la situation financière compliquée de sa mère. Chaque séance d’hémodialyse coûte 5000 Fcfa. Guebedjang se demande, à juste titre, pourquoi elle ? Il lui aurait quand même fallu un miracle pour ne pas manifester la maladie. Le fait d’être venue au monde avec malheureusement un rein la prédisposait déjà. 

Assis près d’elle, Pierre (nom d’emprunt) confie : «Il y a deux mois que la maladie a été détectée. Selon les explications du médecin, c’est l’hépatite C dont je souffre qui a facilité les choses.» 

«Beaucoup de choses peuvent causer l’insuffisance rénale. Pour l’insuffisance rénale aigüe, les principales causes, surtout dans notre contexte, c’est souvent les infections. Même le paludisme, surtout chez les enfants. Il y a aussi les toxiques qui sont les médicaments que ce soient chimiques ou traditionnels. On a des malades qui ont consommé les médicaments de la rue et qu’on a dû dialyser. Par la grâce de Dieu d’aucuns ont pu récupérer, mais d’autres pas», précise le Dr Fouda Hermine, néphrologue.

La maladie est reconnue comme étant un tueur silencieux. Il ronge l’organisme. Tous les malades n’ont pas la capacité de se tenir sur leurs jambes. D’aucuns ne se déplacent qu’à l’aide d’une chaise roulante. Il est 12h30 min. Marcelline a fini sa séance d’hémodialyse. Parce qu’elle boitille, elle ne peut grimper la petite colline pour sortir de l’hôpital. «J’attends papa Zambo pour qu’il me transporte dans sa voiture. Il a fini sa séance mais il veut d’abord rencontrer le docteur. Je ne peux pas arriver en route en moins d’une heure avec mon pied», déclare la malade à une autre dialysée. «C’était difficile pour moi au départ. Maintenant je peux aller, pas à pas», renchérit la dialysée. Marcelline va attendre son ami pendant une bonne trentaine de minute. Finalement, c’est le frère d’un autre souffrant qui la déposera en voiture à l’extérieur. Ainsi va la solidarité chez les dialysés de l’hôpital général de Douala.

© Correspondance particulière pour Camer.be : Valgadine TONGA

Lire aussi dans la rubrique SOCIETE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo