Célébration : Veillée d’armes dans le Noso
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La célébration risquée de l’anniversaire de l’indépendance de la république virtuelle d’« Ambazonie » intervient dans un contexte d’état d’urgence larvé.

Aussi paradoxal que cela puisse être, Bamenda a fonctionné hier, 30 septembre 2020, comme si on avait levé les villes mortes. Des populations, en nombre important, sont sorties pour faire leurs courses. Des boutiques ont été ouvertes et des taxis de ville ont assuré la liaison de divers points de la cité chef-lieu du Nord-Ouest. Il y a longtemps que pareille vitalité n’avait pas été observée dans la ville. Depuis que le maire de la Communauté urbaine de Bamenda, adoubé par le Préfet de la Mezam, avait restreint la circulation sur certaines artères de la ville et qu’en représailles, les Ambazoniens avaient également décrété la non-circulation des voitures. Jusque-là, seuls quelques véhicules personnels ont osé aller à l’encontre du mot d’ordre et ce, dans les quartiers hyper-sécurisés.

« Les gens ont faim. Ils ne peuvent plus supporter », tente de justifier un confrère basé dans la ville, qui a interrogé ces gens. « On est obligé de sortir sinon on va creuser », a-t-il entendu. De quoi intriguer cependant, dans la mesure où à la veille du 1er octobre depuis plusieurs années, les populations ont plutôt l’habitude de fuir cette ville, en prévision aux mouvements qui y sont organisés et qui sont brutalement réprimés.

Bamenda clean

L’anniversaire de cette année intervient en pleine période d’épuration, avec l’opération « Bamenda clean » lancé par les forces de défense et de sécurité. Lors de son lancement le 8 septembre 2020, les chefs militaires locaux expliquaient que « le but de cette opération (spéciale) est de protéger et de sécuriser les populations de la ville de Bamenda et ses environs. Elle est la réponse aux diverses attaques perpétrées par les terroristes et criminels telles que les vols et les pillages, les braquages des banques et magasins, les assassinats des civils et des personnels des forces de défense et de sécurité ».

Depuis lors, hormis la sempiternelle question du respect des droits de l’homme, Bamenda est calme. « Il n’y a plus de tirs en plein jour. Les rares détonations qu’on entend viennent de la périphérie », témoigne notre confrère. Plus d’enlèvements ou de revendication de rançon non plus. Et pour le 1er octobre 2020, les forces de sécurité ont sorti une lourde artillerie. « Les carrefours sont minés ; tous les coins chauds sont surveillés depuis deux jours », rapporte-t-on.

C’est à se demander si les militants indépendantistes auront le courage de mettre le nez dehors ce jour et surtout, de célébrer l’indépendance de leur territoire qu’ils ne désespèrent pas de détacher de la « République du Cameroun ». Cette date rappelle l’indépendance d’un territoire sous-tutelle des Nations Unies, qui fut administré par l’Angleterre du 13 décembre 1946 au 1er octobre 1961. A la même date l’année dernière, les « forces de la restauration » s’étaient moquées des participants au « grand dialogue national ». Ils n’y avaient vu que « pure comédie ».

Le pouvoir de Yaoundé leur répond souvent par un déploiement impressionnant des troupes, qui n’hésitent pas à frapper. Les régions administratives du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont entrées en guerre depuis qu’en octobre 2016, des avocats sont descendus dans les rues pour exiger la pleine application de la Common Law et ont été suivis un mois plus tard par les enseignants et les étudiants qui dénonçaient la « francophonisation » de leur système éducatif.

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