Sur l’Albatros : politique néolibérale et droits de l'Homme à Yaoundé
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CAMEROUN :: Sur l’Albatros : politique néolibérale et droits de l'Homme à Yaoundé :: CAMEROON

Le drame entourant l'acquisition illégale d'un avion présidentiel par Paul Biya au Cameroun contre la recommandation du Fonds Monétaire International (FMI), qui a pratiquement privatisé l'économie camerounaise, et a envoyé tout un gouvernement en prison, notamment les anciens secrétaires généraux à la Présidence de la République Marafa Hamidou Yaya et Jean-Marie Atangana Mebara, peut se situer au cœur d'un débat mondial entre la politique néolibérale et les droits de l'Homme.

En effet depuis longtemps, les critiques des militants des droits humains, en particulier Amnesty International, Human Right Watch et Reporters Sans Frontières (RSF) ont pointés les contradictions de l’idéologie mondiale des droits humains et les ont accusés de soutenir un ordre néolibéral accordant la priorité aux droits politiques tout en désavouant les droits sociaux et économiques. En ce sens, utiliser l'État pour faire respecter un ordre néolibéral tout en décimant toutes les formes de résistance politique.

Les cas des personnalités comme Marafa Hamidou Yaya et Jean-Marie Atangana Mebara contredisent cette approche. Car le fond de l'affaire dite de “l’Albatross”au Cameroun démontre que les pratiques économiques sont un sujet légitime de contestation politique.

Au fond ces deux prisonniers politiques emblématiques de la pratique du Lawfare au Cameroun ne sont précisément pas en prison pour des faits avérés de corruption et détournement de fonds, ce que tous les deux contestent fortement, mais parce qu'ils étaient perçus comme de puissants et crédibles potentiels aspirants au remplacement d’un despote vieillissant plongé dans le culte du pouvoir présidentiel à vie puis celui de son immortalité obscène dans une militarisation systématique de la vie quotidienne au Cameroun, où le marché et les subjectivités militaires ont pratiquement supplanté la politique démocratique et la délibération publique.

En ce sens, la politique est réduite à la volonté des tyrans et toutes les voies de recours politiques sont fermées.

Dans le cas d’espèce la privatisation de l'État est à la fois politique et économique, donc aucun moyen de parler des droits politiques sans aborder les droits sociaux et économiques. En d'autres termes, l'autonomie politique est elle-même liée à la justice sociale égalitaire et nous pouvons dire que Marafa et Mebara étant en prison sont également victimes de l'échec de la politique néolibérale du régime. Ainsi, une organisation des droits de l'homme, telle que la CL2P, ne fait pas de distinction entre l'autonomie politique et les droits sociaux et économiques.

Aussi, le CL2P comprend l'activisme en faveur des droits humains comme un moyen de médiation de la précarité économique : en tant qu'éthique, en se concentrant spécifiquement sur les moyens de répondre ou de recadrer certaines des crises politiques pressantes de notre époque, y compris l'ethnofacisme, l'austérité, la violence policière et militaire, entre autres, etc... afin d’articuler une politique radicale de la politique égalitaire et de Justice sociale.

Pr. Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P

http://www.cl2p.org 

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