Elections locales : ira, ira pas
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Les 18 membres du Conseil électoral, organe supérieur d’Elections Cameroon, sont entrés en session extraordinaire depuis le 28 novembre 2019 à Yaoundé. D’après le président du Conseil, Enow Abrams Egbe, les travaux de la session seront consacrés à l’examen et la validation des candidatures transmises par la direction générale de cet organe. Toujours dans le processus de ces élections, le directeur général d’Elections Cameroun, Eric Essousse a signé le 2 décembre 2019 un communiqué, invitant les partis politiques ayant introduit des dossiers, à passer dans ses services confirmer les couleurs et logo des bulletins.

Pression

Cette dernière sortie du directeur d’Elecam ressemble à tout point de vue à une pression exercée sur les partis politiques qui tergiversent encore jusqu’à présent, sur leur participation ou pas aux élections du 09 février 2020. Il est en effet un peu tôt pour cette demande, étant donné que les partis ayant introduit les dossiers n’ont encore aucune certitude que leurs listes seront retenues. Dans le Code électoral à l’article 187, il est indiqué que « soixante (60) jours au moins avant la date du scrutin, le Conseil Electoral arrête et publie les listes des candidats. » Les élections étant prévus le 9 février 2020, 60 jours avant correspondent au 11 décembre 2019.

C’est à cette date que le Conseil Electoral, après toutes les vérifications, va valider les listes et les rendre publiques, et c’est à partir de ce moment que les partis pourront être sûrs de l’acceptation, et devront en conséquence procéder à d’autres réglages de précision. Le 11 décembre c’est dans 8 jours, qui pouvaient encore attendre sans que cela ne soit vraiment préjudiciable à la confection des bulletins de campagne. Mais les partis politiques qui veulent aller aux élections sont désormais priés de faire vite et se décider.

Tergiversation

Depuis la convocation du corps électoral en effet, ces élections locales de 2020 ont apparu comme celles qui dans l’histoire du Cameroun auraient le plus mis les partis politiques face à un dilemme. Y aller ou ne pas y aller. Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun s’est décidé à ne pas y aller et l’a fait savoir le 24 novembre 2019 au cours d’une conférence de presse.

Le 28 novembre 2019, trois jours après le délai imparti pour le dépôt des dossiers de candidatures, le Parti pour la Réconciliation Nationale du Cameroun a tenu un point de presse à Yaoundé. Le président Cabral Libii tenait à informer l’opinion qu’il a demandé au président du Conseil Electoral (CE) d’accorder un délai supplémentaire aux candidats pour compléter leurs dossiers, et de veiller strictement à un meilleur déroulé, précisant qu’en l’absence d’une telle mesure visant à rééquilibrer le jeu politique, le parti pourrait « se résoudre à ne plus participer aux élections du 09 février 2020. » Il avaitpar ailleurs introduit sa demande par écrit depuis le 25 novembre, dans laquelle il faisait valoir que les « 15 jours impartis sont en réalité 11, samedi et dimanche n’étant pas des jours ouverts, dans les 11 jours restant il faut soustraire 4 jours consacrés au Rdpc »

Le même 28 novembre 2019, le Social democratic front par la voix de son vice-président, Josuah Osih, montait au créneau au cours d’une autre conférence de presse. On retiendra que pour le parti la crise anglophone reste une préoccupation. Sans être plus clair, le parti indiquait alors que le dépôt des candidatures n’est pas synonyme de participation aux élections. Dans un communiqué signé toujours ce 28 novembre 2019, le président du Mouvement patriotique pour un Cameroun Nouveau (Mpcn) Paul Eric Kingue n’était pas éloigné du boycott si certaines conditions ne sont pas réunis. Il interpellait la communauté internationale à veiller au respect par le gouvernement des conditions optimales pour un bon déroulement du scrutin. Faute de quoi, il se retirerait de ces compétitions annoncées.

La mise au point du gouvernement

La note du directeur d’Elecam était donc un appel clair à ces partis politiques de se décider. Et ce n’est pas tout. Le gouvernement est allé plus loin en donnant le même 2 décembre un point de presse pour préciser les choses à l’attention de tout le monde. Le document rendu public à l’issue de ce point de presse ; signé par le ministre de la Communication René Emmanuel Sadi, est sans détours, intitulé « réponse du gouvernement face à la surenchère de certains partis politiques. » Quelques extraits lisent : « Aux leaders des partis politiques, il n’est pas superflu de rappeler qu’un processus électoral codifié et normé par le législateur, ne saurait être biaisé au gré des intérêts particuliers. « Il est donc pour le moins surprenant qu’aujourd’hui, certains responsables de partis politiques excipent de considérations diverses, soit pour boycotter les élections à venir, soit pour exiger leur report pur et simple, ou encore, pour fixer des conditions à leur participation, comme s’ils ignoraient que les prorogations des mandats de nos Députés et Conseillers Municipaux sont clairement encadrés par la loi, et ne sauraient, par conséquent, être indéfinies. »

René Sadi rassure que le président de la République, « fort de sa Haute posture, et des éléments d’appréciation en sa possession, a dûment pris en compte l’évolution actuelle de la situation dans les régions concernées, et qu’il saura prescrire toutes les mesures nécessaires pour garantir le bon déroulement des élections dans ces régions. » Il ne manque pas au passage de fustiger les diverses tentatives d’ingérences extérieures, et appelle tous les camerounais à faire acte de patriotisme à ce rendant massivement aux urnes le moment venu.

Cette sortie qui résonne comme la sonnerie d’une fin de recréation pour les indécis, à au moins le mérite de reconnaitre enfin publiquement et officiellement, que les prorogations antérieures des mandats de ces élus locaux étaient dictées par situation dans la zone anglophone, quand il dit qu’« il est en effet incontestable que les prorogations successives ont tenu compte du contexte socio-politique, et partant, du sentiment de la classe politique nationale, au sujet notamment, de la situation sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. » Mais pour le gouvernement dont il est le porte-parole, la situation a évolué positivement aujourd’hui.

Il est donc clair pour tout le monde, le pouvoir l’a décidé, c’est ainsi : il y aura élections le 9 février 2020. Les leaders des partis politiques n’ont qu’à bien le comprendre, parce que sur ce coup, ne serait-ce que sur ce coup, le gouvernement entend respecter la Constitution, et pour cela on ne va pas le lui reprocher puisque c’est ce qu’on lui demande tous les jours.

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