Boko Haram et les mouvements rebelles centrafricains enrôlent des jeunes Camerounais
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Boko Haram et les mouvements rebelles centrafricains enrôlent des jeunes Camerounais :: CAMEROON

Résultats d’une enquête menée pendant un an par Dynamique mondiale des jeunes (Dmj) dans le cadre d’ « un projet de recherche-action du réseau Service civil pour la paix au Cameroun ». Le document de 76 pages cite misère, frustrations, injustices sociales, désamour de la classe dirigeante comme causes de cette déviance.

Longtemps supputé sans fondement scientifique, l’enrôlement présumé de jeunes Camerounais dans les groupes armés centrafricains et dans la secte terroriste Boko Haram, a enfin fait l’objet d’une étude formelle. En collaboration avec la fondation Friedrich Ebert qui a servi de cadre à la présentation des résultats de l’enquête au public le 30 novembre 2015 à Yaoundé, la Dmj n’a convoqué aucune figure de rhétorique d’atténuation pour dire à l’assistance que de jeunes Camerounais sont bel et bien enrôlés par Boko Haram et les mouvements rebelles centrafricains.

Méthodes et stratégies des recruteurs

Selon Pierre Fichter le principal tribun du compte rendu d’enquête de la Dmj sur l’enrôlement des jeunes dans les groupes armés au Cameroun, les recruteurs s’engouffrent dans l’amertume qu’éprouvent les recrues envers le système gouvernant, la critique envers ce système, la victimisation. Avec en prime, une protection physique par les gris-gris, ajoutée au confort financier. « Il y a aussi l’enrôlement sous la contrainte des pratiques mystiques, et par le biais des Ntic (Nouvelles technologies de l’information et de la communication, Ndlr) où d’alléchantes propositions de travail sont offertes aux jeunes », dixit Pierre Fichter.

Pour ce qui est des lieux de recrutements, l’enquête renseigne que les bars, les salles de jeux et les terrains de football, sont privilégiés. Raison. « Ce sont des lieux où des gens sont abdiques, dépensent beaucoup d’argent, et en ont donc toujours besoin », précise Pierre Fichter. Pas en reste, la défense de sa religion, la vengeance personnelle et la vengeance envers le régime, selon le rapport, entrent aussi dans l’argumentaire de ces jeunes qui se font enrôlés dans les groupes armés au Cameroun. Est cité en exemple, ce jeune Camerounais qui avant d’aller vivre en Centrafrique, avait vu tout son village brûlé par les Anti-Balaka. « Enrôlé, puis constatant que les visées politiques des Anti-Balaka ne le concernaient en rien, avait par la suite pris la fuite pour rentrer au Cameroun son pays », affirme alors Pierre Fichter de Dmj.

Secrétaire exécutif de Dmj, Dupleix Francis Kuenzob propose quelques pistes de sortie au gouvernement, à l’instar de la création d’emplois durables et fiables, la collaboration entre les forces armées, la police et le peuple, le renforcement des contrôles aux frontières, le dialogue social, la démocratie et l’alternance. Présents à la présentation de l’enquête pour le compte du ministère de la Défense, les deux officiers qui ont religieusement suivi la lecture du rapport, ont eux, émis le vœu de voir les travaux exploités sous-forme de documentaire pour, disent-ils, une plus massive diffusion aux fins de sensibilisation avant-gardiste.

La tribune d’Emmanuel Francis le coordonnateur de Société civile pour la paix (Scp) Cameroun qui a appelé les journalistes à donner une information fiable et non la rumeur sur ces faits d’enrôlement des jeunes dans les groupes armés, a aussi fustigé la communication officielle sur la guerre que mène le Cameroun contre Boko Haram. « Voyez par exemple dit-il, qu’il y a un attentat à Fotokol, mais l’Etat et ses médias, ne donnent l’information que trois heures après, alors que Rfi l’a déjà fait ». Attitude qui selon lui, favorise la force de la rumeur.

© Camer.be : Armel Ebellè

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