Un chef de village enlevé par un militaire du BIM
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Michel Nganboro, est introuvable depuis le 1er juin dernier.

Le chef du village Wakassao, une localité située dans l’arrondissement de Touboro est porté disparu depuis le jeudi 1er juin 2018. Ce jour en effet, Michel Nganboro, âgé d'environ 75 ans, a été enlevé de son domicile par un militaire en service au détachement du 31e Bataillon d’infanterie mobile (BIM) à Touboro. «Il a été amené par le militaire en question aux environs de 5h du matin. Il s’est présenté avec les dogaris du lamido qui étaient déjà là la veille pour collecter la zakat, une sorte d’impôt reversé au lamido de Rey-Bouba. La veille, le chef leur a fait comprendre que la pratique de zakat ne fonctionne pas dans notre village surtout que les populations sont à plus de 80% constitués de réfugiés et ce sont eux qui sont détenteurs de la plupart des bêtes ici. Ils sont repartis et ont débarqué samedi vers 5h accompagné du militaire qui a obligé le chef à les suivre.

Ils n’ont présenté aucun document pour justifier leur acte et ont simplement signifié au chef qu’il ne respecte pas les directives du lamido et s’oppose à la collecte de la zakat dans son espace de commandement. Depuis ce temps, nous sommes sans nouvelles du chef et ni le militaire qui ne s’est pas présenté, ni les dogaris du lamido n’ont donné aucune indication sur la destination qu’ils devaient emprunter», témoigne Robert Nganbéré, par ailleurs fils ainé du chef porté disparu. Selon des sources proches du BIM à Touboro, le militaire en question a agi avec l’approbation de son chef d’unité, l’adjudant-chef Amadou Garba. Mais dans l’entourage de ce dernier, sans nier l’information, on évoque plutôt une affaire entre le chef en question et certains villageois qui se seraient plaint.

Joint au téléphone, un haut gradé de l’armée dans la région qui nous affirme ne pas être au courant de cet enlèvement, reconnait néanmoins que des agissements contraires à la discipline et règlement militaire sont souvent observés dans la localité, mais que l’armée ne saurait être complice des enlèvements. «Personnellement je ne suis pas encore au courant de ce qui s’est passé, je vais aller aux nouvelles. Mais je crois qu’il ne faut pas en faire un plat. Il arrive souvent que des éléments têtus agissent de la sorte mais de manière générale, nos militaires dans cette localité ont un comportement exemplaire.

Si cela s’avère vrai, l’élément en question recevra une punition exemplaire», a-t-il confié. Pour le maire de Touboro, cet autre incident est un incident de trop. Célestin Yandal estime que cette pratique vise simplement à semer du trouble au sein des populations, car la Zakat est interdite par l’Etat. «Je déplore la fait qu’un militaire qui est supposé défendre les populations ait été utilisé pour enlever carrément un chef. Quel que soit le motif du problème, on ne peut pas débarquer à 5h du matin pour interpeller un chef comme ça, encore que jusqu’ici on ne sait même pas si c’est une interpellation parce que tout porte à croire que c’est un enlèvement. Cette pratique de la Zakat est interdite suivant les textes, mais nous continuons de la subir à Touboro au mépris de la loi.

De plus, les dogaris qui viennent ici collecter cet impôt n’ont pas le droit puisque l’arrondissement de Touboro ne fait pas partie du lamidat de Rey-Bouba. Il faut vraiment que cela cesse parce que cela est de plus en plus perçu comme de la provocation de la part des populations et ceci peut-être dangereux», a souligné de maire de Touboro, joint au téléphone.

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