RENCONTRES EN LIGNE : Quand « l'amour hi-tech » dérive
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Les adeptes de ces sites deviennent parfois dépendant des pratiques peu recommandables. Avec tous les risques que cela comporte.

Linda est une jeune femme à la peau dorée, aux cheveux soyeux et aux formes généreuses. Mère d’un enfant de six ans, cette pulpeuse aux allures d’adolescente non émancipée a le regard fuyant. Chaque fois qu’elle s’adresse à un homme, elle roule une mèche autour de son index. Un geste pas si innocent que ça. Il a fait d’elle une collectionneuse de mâles. Sans pour autant calmer ses pulsions sexuelles.

Désormais, elle utilise un « sex toy », objet principalement utilisé pour faciliter le plaisir sexuel humain, pour se soulager. Et soulager, pour quelques sous, les clients qu’elle rencontre sur la toile. Et qui lui demandent des « gâteries » par webcam. Ce qui était au départ « une activité passagère rapportant quelques sous » a fini par rendre accroc cette trentenaire qui a peur de vieillir seule.

C’est que Linda avait toujours rêvé de fonder un foyer. Elle tombe amoureuse d’un congénère qui n’a pas assumé ses responsabilités lorsqu’il apprend qu’elle est enceinte de lui il y a six ans. Mise à la rue par l’auteur de sa grossesse, et ne pouvant pas rentrer chez ses parents qu’elle avait bravés en choisissant le concubinage, Linda se retrouve chez une copine.

Pour subvenir à ses besoins et surtout garantir la venue de son enfant dans de meilleures conditions, elle doit avoir des sources de revenus. Après quelques jours d’hésitation, Linda se lance à la conquête du « Blanc » via internet. Badoo, Meetic, Parship, afrointroductions…, Linda à l’aide d’une photo la montrant à son avantage et quelques informations personnelles la concernant, investit tous les sites de rencontres dédiés aux célibataires. Au bout de quelques jours, les sollicitations affluent. Rien d’étrange, sans rien forcer Linda est une jeune qui a été gâtée par la nature. Alors, elle sélectionne ses correspondants en fonction de leur profession.

C’est le début de « l’amour virtuel ». Au terme de quelques jours d’échanges sympathiques, Linda se retrouve à se dénuder dans des cybercafés pour assouvir les désirs de ses correspondants. Mieux, elle va plus loin pour satisfaire les fantasmes des plus exigeants. Elle entretient des « relations sexuelles virtuelles ».

Selon la jeune femme, « pour des séances cam (caméra miniaturisée utilisée pour des échanges filmés Ndlr), je percevais au moins 150 000 FCFA ». Poursuivant sa narration, elle détaille : « il fallait qu’à l’aide d’un godemichet, je me masturbe jusqu’à ce que mon correspondant prenne du plaisir à l’autre bout du monde. Tout de suite après, je recevais un transfert d’argent oscillant entre 150 000 FCFA et 200 000 FCFA. »

D’année en année, de rencontre en rencontre, Linda s’est livrée à ce spectacle. « Cela m’a permis d’accoucher dans de bonnes conditions et de m’occuper de la scolarité de mon fils », reconnaît-elle. Seulement, au bout de trois ans de pratique régulière, elle a pris goût à cet exercice au point d’en devenir « accro ». « Il arrive parfois qu’en faisant la cuisine, une envie subite me prenne. J’abandonne tout, je pars d’abord l’assouvir, avant de revenir poursuivre mes activités », avoue-t-elle. Linda explique son insatiable appétit pour ces objets, par le fait qu’« ils sont toujours à portée de main et réglables à ma guise ».

Si la jeune  femme reconnaît être fortement attachée à l’usage de ces « jouets », ce n’est pas faute d’avoir essayé de laisser tomber. En effet, après avoir fait la rencontre d’un Camerounais lors d’une levée de corps, Linda abandonne les sites de rencontre pour se consacrer à son amant. Ce d’autant plus qu’il a su se montrer attentionné. « Il m’a payé une formation en secrétariat bureautique. A l’issue de celle-ci, il m’a ouvert un secrétariat », raconte-t-elle. Même si elle n’était pas toujours satisfaite sous la couette, elle s’était convaincu que « ça viendrait avec le temps » puisqu’ils avaient des projets à long terme. Mais tout a basculé le jour où une dame se présentant comme l’épouse de son amant, l’a brutalisée devant celui-ci sans qu’il ne bronche.

Face à ce traumatisme survenu il y a plus d’un an et surtout lorsqu’elle se rappelle comment le père de son enfant l’a renié, Linda ne voit plus les hommes d’un bon oeil. Par conséquent, elle s’abandonne à son « jouet », car pense-telle « lui, ne me décevra jamais. » Pour autant, désireuse de ne pas vieillir sans une présence masculine à ses côtés, la trentenaire prétend se battre contre son addiction aux jouets sexuels, et souhaite pouvoir à nouveau faire confiance aux hommes. Mais lorsqu’on évoque la piste des rencontres en ligne, elle répond : « ça réussit probablement à d’autres, mais moi j’en paie encore les frais ! » A l’ère des smartphones et tablettes qui facilitent de plus en plus des rencontres de ce genre, nombreux comme Linda sont exposés à cette dérive.

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