HENRI EFFA: Un monument de l'histoire du Cameroun
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HENRI EFFA: Un monument de l'histoire du Cameroun :: CAMEROON

L’ancien séminariste parle d’Ahidjo, des avancées engrangées par le Renouveau, de son parcours scolaire et de sa vie politique.

Du haut de ses 98 ans, Henri Effa, ancien séminariste d’Akono de 1936 à 1941, était âgé de 62 ans, au soir du 6 novembre 1982, date d’accession au pouvoir de Paul Biya, un événement historique qu’il n’oubliera jamais :

« lorsque le président Paul Biya accédait à la magistrature suprême le 6 novembre 1982, je n’étais pas au Cameroun. Je me retrouvais du côté du Zaïre (Rdc aujourd’hui) et ce sont des compatriotes qui avaient écouté la radio ce jour-là qui m’ont tenu informé. J’ai dû attendre un peu en cherchant par tous les moyens de savoir ce qui avait poussé le président Ahidjo à la démission, tout en essayant de comprendre l’idée que se faisait des compatriotes sur cette affaire. Dès mon retour dans le pays, j’avais constaté que l’atmosphère était bizarre. Ç’était la grande surprise à laquelle personne ne s’y attendait. Surtout pour un Ahidjo qui avait un pouvoir très fort, apprendre qu’il démissionne, cela sonnait comme une espèce de bobard dans les oreilles des Camerounais. Certains croyaient à cette nouvelle et d’autres pas. Il y avait des personnes qui prenaient la fuite en apprenant une telle nouvelle », raconte-t-il.

En novembre 1982, Henri Effa et son ami Jacques Noah, technicien de santé animaient des émissions de santé en langue française et ewondo à radio Cameroun. Des émissions quotidiennes à travers lesquelles les femmes avaient pour habitude d’adresser des messages au président Amadou Ahidjo.

Né à Koumassi en Gold Coast (actuel Ghana) le 24 novembre 1920, de Pierre Effa et de Lucie Avouzoa, le patriarche Henri Effa fait encore partie des rares sages de la République. Après avoir passé sa prime enfance (1922-1932) du côté de la Haute Sanaga au Cameroun où son père était chef catéchiste, il entre à l’école primaire de la mission catholique de Mvolyé en 1933 jusqu’au cours élémentaire 2ème année en 1935. Il intègre l’internat latiniste de Mvolyé entre 1935 et 1936, puis poursuit des études secondaires de la 5ème en terminale au petit séminaire St Joseph d’Akono où il a toujours été premier élève de sa classe.

Dans la période allant de 1941 à 1944, le patriarche Henri Effa passe deux années de philosophie scholastique en latin au grand séminaire Saint Laurent de Yaoundé, puis est de nouveau envoyé en  stage d’une année au petit séminaire d’Akono où il est enseignant de mathématiques de la 5ème en terminale de 1944 à 1945.

Henri Effa étudiera la théologie thomiste tout en latin (1945-1947), puis sera envoyé de 1947 à 1948, passer sa deuxième année d’épreuve (stage) à la mission catholique de Nlong à 40 km de Yaoundé, avec pour principale mission de préparer les frères camerounais au diplôme des moniteurs de l’enseignement générale (Dmeg). De retour de cette mission, il sera renvoyé du séminaire la même année. Soucieux d’avoir un emploi, Effa sera recruté comme employé journalier au service des finances, section comptabilité matières de 1948 à 1949 puis démissionne.

Intéressé par le service sacerdotale, Henri Effa va de nouveau rejoindre les rangs des missionnaires avec les Pères Oblats de Marie Immaculé (Omi) et sera envoyé du côté à Fignolé, préfecture apostolique du Nord Cameroun sous la coordination de Mgr Yves Plumey de 1949 à 1950.

Paysage politique

Dès son retour à Yaoundé, Henri Effa sera employé à la Compagnie commerciale d’Afrique Occidentale (Fao) de la ville comme comptable, caissier et gérant des produits pétroliers de 1951 à 1957, année de sa démission. Entre temps, Henri Effa avait célébré son mariage traditionnel, civil et religieux en 1953 avec Rosalie Nfoumou et de cette union sont nés neuf enfants dont deux décédés à ce jour. 

Entre 1953 et 1956, il sera fait président de la Jeunesse ouvrière chrétienne (Joc) de la Fédération du vicariat apostolique de Yaoundé, et de 1956 à 1960, il est président national, puis président panafricain de la Joc internationale qui lui octroie une bourse de voyages de l’Unesco, (Italie, Suisse, Rfa, Belgique et France).

Passionné par la lecture des journaux, Henri Effa a intégré L’Effort Camerounais, l’unique hebdomadaire catholique du pays de 1957 à 1960, comme premier rédacteur en chef camerounais de ce journal.

La carrière politique d’Henri Effa débute en 1960 lorsque le 10 avril de cette année-là, il est élu premier et unique député de la capitale du Cameroun indé- pendant, âgé d’une quarantaine d’années.

Deux ans plus tard, en mai 1962, Effa sera élu député fédéral et vice-président de l’Assemblée nationale fédérale et en juillet de la même année, au congrès de l’Union camerounaise (Uc) à Ebolowa, il est élu au bureau exécutif en qualité de secrétaire à l’information, à la presse et à la propagande. 

En octobre 1962, Henri Effa est membre de la délégation gouvernementale à l’ouverture du Concile Vatican II, puis se met au service de l’archidiocèse de Yaoundé, comme unique laïc dans la structure pastorale de la formation permanente de 1973 à 1975. Il sera alors fait président du Conseil d’administration des Caisses populaires de Yaoundé (Ucpy) entre 1975 et 1982.

Il est à ce jour considéré comme un monument de l’histoire, une source de sagesse à laquelle de nombreuses générations devraient s’abreuver afin de connaitre l’histoire du Cameroun. Ses proches le connaissent comme un homme déterminé. « Henri Effa est une personne qui attire beaucoup d’admiration, notamment dans sa façon de vivre. Il est très réservé et est d’une intelligence raffinée…

C’est un Catholique pratiquant, en même temps qu’un organiste remarquable surtout pour l’accompagnement du chant grégorien. C’est un musicien qui affectionne la musique classique », se souvient Jérôme Mvondo, son neveu.

Interrogé sur la situation politique de l’ère Ahidjo et la période du renouveau du président Paul Biya, Henri Effa s’exprime sur la question en relevant les points positifs apportés par cette politique sur la scène politique du Cameroun. De ce fait, Henri Effa salue les efforts entrepris ces dernières années par le président de la République qui use de sa bravoure pour faire régner un climat social de paix et de vivre ensemble pour un Cameroun prospère. Selon lui, tout pouvoir vient de Dieu. « Lorsque le président Paul Biya arrive au pouvoir, cela semble ne pas plaire à certains intellectuels du pays de cette époque-là surtout lorsque le président Biya a commencé à parler de rigueur et de la moralisation… Avec Biya, il y a eu de grands changements notamment sur le plan politique, économique puisque les institutions se sont multipliées, je pense que le Cameroun a beaucoup évolué ces 35 dernières années », a -t-il déclaré.

Outre ces prestations et son intelligence, le parcours scolaire d’Henri Effa n’a aucunement été soldé par un diplôme. Au soir de sa vie, Henri Effa passe aujourd’hui le reste de son temps dans son domicile sis au quartier Messa Mezala à Yaoundé, en compagnie des membres de sa famille qui profitent au maximum de ses conseils. 

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