Opération Epervier : Les confidences de Beh Mengue
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Annoncé tantôt en cavale, sous tentative de fuite ou sous interdiction de quitter le pays, l’ex-secrétaire général du ministère des postes et télécommunications, qui a passé 18 années comme directeur général à l’agence de régulation des télécommunications (Art), est dans le viseur de l’oiseau-rapace (opération Epervier). 

1- La Tyrannie de diabolisation 

Toute la semaine dernière, Jean Louis Beh Mengue a réussi l’exploit d’être au-devant de l’actualité qui présente l’ex-Dg de l’Art, comme une autre proie, dans le registre des anciens serviteurs du chef de l’Etat, que les « Hommes du système » du régime du Renouveau, ses camarades du Rdpc veulent lâcher dans les griffes. Le Messager après une longue période de « chasse à l’homme » a retrouvé l’ex-Dg, terrifié, terrassé par la maladie, terré dans son domicile, dans l’un des quartiers populaires de la ville de Yaoundé. 

Le membre du comité central du Rdpc, parti au pouvoir, qui nous accueille, en plus de confier d’entrée de jeu qu’il a confié son sort à Dieu ; affirme que c’est par voies des ondes, de la presse écrite et des réseaux sociaux (via Internet), qu’il a abondamment appris sur son envie de quitter, le Cameroun, par une démarche irrégulière. Comme un clandestin. Au premier contact, sont bien visibles  le spectre du désarroi,  le ressentiment de la disgrâce, la déchéance et le genre de  triste fin que le régime du Renouveau, nous a habitués à réserver  à certains plus proches collaborateurs du président de la République Paul Biya, une fois qu’ils ne sont plus aux affaires. Mais comment comprendre que le rouleau compresseur,  se referme si facilement sur un homme du sérail ? 

Qui sont-ils, ceux, tapis dans l’ombre, à tirer les marrons du feu, à jeter en pâtures des anciens « camarades », à construire le gril de  la violence, la brutalité, les haines et les rancœurs au sein d’un appareil gouvernant qui, comble de paradoxes, a amorcé sa propre autodestruction ? Le cas Jean Louis Beh Mengue, est l’un des plus patents qui montre que le Renouveau ne peut plus masquer ses tares. Plongé dans une espèce de mutinerie à bord, il fait face à  ses propres vomissures. Le président de la République est-il sans pitié,  sinon, est –il le chef d’orchestre d’une danse funeste qui consiste à laisser mourir ses anciens collaborateurs ? Sinon, quels sont les membres, de quels réseaux, qui tapis dans l’ombre, tirent les marrons du feu ? Le Messager est allé à la rencontre Jean Louis Beh Mengue.

2-  La tête entre deux feux 

Un pantalon à l’allure quelconque, un tricot banalement arboré avec au-dessus un survêtement à bras longs, une paire de babouches « samara » aux pieds, difficile d’accepter que le septuagénaire que nous rencontrons par effet de surprise dans son domicile est un ancien Dg. Jean Louis Beh Mengue a rapidement pris la couleur locale. Il crie au dénuement, à l’absence des ressources matérielles et financières. « Chaque jour qui passe, je me bats d’arrache-pied, avec beaucoup de détermination, pour commencer à percevoir ma pension retraite que je n’ai touchée depuis une quinzaine d’années. Seule ma pension retraite constituée va me permettre d’assurer mes vieux jours et les conditions de vie de ma famille » lance l’ex-Dg de l’Art. 

Malgré le sentiment du devoir de réserve et l’impression de la rétractation qui traversent son visage, l’ex-Dg s’il tente d’accuser la presse, qui s’est longuement exprimée sur sa tentative de prendre la fuite, de quitter le pays par une voie de clandestinité, se ravise et affirme, qu’il est victime d’une cabale bien huilée savamment montée par des gens qui sans pudeur, avec mépris et manque d’élégance, veulent absolument avoir sa peau ou le voir finir le reste de ses jours en prison. Aux sources de sa première cabale et l’origine erronée du clash avec ses adversaires qui n’ont jamais baissé les bras ; mais continuent à aiguiser la corde des rancœurs et de la haine, il y a cette volonté affichée, dix ans après sa mandature à la tête de l’Art, de construire un immeuble-siège avec achat du matériel ultra moderne et l’entière équipement. 

« Le feuilleton remonte en 2007-2008. Nous voulions faire tout cela avec des fonds propres ; nous avions déjà accumulé plus de vingt millions. Le marché s’élevait à 13 millions. Nous avions été regardants sur la guerre des soumissionnaires et une volte-face contre les amateurs et les affairistes. Le marché a été accordé ; mais les perdants ont œuvré dans la manipulation ; jouant de mauvais perdants, ils se sont mis à manœuvrer dans les eaux troubles ; aveuglés par le fait que c’est moi qui avait attribué le marché à leur concurrent ; alors que c’était le premier ministre. Ils m’ont noirci, jeté en pâture et à la vindicte de mes collaborateurs, arguant que j’avais pris des pots-de-vin de près de deux milliards » martèle l’ex-Dg. Passé cet épisode qui lui vaut des inimitiés jusqu’à ce jour, le directeur général, avoue que de manière vicieuse, cynique et nocive,  la cabale doublée de complot, est allée s’intensifiant et s’aggravant depuis qu’il est  « tombé ».  

A le croire, ses adversaires utilisent tous les moyens pour  verser de l’opprobre, des salissures jusqu’à l’extrême humiliation.  L’homme qui affirme avoir reçu une solide formation dans les métiers de la poste et des télécommunications, clame avoir bien servi et même représenté l’Etat du Cameroun, au plus haut niveau ; six années passées comme secrétaire général au Minpostel, puis 18 années à l’Art dont il peut se vanter d’en être le principal artisan ; le manager qui a structurée et placé l’agence de régulation des télécommunications au firmament.  Il dit son amertume à constater comment une fois déchu de ses fonctions, il est présenté comme un candidat à la potence ou un futur bagnard. Après avoir échappé aux griffes dans ce dossier, ceux qui avaient planifié sa descente aux enfers, programmé sa « mort » lente, sont passés à la vitesse supérieure. Ils lui ont collé sur les fesses, le Consupé qui a dépêché sur les lieux, des inspecteurs ; lesquels s’y sont installés,  opérer des contrôles sur des forfaitures dites avérées et impunies selon eux. 

Après huit mois de contrôle, le rapport des inspecteurs du Consupé, épingle l’ex-Dg, pour des fautes de gestion de l’ordre de 18 milliards. L’affaire reste en veilleuse pendant quelques temps, jusqu’à ce que le Dg, soit invité à s’expliquer au conseil de discipline budgétaire et financière. Parallèlement, un dossier de justice, est en plein montage au tribunal criminel spécial (Tcs). « Alors que je m’organise à présenter mes arguments de défense au Consupé, 72 heures après, je suis convoqué au Tcs. J’ai compris que j’étais pris entre deux feux ; que le stratagème consistait à me griller des deux côtés. Plus tard j’apprends que je ne suis plus appelé à m’expliquer sur des fautes de gestion de 18 milliards, mais sur des détournements des fonds de 193 milliards » tranche-t-il.  

Invité à s’étendre davantage sur le sujet, Jean Louis Beh Mengue, convoque, le secret de l’instruction. « Le passage de 18 milliards à 193 milliards, me dépasse ; mais l’affaire est entre les fins limiers du Tcs. Je crois aux magistrats et à la justice de mon pays. S’il y a des fautes de gestion dont l’on m’accuse, c’est au Tcs d’en dire plus. Je ne peux pas m’étendre dans les journaux, expliquer des choses  sur un dossier qui est entre les mains de la justice » clame-t-il.  

3-Entre cynisme et Acharnement  

« Je ne suis plus jamais sorti de chez moi ; tout d’un coup, j’apprends que je suis en cavale ; je tente de fuir par des voies irrégulières. Je n’ai aucune intention de fuir. A mon vieil âge, 71 ans, je vais traverser les frontières pour aller chercher quoi à l’étranger. Je vais  exercer quelle activité là-bas, pour vivre  de quoi; alors qu’ici, il y a au moins ma pension de retraité que j’attends. Durant toute ma carrière, mes fonctions m’ont amené à faire des voyages et de nombreux voyages à l’extérieur du pays. Je suis dégouté, plus d’envie, ni l’intention d’aller vivre ailleurs.  Si malgré tous les services que j’ai rendus à la nation, il se trouve que je dois finir mes jours dans la prison, j’accepte faire la prison dans mon pays » s’indigne l’ex-Dg. Après le vent du retrait de son passeport qui a soufflé et dont on n’est pas formellement sur du retrait, on assiste à la tornade sur son interdiction tacite (non signifiée) de sortie du pays. Ses détracteurs, évoquent plusieurs  dossiers chauds, pour lesquels, l’on veut épingler l’ex-Dg.  

On accuse Jean Louis Beh Mengue d’avoir joué d’intelligence et conspiré avec les opérateurs de téléphonie mobile en faisant perdre des milliards, à l’Etat du Cameroun. Au prétexte de la lutte contre la corruption et les détournements, Jean Louis Beh Mengue qui est présenté aux  yeux de Paul Biya comme un prédateur et profiteur de la fortune publique, souffle le chaud et le froid. S’agissant du message porté du préfet de la Vallée du Ntem, qui a occupé les grandes unes des médias, l’ex-Dg de l’Art, se dit surpris par une telle actualité qu’il n’aurait découvert que dans les journaux. « Il y a certainement une main noire qui manœuvre et veut me pousser à faire la faute, afin que l’on m’amène à Kondengui » lance-t-il. Jean Louis Beh   Mengue qui n’est pas officiellement placé sous mandat de dépôt est convaincu que, une certaine tendance qui veut le voir être happé officiellement par la spirale de l’opération Epervier, en multipliant les fausses nouvelles, a l’intention de forcer la main au chef d’Etat à l’effet de l’envoyer rapidement à l’échafaud et à l’abattoir. 

« Je ne veux pas fuir. Je ne vois pas la nécessité de fuir. J’attends ma sentence entre le Consupe et le Tcs. Si je tente de fuir, cela veut dire que j’assume la responsabilité de ce dont on m’accuse. J’ai six enfants, vingt et quatre petits fils. Si je dois aller en prison au Cameroun, à Kondengui, je supporterai. Mes enfants, ma famille viendrait me donner à manger en prison ».

Jean Louis Beh Mengue qui n’élude pas les batailles politiques ; des coups de certains de ses adversaires du Sud, aujourd’hui en position de force ; dont l’envie manifeste est de le voir en prison, dit ne pas comprendre l’obsession qu’il y a à envoyer en prison, quelqu’un qui a été au service de son pays, pendant quarante-trois ans. « Quand on est fort, ou, qu’on occupe les positions et des postes de pouvoir, l’on ne doit pas en profiter, pour brimer les autres » conclut-il. 

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