Cameroun:Il était une fois…le « train de la mort »
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Cameroun:Il était une fois…le « train de la mort » :: CAMEROON

Plus d’une centaine de passagers qui avaient quitté la gare centrale de Yaoundé à bord du train 152, à destination de Douala ont rendu l’âme suite du déraillement survenu à Eseka vendredi 21 octobre dernier.

Hécatombe, catastrophe, tragédie, drame, horreur, atrocité ou cruauté… Aucun vocable n’est à la hauteur pour décrire la scène que la ville d’Eséka, petite localité située dans le département du Nyong Ekelle, région du Centre a vécu ce fameux vendredi 21 octobre 2016. Du sang a coulé sur le chemin de fer ; des Camerounais ont perdu la vie sur les rails.

L’ambiance qui régnait à ce qui tient lieu de services des urgences à l’hôpital de district lorsque le reporter du Messager arrivait aux environs de 18h, était indescriptible. Dans un couloir de la salle qui conduit au bureau du médecin-chef, des corps sans vie, couverts de sang et des vêtements maculés de boue.

S’il était facile d’identifier certains, ce n’était pas le cas pour d’autres. Entre entailles, hématomes, blessures profondes partout ou visages tuméfiés, le nombre de dépouilles agrandissait. Une vraie boucherie humaine pour parler avec euphémisme. 

Impossible de les ranger à la morgue déjà pleine à craquer depuis le début de l’après-midi. En attendant de trouver leurs pièces d’identité pour tenter d’établir une liste fiable des victimes qui ne
faisait que s’allonger, l’équipe médicale, aidée dans cette tâche babylonienne par les secouristes, devait supporter la chaleur suffocante qui règne et les images de ces corps qui continuaient d’arriver.
le train de la mort.

Inconsolables, parents et proches de certaines victimes faisaient déjà le deuil. L’hôpital s’était transformé ce vendredi après-midi, en un théâtre de lamentations. Des proches des disparus ayant appris la nouvelle, regagnaient la ville du drame à partir des tronçons presque impraticables. Partis de Yaoundé, ils avaient bifurqué par Ngoumou pour débarquer au village baptisé « Mom-Gare » puis à Minkaa ensuite Makak avec pour point de chute, Eseka que beaucoup ont surnommé depuis le sinistre « la ville cruelle ». 

Tous ceux qui arrivaient ici, s’empressaient de demander le lieu du drame où un cordon de sécurité a été déployé par le génie militaire. Les premiers secouristes arrivés sur place ont parlé de « crash aérien » pour décrire l'état des wagons à l’origine du déraillement et projetés à des dizaines de mètres de la voie ferrée. 

Le « train de la mort », comme le qualifiaient déjà les médias dont les reporters ont pris d’assaut le lieu, avait dévasté un périmètre de plusieurs centaines de mètres le long de la voie ferrée. Des témoins assuraient que des carcasses de wagons, une quinzaine au moins, gisaient ici et là, dans un impressionnant amas de ferrailles.

la guerre des chiffres

Une scène hallucinante que les forces de maintien de l’ordre ont vécu avec beaucoup d’émoi et de consternation. Le travail des secouristes, apprend-on, a été d'autant plus difficile que l'accident s'est produit dans une zone fortement accidentée, éloignée de la route bitumée. Toute chose qui les a contraints d'abattre des murets de pierres pour accéder au lieu de la catastrophe. Les chiffres oscillent entre 80, 100, 300 morts et même plus.

Après enquêtes, l’on apprendra que le train était bondé suite à la coupure de la route Yaoundé-Douala après l'effondrement d’une buse d’écoulement dans la nuit de jeudi à vendredi. Face à cette situation, les voyageurs s'étaient alors rabattus en masse vendredi matin vers les gares de Douala et de Yaoundé, nombre d'entre eux n'ayant pas les moyens de prendre l'avion. Cette marée humaine n’avait pas imaginé un seul instant que l’irréparable devait se produire. C’était il y’a sept mois !

Au moment où la copie de l’enquête est mise à la disposition du public, 4 familles demeurent sans nouvelles des leurs. Parmi celles-ci, un avocat au barreau du Cameroun

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