Chefferie traditionnelle : Des soupçons de détournement de la succession à Avebe-Esse
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Le sous-préfet de Sangmélima est accusé d'avoir biaisé le processus au détriment du successeur légitime pour désigner la nièce du défunt chef, de nationalité française, âgé de 82 ans et vivant à l’étranger depuis 61 ans.

C’est une mine d’enterrement qu’affichaient le 24 mars dernier, les populations d’Avebe-Esse, une bourgade située dans l’arrondissement de Sangmélima, sur le tronçon routier Sangmelima-Mengong. Et pour cause, une inconnue vient d’être désignée chef de 3e degré de leur village pour mettre un terme à la vacance qui a commencé avec le décès du chef Joseph Emmanuel Obah, en 2011, après 48 ans de règne.

Les habitants  accusent l’administration, avec en tête le sous-préfet de Sangmélima, d’avoir violé les règles de succession dans leur chefferie. « Il est venu pour désigner une certaine Suzanne Evina Medjo, épouse Thimber, une octogénaire de nationalité française, puisque mariée à un français depuis 1963 et résidant dans l’hexagone depuis 1956 », lance un habitant. D’après un administrateur civil principal en service au ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation (Minatd), les chefs traditionnels sont nommés sur avis des « notables » de la chefferie.

L'autorité administrative entérine ensuite leur nomination, laquelle est publiée au journal officiel. Toutefois, il peut arriver que l'administration refuse le choix des notables et imposent un autre chef. Mais ce cas reste très rare. Selon un juriste, l’article 8 du décret sus-cité laisse une certaine ouverture que des autorités exploitent parfois pour des raisons inavouées. Il énonce que « Les chefs traditionnels sont, en principe, choisis au sein des familles appelées à exercer coutumièrement le commandement traditionnel. Les candidats doivent remplir les conditions d’aptitude physique ou mentale requises, à avoir autant que possible, lire et écrire ».

D’un autre côté, l’article 11 du décret du 15 juillet 1977 portant organisation de la chefferie traditionnelle stipule en effet que « les notabilités coutumières compétentes, sont obligatoirement consultées pour la désignation d’un Chef ». C’est la raison pour laquelle « les notables reconnus ayant refusé d’être complices de cette imposture, le sous-préfet a changé le collège des notables à trois reprise. Pour finir, il a demandé à Suzanne Evina de lui proposer les noms des notables, et naturellement, cette dernière n’a choisi que des personnes entièrement à sa solde dont ses propres employés », confie un témoin.

Conséquence, la française de 82 ans remporte l’élection au détriment de Johny Obah Obah, successeurs légitime désigné par le défunt chef, et qui s’acquittait déjà de cette charge 6 ans avant le décès de son père. « Elle ne connaît personne au village et aucun de ses enfants ou petits enfant n’a déjà mis ses pieds en Afrique », explose un notable déchu. Pourtant, en règle générale, explique un Sous-préfet retraité, la succession à la tête de la chefferie va du père à son descendant direct, c’est à dire fils du défunt chef. « Parfois ce successeur est choisi par son père avant sa   mort », explique notre source.

Dans l’entourage de Suzanne Evina, l’on se réserve de tout commentaire en évoquant la soumission à la décision de l’administration. Une source confie que pour écarter le frère  cadet de Suzanne Thimber, Jean Marie Oyono Medjo, le chef de terre a cité l’article 17 du décret de 1977 qui dit que « le chef doit nécessairement résider sur son territoire de commandement ». « Ce dernier est allé en France en 1984 mais conserve sa nationalité camerounaise. Mais le chef de terre a refusé d’appliquer cela sur Evina, malgré l’insistance de Ghislain Mboutou Elle, chef du canton Nlobo Lobo,  territorialement compétent,et d’un ancien préfet natif de la localité », indique un habitant.

« On a arraché la chefferie à mon frère désigné par son défunt père. C’est un faux à ciel ouvert, elle a donné de l’argent au souspréfet », dénonce une des filles du défunt chef. . Les populations se disent déterminée à contester jusqu’au bout ce chef qui leur a été imposé par le sous-préfet à coup de menaces. « Un jeune qui a voulu s’y opposer a été mis aux arrêts et incarcéré pendant toute la journée au poste de gendarmerie du village », témoigne une source. Actuellement, Johny Obah Obah qui se refuse à toute déclaration dit attendre la suite qui sera donnée à la requête introduite auprès du préfet du Dja et Lobo. Mais déjà, l’affaire fait les choux gras des média locaux, notamment par la voix de Medjo Zilli qui a ouvertement dénoncé cela sur les antennes de la radio Colombe.

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