Extrême Nord : Un mort lors d’émeutes à Maga
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Un soldat de la marine nationale a blessé deux habitants du Mayo Danay, mercredi 21 octobre 2015, dont un mortellement. En représailles, les populations ont vandalisé le poste des militaires et brûlé leur matériel.

La fièvre était retombée hier midi à Maga. La veille, mercredi 21 octobre 2015, les populations du quartier Dougui, de cette ville lacustre du département du Mayo Danay s’étaient soulevées contre des marins stationnés à Maga. Ils reprochaient aux militaires d’avoir abattu Adoum Seini ou « Adam Sirou », d’une balle tirée à la nuque et d’avoir blessé au cou Oumar Hassan. En représailles, des populations ont saccagé la caserne de la Marine nationale de Maga, ils ont incendié des motos (5) en fourrière, brûlé un piçk up, tenté de brûler et de détruire un camion, calciné deux hors bords et deux motos des militaires.

Hier, à l’arrivée du gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, venu s’enquérir de la situation, la tension était retombée. C’est Atourou Bousga le Lawan (çhef de 2ème dégré ndlr) du village Dougui qui a présenté à Midjiyawa Bakary la dépouille de Adoum Seini . Si le sexagénaire était plutôt calme, les proches du défunt, fulminaient encore de colère. Ils nous ont expliqué que, mercredi dernier à 19h49 C a m e r. b e, la ville s’apprêtait à regarder le math de Champion’s league qui a opposé le Psg au Réal de Madrid. Tous les jeunes ont alors convergé vers le marché de la ville où un homme tient un vidéo-çlub Camer.be. Les amateurs de football étaient en train de s’installer quand ils ont vu deux soldats de la Marine, interpeller un jeune connu sous le nom de « Mamy ». Le motocycliste aurait docilement obtempéré mais, un soldat de 2ème classe l’a accueilli d’une grande gifle une fois l’engin à l’arrêt. Le jeune, a alors voulu en venir aux mains avec ses deux tourmenteurs.

L’aîné de Mamy, par ailleurs propriétaire de la moto est intervenu pour demander à son jeune frère de laisser les militaires emporter la moto. Seulement, le propriétaire aurait pris la précaution de fermer le robinet d’essence qui part du réservoir vers le moteur. Un attroupement hostile aux militaires s’était déjà créé. Ils ont essayé de faire démarrer l’engin pour le conduire à la fourrière. Ils n’y ont pas réussi d’autant que le robinet d’essence était fermé. Les quolibets de la foule de badauds qui grandissait se sont transformés en jet de pierres.

Les badauds reprochaient vivement aux militaires de violer la restriction de circulation des motos qui est prévue pour commencer à 20 h. Les pierres fusaient de partout de plus en plus grosses et les jets de plus en plus précis. Un des projectiles des badauds à fini par atteindre un soldat de 2ème classe à la tempe. Il a porté la main à la joue et l’a ramenée maculée de sang. Il a alors tiré deux rafales de son pistolet en l’air croyant disperser les badauds. En réponse, ceux-ci ont redoublé de jets de pierres. Il a ensuite tiré deux autres rafales, le canon de son fusil pointé à l’horizontale Camer.be. Il l’avait orienté un peu à côté des lanceurs de pierre qu’il espérait intimider C a m e r. b e. C’est ce tir que le soldat a orienté dans le vide pour ne pas blesser leurs tourmenteurs qui atteint Adoum Seini à la nuque, le tuant sur le champ et qui a effleuré Oumar Hassan au cou. Les deux hommes ne s’intéressaient pas au football et devisaient tranquillement à l’écart de la foule. Ils habitaient le quartier Dougui et étaient sortis l’un et l’autre acheter du crédit pour leur téléphone. L’un comme l’autre étaient âgés de 32 ans.

Adoum Seini était chauffeur à la Semry depuis trois ans. Il était marié à trois femmes et en avait eu 13 enfants. Oumar Hassan a été évacué à l’hôpital régional de Maroua sous la diligence du gouverneur après les évènements. La blessure du commerçant n’était pas assez grave pour porter atteinte à sa vie. Après le tir du soldat, il s’est rendu compte qu’il avait blessé au moins une personne. Ave son camarade, ils ont transporté Oumar Hassan à l’hôpital de Maga. Personne ne s’était aperçu que le corps de Adoum Seini gisait sans vie non loin. Quand les populations l’ont découvert ca été l’escalade Camer.be. Le « Loulou », le çri de guerre des Mousgoum a retentit. C’est perçu par les membres de cette ethnie que le peuple maga et ses environs comme une injonction est soti. Un natif de la ville nous a confié que les hommes qui ne répondraient pas au « Loulou », verraient leurs épouses se détourner d’eux. Les personnes sont sorties des cases après cette alerte. Elles ont porté le corps sans vie et se sont dirigées vers le camp des marins.

Ces derniers sont commandés par un  natif du coin qui a tout compris et a ordonné à ses hommes de se mettre à couvert. Les manifestants ont d’abord déposé le corps sur la véranda de la villa qui sert de casernement. Ils ont saccagé le poste, brûlé des motos et les voitures qu’ils pouvaient. Jeter une mitrailleuse lourde 12/7 au bûcher, dispersé les chargeurs et les balles que les militaires ont abandonnées dans leur retraite. Puis, mécontents de n’avoir pas trouvé les militaires, ils se sont dirigés à la résidence du sous préfet de Maga C a m e r. b e. Abdoulaye Oumarou qu’ils ont surnommé «clé 14 » était chez lui. Ils l’auraient rudoyé toute la nuit. D’autres manifestants se sont dirigés vers le fleuve et ont détruit par le feu les deux hors bords de la marine. Ce dernier acte n’était pas fortuit. L’on a appris qu’ils s’en sont pris aux deux embarcations, parce que, prétendent-ils, les marins s’en servent pour les persécuter. En réalité, il est institué chaque année du 1er juillet au 1er octobre une période de repos biologique du poisson. C’est celle qui correspond à la période de ponte. La pêche est interdite. Cette période est un supplice pour tout le monde.

Les pêcheurs violent l’interdit allègrement à la première occasion. Les marins montés dans leurs hors bords les interpellent et ça se termine souvent par un pourboire. Autre violation de l’interdit, c’est la très officielle « pêche administrative » celle que les fonctionnaires autorisent à certains pêcheurs de leur choix pour approvisionner en poissons frais telle ou telle autre autorité de passage dans la région. En brûlant les hors bords C a m e r. b e, le problème du rançonnement des pêcheurs ou de la confiscation de leur poisson est résolu. Mais, à Maga, il y a aussi la mévente du riz qui a appauvri les jeunes et les rends irascibles. Le prix du sac de Paddy de 80 kg qu’ils vendaient l’an dernier à 14.000Fcfa au Nigéria ou au Tçhad voisin s’est vendu cette année à 6.000Fcfa Camer.be. Pour les causes d’insécurité dans l’un de ces pays et de la restriction de la circulation sur le Logone, le commerce avec l’autre est interdit. Les planteurs qui s’endettent au début de chaque saison auprès de la Semry qui leur fourni à crédit les intrants se sentent acculés. L’échéance de la dette approche Autre source d’anxiété, la restriction de la circulation des motos que des militaires exigeaient à Maga. « Ils nous prennent 1.000 çfa sans contrôler la moto à la sortie de la ville et 1.000 fcfa à l’entrée. Si on ne paye pas, ils mettent la moto en fourrière.

Il faut alors payer 25.000 Fcfa pour récupérer sa moto », raconte Djoubeirou, un habitant de Maga. Les militaires auraient installé une juteuse « arnaque » autour de la restriction de la circulation des motos. « Au lieu de commencer à arrêter les contrevenants, ils commencent leur sale besogne dès la tombée de la nuit. Ceux qui refusent de s’arrêter sont appelés Boko haram et on leur tire immédiatement dessus, c’était le cas mardi dernier à Dougui », nous ont dit plusieurs habitants. Le gouverneur, après une longue réunion avec des notables de la ville, a annoncé qu’une commission d’enquête est mise sur pied qui devra rendre ses résultats dans une semaine. Il a demandé aux populations de poursuivre leur cohabitation en toute convivialité. « L’ordre doit être rendu à la loi. Tous les citoyens doivent respecter la loi. Il ne faut pas qu’on se trompe d’ennemis, notre ennemi commun c’est Boko haram.

© Le Jour : Aziz Salatou

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