Tribunal criminel spécial : le commissaire divisionnaire Enyegue Mbolong sur la voie de sortie
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Le cas du chef de l’unité des enquêtes du corps spécialisé des Opj est davantage préoccupant, après le limogeage du procureur général du Tcs.

Une autre scabreuse affaire de corruption devrait ébranler le Tribunal criminel spécial (Tcs) dans les prochains jours. Elle met, cette fois, aux prises Éric Christian Effa Ngono, inspecteur de police principal, en service au sein du corps spécialisé des officiers de police judiciaire (Opj) à un justiciable, à qui l’élément sus-cité a escroqué la somme de 2 millions de francs. Il ressort en effet des premières indiscrétions, autour de l’enquête, que le flic aurait agi sous les ordres du commissaire de police divisionnaire Enyegue Mbolong. Seulement, ajoutent ces informateurs, le patron des Opj du Tcs, en pensant se dédouaner, va se fendre d’un rapport suggérant simplement que l’inspecteur de police principal, actuellement en exploitation à Police judiciaire et qui s’est mis à table, soit remis à la disposition de la délégation générale à la Sûreté nationale, pour que l’affaire soit classée.

Cette démarche va éveiller la suspicion des responsables de la Chancellerie, qui y sentent le roussi. Ils se demandent comment un gradé du rang d’Enyegue Mbolong, censé maîtriser les lois et règlements de la République, peut ainsi donner l’impression de protéger un cas de flagrant délit, au lieu de le déférer devant les juridictions compétentes. Ils se souviennent alors de «l’affaire Maurice Belinga», du nom de l’ex-garde du corps du procureur général du Tcs, rattrapé par l’affaire de 11 millions extirpés à justiciable pour l’arrêt des poursuites.

Au Tcs on soutient, avec force détails, que cet inspecteur de police principal n’aurait pu agir de son seul gré. Mieux, il serait un pion essentiel dans le vaste réseau d’arnaque et de corruption qui, selon eux, a fait son lit au cabinet du procureur général limogé le 28 juillet par décret présidentiel. Pour les tenants de cette thèse, bien qu’Émile Zéphirin Nsoga a été remplacé par Justine Ngounou Tchakountio (précédemment procureur général près la cour d’appel du Nord), le réseau de l’ancien directeur des affaires pénales et des grâces du ministère de la Justice reste actif.

Tempête. Du coup, les regards convergent désormais vers le chef de l’unité en charge des dossiers en cours d’enquête préliminaire. D’ailleurs, dans notre édition du 21 mai dernier, nous rapportions que certains responsables à des niveaux insoupçonnés, tapis au sein de cette juridiction et qui se sont pris de passion pour les compromissions et les acoquinements, ne devraient pas échapper à la bourrasque. Le commissaire Enyegue Mbolong était-il totalement ignorant du manège qui se nouait dans son entourage immédiat ? Pas si sûr. Dans tous les cas, l’affaire de corruption et de compromissions a tellement poussé, dans les flancs du Tcs, qu’il semble évident que la valse de mouvements devrait s’étendre à tous les postes sensibles de cette juridiction, pour ne pas diluer son action d’assainissement des mœurs publiques. De source introduite, l’inspecteur de police principal pourra être déféré demain au plus tard. Quant au commissaire divisionnaire Enyegue Mbolon qu’on dit habitué aux magouilles, il pourra à l’observation, subir dans les tout prochains jours, le même sort qu’Émile Zéphyrin Nsoga. Les deux hommes seraient mêmes en route pour Kondengui. C’est dire si parfois, la souris peut attraper le chat…

Une histoire. «A la faveur d'une prorogation d'âge de départ à la retraite obtenue en 2013, le commissaire divisionnaire Enyegue Mbolong est devenu le tout premier chef de division des enquêtes du cors spécialisé des Opj du Tcs. Ayant occupé le même poste à la sous-direction des enquêtes économiques et financières de la Police judiciaire depuis 2009, sa nomination, le 10 janvier 2014 au Tcs avait pourtant été saluée au moment où on dénonçait des lenteurs dans l’instruction des dossiers», explique un haut gradé de la police. L’homme est donc resté l'un des acteurs au cœur de l'«Opération Épervier».

D’ailleurs, nombreux sont les gestionnaires de fonds publics épinglés pour détournement de deniers publics ayant défilé dans son bureau. Mais, s’il est démontré aujourd’hui qu’il a pris une part active dans ce scandale qui ternit l’image de la police, il va sans dire que sa crédibilité se retrouve également effritée, au même titre que celle du désormais ex procureur général Nsoga. Et partant celle de la juridiction spécialisée dans la répression des crimes économiques.

Pour mémoire, les Opj, comme on les appelle vulgairement, sont placés sous la direction et le contrôle du procureur général près le Tcs. D’après l’article 3 de son texte fondateur, ces Opj ont pour mission «de diligenter les enquêtes relatives aux infractions de détournement de biens publics et infractions connexes lorsque le préjudice est d’un montant minimum de cinquante millions Fcfa (50.000.000 Fcfa)». Ils se doivent par ailleurs, «d’exécuter les mandats de justice et les commissions rogatoires relevant de la compétence du Tribunal criminel spécial».

© La Météo : Mamouda Labaran

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