Edgard Alain Mebe Ngo’o : «Les populations doivent acquérir une culture de la vigilance»
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Vous arrivez à Maroua, au lendemain du double attentat, à la tête d’une délégation interministérielle. Quel est le message que vous êtes venu transmettre aux populations meurtries ?

Au lendemain des attentats terroristes qui ont été perpétrés à Maroua, le 22 juillet 2015, le président de la République, chef des armées, Son Excellence Monsieur Paul Biya, m’a dépêché ici à la tête d’une importante délégation interministérielle comprenant entre autres, le directeur général de la Recherche extérieure, le représentant du Délégué général à la Sûreté nationale, le ministre de l’Administration territoriale et le général de corps d’armée, chef d’état-major des armées, le général de Division, chef d’état-major de l’armée de terre, le général de brigade, le directeur central de la coordination de la Gendarmerie, et d’autres hauts responsables des forces de défense et de sécurité.

Le message dont je suis porteur de la part du président de la République, c’est de redire aux membres des familles des victimes des attentats, ses condoléances les plus sincères, mais aussi la compassion de toute la nation. Aux blessés, il m’a demandé de redire également ses encouragements, sa sympathie et ses souhaits de prompt rétablissement. Evidemment au-delà, il a tenu à ce que toutes les populations de la région de l’Extrême-Nord sachent que toute la nation, tout le Cameroun est derrière elles pour les soutenir, à la suite des événements tragiques qui se sont produits. J’ai eu la possibilité de me rendre au chevet de tous les blessés et j’ai eu l’occasion de leur transmettre ces messages du président de la République. Maintenant, le président de la République m’a également demandé de transmettre aux autorités administratives, aux responsables de forces de défense et de sécurité et à tout leur personnel, son message d’appréciation et son expression de satisfaction par rapport à l’efficacité, à l’engagement et au patriotisme dont ils font preuve jusque-là dans la lutte contre le groupe terroriste Boko  Haram.

Le dernier message s’adresse aux populations. Le chef de l’Etat leur demande d’apporter leur contribution, plus qu’elles ne l’ont fait jusqu'à présent. Boko Haram a changé son mode opératoire, car on est passé des attaques presque conventionnelles en unité constituée aux attentats terroristes. Vous avez vu les terroristes qui se sont fait exploser. Ce sont des filles de moins de 15 ans. Cela pose le problème de la responsabilité des parents par rapport à l’encadrement et l’éducation de leurs enfants. De plus en plus, les populations doivent acquérir une culture de la vigilance, car les temps ont changé. Il faut savoir regarder devant et derrière, à gauche et à droite et savoir que tout individu suspect que l’on ne dénonce pas peut être celui-là qui vient commettre un attentat kamikaze, avec toutes les conséquences qui peuvent en résulter au plan de la vie des personnes humaines.

Donc, c’est vraiment une action d’ensemble qui doit se mener. Les forces de défense le font déjà efficacement, mais elles ont besoin de la pleine coopération de tous nos compatriotes pour qu’ils soient vigilants, qu’ils s’organisent en comité de vigilance, en groupe d’auto-défense. Cette sensibilisation doit être menée par tout le monde, les autorités administratives, les opérateurs économiques, les leaders d’opinion à tous les niveaux, les chefs traditionnels, les ministres de culte, les responsables politiques, toutes chapelles confondues. Vous voyez quand une personne se fait exploser, quand il y a un attentat kamikaze, il n’y a pas de discrimination ou de parti politique, ou d’appartenance tribale, encore moins de confession religieuse. C’est un problème qui interpelle tous les Camerounais et tout le monde a le devoir d’apporter sa contribution. Voilà donc le message que je suis venu transmettre. Je saisis cette occasion pour redire la détermination résolue du président de la République à combattre de toutes ses forces, ce groupe terroriste Boko Haram, jusqu'à son extermination totale au Cameroun. C’est la condition sine qua non pour la préservation de la paix sociale, mais aussi pour le développement et l’émergence de notre pays. Le président est déterminé et vous devez voir qu’il ne recule devant aucun sacrifice pour mettre à la disposition des forces tout ce dont elles ont besoin pour accomplir leur mission.

On a constaté que les deux kamikazes étaient des étrangères inconnues dans leur environnement. Est-ce-que cela ne pose pas le problème de l’identification des personnes qui entrent au Cameroun. Des mesures sont-elles envisagées à ce propos?
Vous savez que nous sommes en train de vivre un phénomène terroriste auquel les Camerounais n’étaient pas habitués. D’abord, je dois vous dire que l’identité des terroristes n’est pas encore formellement établie. Les enquêtes sont en cours. Vous comprenez évidemment que ce problème doit susciter une réflexion globale à tous les niveaux et le problème de l’identification figure en bonne place. Je dis que nous sommes face à un phénomène de type nouveau au Cameroun. Les attentats terroristes, il y en a eu à Fotokol, il y a quelques semaines ; il y en a eu à Maroua, le 22 juillet 2015. Le Cameroun est en train de s’adapter à cette nouvelle menace. Les problèmes de téléphone, nous devons arriver à les identifier, y compris tous ceux qui acquièrent un téléphone portable. Je dois dire que c’est une instruction que le président de la République a donnée depuis longtemps, mais c’est maintenant que les Camerounais vont en mesurer la pertinence.

© L’Oeil du Sahel : PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN AREGUEMA

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