Energie électrique : Les populations n’y voient que du feu
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Malgré les explications d’Eneo Cameroon sur l’assèchement des barrages, la récurrence des délestages inquiètent les uns et les autres.

1-Les faits

Il est un peu plus de 20h le 1er juin 2015. Christelle Tchialeu, dans le taxi, constate que le quartier Mvog-ada, à Yaoundé est plongé dans le noir. Elle croise alors les doigts pour que le quartier Essos soit épargné par ce délestage. Au fur et à mesure que le véhicule avance en direction de son quartier, elle perd espoir. Une désillusion qui se confirme quelques minutes plus tard. L’obscurité n’a pas épargné le quartier Essos où elle réside.

Un coup de fil à sa famille dans le quartier Titi-garage et elle apprend que la coupure d’énergie électrique est presque générale. Biyem-Assi, Mendong, Mimboman, sont concernés par le délestage. Les coupures intempestives d’énergie électrique, sont de plus en plus récurrentes. D’ailleurs le quartier Ngousso, reconnu comme étant le miraculé des coupures, commence à subir le même sort que les autres coins de la ville de Yaoundé. «Avant nous n’avions aucun problème d’électricité ici, mais à présent, nous ne sommes plus épargnés, c’est grave!», s’étonne Syriane Balla, habitante du quartier Ngousso. La région du Centre n’est pas seule dans ce calvaire. Le Littoral, le Sud, l’Ouest, sont dans la même barque. Les populations n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Toutefois, il ne faut surtout pas se lamenter longtemps.

Il est impératif de penser aux palliatifs à l’électricité. Les élèves qui ont débuté les examens du Baccalauréat et du General Certificate of Education (Gce) Advanced Level, ont vite fait de changer d’attitude. Il est bien loin le temps où les candidats faisaient une longue sieste pour pouvoir faire une dernière révision le soir. Actuellement, ces jeunes qui frappent à la porte de l’enseignement supérieur court après le temps. Ou plutôt après la lumière du jour. «Quand j’ai fini avec les épreuves du premier jour [1er juin Ndlr], j’ai vite pris le chemin de la maison. J’ai juste eu le temps de me reposer pendant une heure avant de passer un dernier coup d’œil sur les matières du lendemain. En ce moment l’électricité est imprévisible», raconte Michel Z., candidat au baccalauréat 2015.

Incendies

Alors que les écoliers s’adaptent vite au noir, les maîtresses de maison ont du mal à se faire aux coupures. Les provisions rangées dans le réfrigérateur ne subsistent pas. Du coup, la consommation effrénée des vivres frais, est la seule échappatoire. «Je mets ce qui n’est plus récupérable à la poubelle et j’essaye de faire des menus basés sur des denrées périssables», indique Mme Mani. Parlant de palliatifs, l’utilisation de la bougie est en pôle position. Une flamme qui n’est pas sans risque. Le nombre d’incendies provoqué par la bougie sont légions. Plusieurs drames du genre ont défrayé la chronique. On se souvient, que le 21 mai 2014 un incendie déclaré par une bougie a fait trois morts à Kribi. Un sort similaire s’est abattu dans la nuit du 27 au 28 février 2013, sur un élève de quatre ans, Abdoul Salam. Il a trouvé la mort dans un incendie à Ngaoundéré dans le Nord Cameroun. Les flammes avaient été provoquées par une bougie. Toujours en février 2013, quatre enfants de la famille Tchami sont morts calcinés à Douala, alors qu’il avait allumé une bougie pour pouvoir s’éclairer lors des délestages.

Autant de désastres que les populations mettent sur le compte des délestages. Toutefois, la société de distribution d’énergie électrique au Cameroun, Eneo Cameroon, essaye tant bien que mal de rassurer. Elle brandit «l’épuisement sévère des stocks d’eau dans nos barrages réservoirs» Une situation mise sur le compte de la rareté des pluies observés ces derniers temps. D’après le communiqué rendu public par Eneo «ces perturbations» devraient encore durer pendant près de trois semaines. Toutefois, cette pilule a du mal à passer auprès des populations qui s’interrogent de plus belle.

© Mutations : Nadine Guepi

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