Marches anti-Boko Haram : Quand le pouvoir instrumentalise les enfants
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Parfois âgés de moins 10 ans, ils s’illustrent brandissant des banderoles qui leur ont été imposées lors de ces marches organisées avec comme prétexte, le soutien à l’armée en guerre contre Boko Haram.

C’est un phénomène actuellement à la mode au Cameroun. Dans les coins et les recoins du pays, les marches d’indignation contre les massacres d’Aboubakar Shékau et sa bande de terroristes dans la partie septentrionale du pays et de soutien à la guerre déclarée à cet ennemi commun par le président de la République, sont organisées. Généralement initiées par des personnalités bien placées dans le sérail, à des desseins inavoués, ces marches connaissent toujours la participation des jeunes, parfois des gamins, âgés de moins 10 ans.

Il y a quelques jours en effet, les élèves de la ville de Santchou dans le département de la Menoua, ont été jetés dans la rue contre leur gré par l’élite politique de la localité, avec la complicité des autorités administratives, à l’effet de gonfler les rangs des marcheurs anti-Boko Haram. Tout naïvement, les pauvres enfants ont fait le tour de la localité sous les objectifs des camera des télévisions invitées, avec des pancartes imprimées sur lesquelles on pouvait lire des messages de soutien à l’armée camerounaise et des slogans de paix au Cameroun.

Le cas de cette localité n’est qu’un infime exemple. Car depuis que les apparatchiks du parti au pouvoir ont compris qu’ils pouvaient user le climat d’instabilité qui prévaut dans l’Extrême-Nord du pays pour démontrer leur vitalité, mais surtout leur apparent patriotisme, ils se sont ex abrupto jeté à l’eau. Alors que le phénomène des marches s’est quasi généralisé dans les différentes contrées du pays, le défi de ceux-là qui veulent tirer les marrons du feu, semble davantage, dès lors, être celui de la forte mobilisation. Et pour y arriver, les élèves des écoles primaires sont enrôlés.

En effet, à l’occasion de la 49ème édition de la jeunesse le 11 février dernier, le ministère de la jeunesse, dans son chronogramme d’activités relatives à cette célébration, a prévu une marche des jeunes, non pas pour revendiquer une meilleure prise en compte dans les politiques gouvernementales, mais pour signifier « leur attachement au combat mené par l’armée, sous l’impulsion de son chef Paul Biya ». Et cela s’est passé sans égratigner quiconque.

Contraste

Pourtant en février 2008, ces mêmes  jeunes qui s’étaient spontanément levés pour s’offusquer de leur éternelle infantilisation (par les mêmes qui les versent dans les rues aujourd’hui), avaient été matés sans aucune pitié par les forces de l’ordre. S’adressant à ces jeunes, le chef de l’Etat avait relevé et condamné leur instrumentalisation des forces tapies dans l’ombre; par les « apprentis sorciers ». Mieux que cette année-là, les jeunes, pire les bambins sont instrumentalisés au vu et au su de tous par les pontes du régime. La menace Boko Haram est-il un alibi suffisant pour jeter des enfants innocents et inconscients dans les rues, en plus pour des marches dont ils ne comprennent visiblement rien ? Cette question parait opportune à l’heure actuelle.

© La Nouvelle Expression : Vivien Tonfack

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