Vie et mort de Françoise Foning
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Décédée vendredi dernier à Yaoundé, le maire de Douala V, laisse un grand vide sur la scène politique, économique et sociale.

On pouvait l’aimer ou pas, une chose est certaine : « Mme Foning » ne laissait personne indifférent. Les réactions à l’annonce de son décès sont ainsi à la dimension de sa personne. Elles émanent de partout, du petit peuple comme des personnalités, des jeunes et des moins jeunes. Parce que Françoise Foning était à la fois, une femme du peuple et des palais. Peu instruite, elle était sans complexe. Dans les milieux d’affaires où elle a percé, elle restera une identité remarquable.

« C’est une dame qui s’est bâtie à la force de son bras. Elle savait briser les protocoles et était coriace en affaires. Dans les années 70, elle était déjà dans le cacao et traitait avec la Guinée équatoriale. Sa non-maîtrise parfaite de la langue française ne la gênait pas : le plus important pour elle était de faire passer ses idées », confie un journaliste de la presse privée, assez proche de la défunte.

Des idées, Françoise Foning en a fait passer. En faveur de son parti surtout. Combative, militante convaincue du Rdpc, elle était engagée en politique depuis sa jeunesse et soutenait ce parti contre vents et marées. Qui, en effet, ne se souvient pas du célèbre « Avec nos maris, il faut le… supporter » ? « A la voir, on avait l’impression qu’elle mangeait et dormait avec la politique. Elle ne respirait que Rdpc. Le parti semblait couler dans ses veines. Et quand il s’agissait des intérêts de ce dernier, Mme le maire ne faisait pas dans la dentelle », assure une source introduite dans sa commune.

A près de 66 ans, cette femme d’action et de cœur au parcours atypique était une véritable bête politique qui ne laissait rien au hasard, dans son dynamisme légendaire. Elle s’est longuement battue au milieu des hommes pour asseoir son autorité politique. Elle ne reculait devant rien. Même les menaces à peine voilées de ses adversaires ne lui faisaient aucun effet. Militante de la première heure, Françoise Foning savait attirer les foules et rassembler.

Ses meetings étaient de véritables shows et drainaient de nombreux curieux. Ses pas de danse faisaient sourire. Ses fréquents retards ne choquaient même plus. Les hommes des médias, après l’avoir longtemps critiquée à ce sujet, avaient fini par s’en accommoder. Sa forte présence, son sourire constant, sa voix, sa loquacité sans pareille… elle les traînait de meeting en meeting, par tous les temps, infatigable. Joviale, elle savait mettre l’ambiance et semer la bonne humeur. Dans les cérémonies officielles organisées dans la capitale économique, où elle officiait comme maire à Douala 5e, sa présence était incontournable.

Pleine de ressources, l’imagination débordante, elle a multiplié les projets de société. Malheureusement, elle ne pourra les mener à terme : Bigs shops, adductions en eau potable, construction de l’hôtel de ville, etc. Les populations de Douala ne verront plus, celle qui plaisait et « agaçait » à la fois. Adulée par les uns, chahutée par les autres, la « mère Fo », comme l’appelait affectueusement les populations, est toujours restée debout malgré les multiples critiques. C’est que, par ailleurs, sa générosité légendaire faisait l’unanimité. « Elle prenait et donnait » entend-on ici et là. Accueillante, aimable, elle a toujours été proche des jeunes, des groupes sociaux, démunis et autres personnes vulnérables. A tous ces gens, Françoise Foning manquera assurément.

© Cameroon Tribune : Josy MAUGER

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