Fin de parcours pour FONING : Encore un décès « problématique » dans un hôpital de référence !
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Alors que l’actualité était encore totalement rivée à Malabo où se déroule, comme un fleuve tranquille, la 30ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), après le désistement du Maroc, voilà que celle qui avait l’habitude de forcer le regard vers elle ravit, pour l’avant dernière fois, la vedette de la scène. Françoise FONING est en effet décédée hier matin aux environs de 12H à l’hôpital central de Yaoundé. Cet établissement hospitalier, crée par les colons il y a 81 ans, fait office d’hôpital d’urgence du Cameroun.

Bien avant que la nouvelle ne soit confirmée par les média d’Etat et réaffirmée par le Secrétariat de son parti politique, Grégoire OWONA, le Ministre du travail, y a été aperçu, les yeux larmoyant, en compagnie de plusieurs autres hiérarques de ce parti. Mais comment ne pas s’attarder sur les circonstances et les conséquences de ce décès aussi subit qu’inattendu, du moment où plusieurs sources concordantes annonçaient, y compris dans les réseaux sociaux, que ses jours ne sont pas comptés ?

D’abord les circonstances…

Cette princesse Bafou dans le département de la Menoua, ancienne province Bamiléké, âgée de 66 ans a été victime d’un accident de circulation au lieu dit Ebebda, sur la route Yaoundé- Bafoussam, juste à quelques mètres du pont sur la Sanaga. Rapidement évacué à l’hôpital central de Yaoundé, les médecins ont diagnostiqué une fracture de la jambe gauche et plusieurs côtes endommagées. Admise en réanimation depuis jeudi dernier, les procédures étaient engagées pour une évacuation d’urgence en France pour des soins plus « adéquats ».

Malheureusement, l’avion et les papiers ont trainé, l’hôpital de référence n’a rien pu. Ce qui devait être évité est arrivée, ma Fo s’en est allée comme ça, comme Madame tout le monde… quel funeste trivialité de ce que nos hôpitaux sont devenus !

Ensuite les conséquences…

Cette grande dame, au propre comme au figuré, a été, pour beaucoup et à sa manière, au coeur de la stabilité du régime de Yaoundé. Durant les années de braise, elle a joué sa partition et confondu les détracteurs de son champion. Elle a bien occupé le vide laissé par Jean Jacques EKINDI dans ce parti. Usant de son talent de négociatrice, elle a mis en branle le « village équilatérale » pour sauver la paix profondément menacée à l’occasion de la disparition des 9 de Bépanda. Par la suite, contre vents et marrées, elle s’est fait élire Député-Maire à Douala avant de faire rebelote pour la Mairie lors des dernières élections couplées à Douala.

Par ailleurs, elle était l’animatrice attitrée, naturelle et spontanée ( ?) de toutes les manifestations auxquelles elle assistait, surtout présidées soit par le président de la République, soit par son épouse. On se souvient à ce propos qu’à l’occasion des obsèques de la belle-mère du président, elle avait entonné un chant resté mémorable et qui avait eu l’avantage de décrisper l’atmosphère, tellement c’était comique du fait des fautes qu’elles avaient su retourner en sa faveur. Il est clair que ce soutien « franc » fera défaut à son parti et surtout à son intouchable chef.

Outre le lamentable état de cet axe (dont le fond d’urgence aurait été détourné) et qui rapporte pourtant gros à l’Etat, comme du reste les autres routes du même acabit, ce décès pose trois problèmes essentiels :

  1. Celui des moto-taxi dans ce pays où des jeunes gens sans formation en conduite, sont obligés parfois de troquer leurs Licences au profit des motos pour gagner leur pitance quotidienne. Jusqu’à quand va-t-on accepter de telles dérives ? Où en est-t-on avec le Décret Inoni sur la situation de ces moto-taxis dans nos villes et campagnes ? Qui n’a en effet pas été victime, quelques fois, de l’inconscience et de l’irresponsabilité de certains de ces chauffeurs d’un autre genre qui, après avoir commis des impairs irréparables, vous narguent, vous engueulent et s’enfuient ? Mais plutôt que de saisir le taureau par les cornes, le chef de l’Etat ne cesse de se contenter, comme dans son discours de fin d’année 2014, de la création (chimérique) de 283 443 nouveaux emplois sur une prévision de 250 000 !
  2. La situation des hôpitaux au Cameroun reste préoccupante. En effet, plutôt que de se gargariser des réalisations sur du papier, il est plus qu’urgent de doter nos hôpitaux de véritables plateaux technique et des praticiens bien formés à l’effet de prendre rapidement en charge les patients, tous les patients et d’abord le patient. Qui n’a pas rit à l’idée d’imaginer simplement que le président ait un temps soit peu déclarer ce qui suit : « Je vous avais également annoncé des avancées significatives dans le domaine de la santé. Ce sont maintenant des réalités. Le traitement du paludisme pour les enfants de moins de cinq ans est aujourd’hui effectivement gratuit. Notre carte sanitaire comporte désormais trois nouveaux hôpitaux de référence : le centre national des urgences de Yaoundé, l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Douala et l’hôpital de référence de Sangmélima» ? Au lieu de créer par décret des fictions de réalisations, il vaut mieux vivre le dénuement par aphonie.
  3. Enfin, un problème plus grand, celui du départ…En effet, conformémnt aux lois, nul ne sait ni le jour, ni l’heure. Aussi, semble-t-il nécessaire de pouvoir savoir rester éveiller, « la lampe à la main », penser qu’on n’est pas éternel, se détacher du monde en préparant la relève. Chaque jour…est un testament.

Reste que ce Grand officier du Mérite camerounais, Njih à la cour royale du sultanat Bamoun, ancien Maire de la commune de Douala Vème, et …ancienne Présidente des femmes d’affaires, quitte la scène au moment où un débat sérieux couvait sur la stratégie à mettre en place pour annoncer la candidature anticipée du prince d’Etoudi. Mais la disparition de cette femme, quelque soit le bout par lequel on le prend, reste une grosse perte pour le Cameroun.

L’ère du temps a sonné ! Paix à ton âme, ma Fô !

© Correspondance de : Emmanuel MIMBÈ

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