Conférence à  Zagreb en Croatie, pays qui inspira à  Aimé Césaire son célèbre livre : « Cahier d'un retour au pays natal ».
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J’ai eu le bonheur de séjourner en fin de semaine dernière dans la capitale de la Croatie, c’est-à-dire à Zagreb. J’ai été invité au 90ème anniversaire de l’Association des Ecrivains Croates, en ma qualité d’auteur africain. Cette invitation, je l’ai acceptée d’emblée, à l’idée de visiter ce pays qui a été celui du Maréchal Tito, un grand nom de la lutte contre le nazisme, bien sûr, mais pour nous Africains, contre le colonialisme sur notre continent. Le Maréchal Tito a octroyé de nombreuses bourses à des étudiants africains fin qu’ils viennent se former dans ce qui était encore la Yougoslavie. De même, il a soutenu de longues années durant, la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France, FEANF, financièrement, et en offrant des voyages de visites et de vacances en Yougoslavie. De nombreux étudiants camerounais de l’époque, que j’ai connus, en ont bénéficié. Nous pensons par exemple au Professeur Dimi Charles Robert de l’Université de Dschang, aujourd’hui à la retraite et à bien d’autres.

A l’entame de mon intervention, j’ai donc rendu hommage à ce personnage, à la plus grande satisfaction du public. Cela, à vrai dire, m’a porté bonheur, car à la fin du débat auquel j’étais convié, il m’a été proposé la traduction de quelques-uns de mes livres en langue croate. J’en fus fort honoré.

Dans ma prise de parole, j’ai également rappelé à l’assistance, que le célèbre poète noir Aimé Césaire, qui est actuellement considéré comme le « Noir fondamental » par les Français, a eu l’inspiration de son célèbre livre « Cahier d’un retour au pays natal », justement en Croatie, alors qu’il y passait ses vacances, à l’invitation d’un ami croate. Voici comment lui-même en raconte l’histoire.

« Je n’ai plus un sou. A la cantine, je prends quelques traces de tomates. Alors, la serveuse me dit : « vous ne mangez jamais de viande ? Vous n’avez pas d’argent ? ― Non, mademoiselle, ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de philosophie : je suis végétarien ». Grand éclat de rire derrière moi ! C’est ce beau type, assez sombre de peau, Petar Guberina : « Moi aussi, je suis végétarien, pour la même philosophie ! » La serveuse qui a vite compris que la philosophie dont il s’agit n’est rien d’autre que celle de l’étudiant fauché, ferme les yeux devant ces végétariens de circonstance. On devient copains, les meilleurs du monde. A son retour chez lui, il me télégraphie : « Aimé, qu’est-ce que tu fous à Paris ? Tu t’emmerdes, c’est l’été, viens me voir à Zagreb ». Je n’ai pas un sou pour retourner en Martinique, et ce fou m’invite en Croatie. Bref, je prends le train. Au bout, sur le quai, sa famille me réserve un accueil extraordinaire. Les paysages, le découpé de la côte, l’exil, la mer, tout me rappelle la Martinique. Et du troisième étage de la maison, j’aperçois une nuée d’îles : « Petar, regarde celle-là : c’est ma préférée, comment s’appelle-t-elle ? ― Martinska !

― Mais alors, c’est la Martinique, Pierrot ! Passe-moi une feuille de papier !

Ainsi commençais-je « Cahier d’un retour au pays natal ».

Mais moi, à la différence de Césaire qui est rentré en France avec un livre, j’ai failli retourner au Cameroun dans un cercueil, dans le meilleur des cas. Une fois dans l’avion de retour pour un vol Zagreb-Munich, les moteurs sont mis en marche. L’avion est poussé en arrière comme à l’accoutumée. Les moteurs se mettent à vrombir, à vrombir, à vrombir, sur place. Le temps passe. Puis, à mon plus grand étonnement, nous retournons au parking. Les moteurs s’éteignent. « Mesdames et messieurs, chers passagers, ici le commandant de bord. Nous ne pouvons partir avec cet avion, il est en panne. Dieu merci que la panne ait été détectée alors que nous sommes encore au sol. Vous allez devoir descendre, et attendre qu’il soit affrété un autre avion ». Nous décollerons une heure plus tard …

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