Cameroun, Festival culturel: La dernière parade du Nekieng tisse sa toile à Bafoussam
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Cameroun, Festival Culturel: La Dernière Parade Du Nekieng Tisse Sa Toile À Bafoussam :: Cameroon

Sous la conduite du comité d’organisation, la sortie des membres de la société secrète Kumze-Kabem mobilise les fils et filles Fussep.

Un jeudi atypique dans la cour du palais royal Bafoussam. Le Fo’o Njitack Ngompé Pélé vient d’échanger avec Elie Ngompé Fotso, président du comité d’organisation du festival culturel Nyang-Nyang ou Nekieng édition 2018-2019. Après avoir échangé avec l’autorité traditionnelle, le polytechnicien Elie Ngompé convie son équipe à une réunion pour des derniers réglages. «Il est question de renforcer notre identité culturelle en s’ouvrant sur la modernité », rappelle le président du comité d’organisation. Pour lui, rien ne doit être faire au hasard. « Nous amorçons la grande parade de culture avec la sortie de la société secrète Kumze Kabem. Des dignitaires de la République et des diplomates ont été invités. Des touristes et des amis du village Bafoussam viendront des quatre coins du monde pour cette séquence de clôture. Nous avons le devoir de capitaliser ses présences sur le terroir de nos ancêtres», soutient Jean De Dieu Koagne, responsable de la cellule de communication du festival culturel Nyang-Nyang. Comme les autres collaborateurs d’Elie Ngompé, celui-ci est autant

confiant du fait que depuis les premières heures de la matinée de ce jeudi 21 février 2019 des notables et des serviteurs sont à pied d’œuvre pour construire une clôture devant encadré le cercle des danseurs du Kumze le dimanche 24 février prochain. A l’occasion de cette cérémonie, les jeunes initiés qui se sont produits pendant une dizaine de semaines sur la place du marché du palais royal Fussep ne sauront pas l’honneur. Car dans les us et coutumes, les membres de la société secrète Kumze-Kabem sont les plus « mythiques et les plus prestigieux». « Il faut être de la haute notabilité pour s’exhiber dans les rangs de Kumze-Kabem. C’est le lieu par excellence de la célébration de la richesse multidimensionnelle et de la valorisation de ceux qui ont franchi toutes les étapes de la vie en société. Il faut être un homme qui s’est réalisé entièrement pour appartenir à cette société secrète », explique un notable. Il convient de souligner ce festival biennale a commencé par l’initiation des jeunes qui ont fait une semaine dans des hameaux, localement appelé « Da Mefét ». Là, les anciens les ont prodigués des leçons de morale pour bien vivre en société. Une sorte des dix commandements de Dieu tels que contenus dans la Bible. Ils sortent donc de ce lieu bien armés pour être de bons citoyens capables d’œuvrer pour le développement de leur terroir et du Cameroun tout entier. « Nous comptons beaucoup sur cette jeunesse pour relever notre village », assure un dignitaire du palais royal Fussep. Après l’ouverture en apothéose au mois de novembre 2018 , le public vécu plusieurs étapes non moins important à savoir celle de TAH KOUM et celle de NGNE-POFO. La prestation de la société secrète " MEMKOUEM" était significative. Après cette phase, la société secrète "TSEP" a presté avant de céder la place à la prestigieuse danse guerrière PACKMEDJOUON. Il faut le relever pendant que les sociétés sécrètes prestaient, l'initiation des jeunes Bafoussam au rite de Nyang Nyang se poursuivait tous les "Cheinku'u"-jour traditionnel chez les Bafoussam- de la semaine. Ce festival connaîtra son terme le 24 fevrier 2019 avec la danse de KOUMDZE OU KABEM. « Nous avons eu le privilège d’assister à plusieurs démonstrations des sociétés secrètes et de vivre les moments épiques des arènes, tout en participant à une fête grandiose, culturellement riche et variée. «Je suis très ému et content à la fin de ce festival culturel. Des gens sont venus des quatre coins du Cameroun et de la diaspora pour découvrir et célébrer notre histoire unique et originale », conclut Jean De Dieu Koagne.

Rites initiatiques et promotion de l’écotourisme

Le Fo’o Njitack Ngompé de Bafoussam trouve que son groupement peut connaitre une croissance économique locale grâce à l’organisation du festival culturel Nyang-Nyang. Maire de la commune de Bafoussam de Bafoussam Ier, Jules Hilaire Focka Focka, nonobstant le climat parfois conflictuelle entre lui et le Fo’o Njitack Ngompé, croit fort que Nyang-Nyang constitue un socle sur lequel sa commune peut s’appuyer pour développer son écotourisme. Il est convaincu que cette réalité s’est affirmé être un segment rentable compte tenu de l’intérêt grandissant du public pour la « nature », la compréhension et l’adhésion aux principes de conservation et de respect des sociétés et environnement d’accueil. René Kamdoum, maire de la commune de Bamendjou à travers le festival initiatique et culturel « Chepan » pense que la démarche écotouristique répond à ces préoccupations, et constitue un défi stimulant pour les opérateurs du tourisme comme pour les acteurs de l’environnement, sinon une opportunité de “réappropriation” de leur milieu de vie par les populations autochtones . Dès lors « la soumission […] nécessaire et incontournable de l’activité touristique aux exigences de protection, de conservation et de gestion valorisante et reproductible de la biodiversité et du patrimoine naturel, historique et culturel, à travers sa compatibilité et sa mise en cohérence avec les réglementations protectrices de l’environnement, est de nature à générer des approches, des stratégies et des comportements nouveaux. Mais ce n’est pas toujours facile. Car à Bafoussam, certains délinquants qui se masquent en noir brillent par ses scènes de violence et d’agression en bande lors des différentes éditions du festival Nyang-Nyang. Ce qui répugne un peu le visiteur. Pour les experts en développement local, « L’écotourisme ouvre un cadre conceptuel original qui permet d’envisager des démarches renouvelées de développement à partir des revenus issus de consommations touristiques mieux réfléchies et organisées, susceptibles de soutenir des initiatives de développement local s’inscrivant dans un projet global de développement durable. » « Variante douce du tourisme, loin du tourisme de masse, poursuit-on, le champ de l’écotourisme s’étend aux confins du tourisme de nature, du tourisme culturel et des pratiques scientifiques et sportives de plein air. Une définition de l’écotourisme peut être proposée à partir des six points suivants : 1/ nature et culture, 2/ le bien-être des sociétés hôtes, 3/ des touristes responsables, 4/ la participation des sociétés hôtes, 5/ la durabilité, 6/ l’art de la rencontre ».

GMD

Elie Ngompé: « C’est une phase de développement personnel »

Quel est votre état d’esprit à quelques heures de la clôture de l’édition 2018-2019 du festival culturel Nekieng-Nyang-Nyang à Bafoussam ?

Ce festival constitue un espace de cohésion de la génération. Nous avons célébré l’authenticité de notre culture pendant deux mois. Cette première édition a comblé nos attentes. Elle a été riche en symboles. Tout le village s’est mobilisé. La finalité première du rite est d’habituer le jeune de Bafoussam à l’endurance, au courage, à l’abnégation et au stoïcisme dont l’aspect culturel est rehaussé par les sacrifices que l’initié doit consentir pour affirmer sa masculinité Nous tenons à dire merci aux enfants Fussep pour ce retour aux sources. Nous tenons au respect de ce que faisait nos parents. Nous devons l’inculquer à nos enfants. Vous avez vu cette jeunesse mobilisée à la place des fêtes de la chefferie pendant des semaines. Elle s’est montrée engagée à travers ses pas de danse. Cet élan traduit le dynamisme du peuple Bafoussam. Nous devons les amener à comprendre que le respect des lois ancestrales fait partie des choses à appliquer pour réussir dans la vie. Les déviants qui agressent les femmes et les étrangers se mettent en marge des lois et rites du Nyang-Nyang. C’est une école d’endurance et de vivacité. C’est un moment om l’on s’entraine pour devenir guerrier du village. Nous lançons un appel à l’endroit de tous. Nous les donnons rendez-vous afin que l’édition 2018-2019 de ce festival qui se clôture le dimanche 24 février prochain connaisse un impact significatif et positif. Rien n’a été négligé. Au plan traditionnel ou protocolaire, les choses sont déjà calées.

Quelle particularité pour cette édition placée sous votre responsabilité ?

L’on a assisté à un réel brassage entre les jeunes et les vieux. Egalement, les jeunes ont communié entre eux. Au sujet de l’initiation des jeunes au Nekieng, il s’agit d’une courroie de transmission générationnelle. Il y a les patriarches, les jeunes et les adultes. Les aînés transmettent une manière d’être et de vivre à ici chez nous à Bafoussam. Cette cérémonie initiatique est un véritable test pour permettre aux jeunes leur intégration dans la classe des adultes en leur conférant qualité et dignité. Elle leur donne, s’ils y réussissent, le pouvoir de prendre part aux décisions concernant la vie de la communauté. La particularité de ces sociétés sécrète, c’est la forte hiérarchisation de leur structure. La puissance et le pouvoir mystico traditionnel s’acquiert étape par étape. Une autre façon d’enseigner aux jeunes l’humilité et la patience. C’est une forme de développement personnel.

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