Le Collectif international de soutien à Michel Biem Tong  exige la libération de Michel Biem Tong
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Michel BIEM TONG, cyber-journaliste, chroniqueur judiciaire et défenseur des droits humains, a été arrêté dans la journée du 23 octobre 2018 dans l’enceinte du ministère camerounais de la Défense à Yaoundé, alors qu’il répondait à une invitation du Directeur de la Sécurité militaire (SEMIL).

Depuis lors, il a été mis à la disposition du Service Central des Recherches Judiciaires (SCRJ) du Secrétariat d’Etat à la Défense chargé de la gendarmerie nationale (SED) où il est séquestré dans des conditions inquiétantes.

Michel BIEM TONG, journaliste engagé, qui a fait une série d’articles au sujet de la situation conflictuelle dans les zones anglophones du Cameroun, ferait l’objet d’une enquête militaire pour «apologie du terrorisme» et «incitation à l’insurrection». Il risque de ce fait la peine de mort prévue à l’article 2 de la Loi N° 2014/028 du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme.

Et pourtant, l’arrestation et la détention de Michel BIEM TONG ne répondent à aucune règle de procédure pénale. Capturé par la Sécurité militaire, il a été auditionné dans un premier temps sans la présence d’un avocat.

Après 21 jours de détention, le cyber-journaliste n’a jamais été notifié d’aucun acte judiciaire régulier. Il est gardé dans des conditions quasi-secrètes et est coupé de la visite de presque tous les défenseurs des droits de l’homme qui ont tenté de s’enquérir de sa situation. Il n’a été présenté devant aucun médecin depuis sa mise aux arrêts malgré son mauvais état de santé. Ses conditions de nutrition dans la caserne du SED sont inconnues. Tout cela suscite de sérieuses inquiétudes sur sa santé.

Face à la situation, un Collectif international de soutien au journaliste Michel BIEM TONG a été constitué. Il regroupe des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes, des activistes politiques, des leaders de partis politiques et autres leaders d’opinion.

Les membres de ce Collectif, qui se sentent fortement préoccupés depuis quelques temps par rapport à la gestion des libertés individuelles et publiques au Cameroun en général, éprouvent d’énormes angoisses au sujet du traitement infligé jusqu’ici à Michel BIEM TONG en particulier.

Le Collectif international observe que depuis l’interpellation barbare de Michel BIEM TONG par le Directeur de la Sécurité militaire, sans aucune convocation et sans aucun mandat, ses geôliers piétinent le principe de la présomption d’innocence pourtant formellement inscrit dans la Constitution du Cameroun.

Le Collectif international s’inquiète de ce qui apparaît comme une dérive de plus en plus récurrente de certains responsables de l’Armée à travers des arrestations et détentions
arbitraires, des traitements cruels, inhumains et dégradants, le non-respect des droits de la défense (droit de garder le silence, droit de consulter un médecin, droit aux visites, droit à un conseil, etc.) sous le prétexte de l’application de la Loi N° 2014/028 du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme.

Le Collectif international rappelle que le dépôt par le Gouvernement et l’examen du projet de cette Loi devant l’Assemblée nationale et le Sénat avaient soulevé à l’époque de nombreuses critiques. Plusieurs citoyens redoutaient déjà en effet que certaines dispositions de cet instrument juridique servent de couverture à des règlements de compte ciblés à travers, des arrestations et détentions arbitraires couronnées par des condamnations injustes.

Le Collectif international estime que le traitement actuellement infligé dans les geôles du SED à Michel BIEM TONG, journaliste engagé et critique reconnu de certains acteurs judiciaires et militaires, accrédite l’idée d’un règlement de compte sous le couvert de la Loi. Le Collectif international élargit ses inquiétudes sur les cas de Joseph OLINGA et de Gustave Flaubert KENGNE, d’autres journalistes détenus pour des raisons non encore élucidées.

Le Collectif international est d’autant angoissé par la situation actuelle de Michel BIEM TONG,
qu’il a encore en mémoire le traitement récent du cas de la journaliste MIMI MEFO, arrêtée et
détenue par des militaires de façon arbitraire, qui a fait l’objet d’un arrêt de poursuites, suite
aux instructions du Chef de l’Etat ayant tiré les conséquences des abus perpétrés par les
autorités de poursuite.

Le Collectif international rappelle les cas précédents d’interpellation de M. AYAH Paul, Magistrat hors hiérarchie en service à la Cour suprême, M. AGBOR BALLA NKONGHO,
Avocat et défenseur des droits humains, M. FONTEN NEBA, Enseignant d’université et Syndicaliste (pour ne citer que ces cas emblématiques), arrêtés de façon barbare au début de
la crise anglophone et gardés arbitrairement, avant d’être libérés par une autre décision du Président de la République. Le Collectif observe que les actes imaginaires de terrorisme à l’origine des traitements infligés à ces personnalités n’ont jamais été rendus publics, ce qui conforte son inquiétude quant à l’usage récurrent de la Loi pour masquer des règlements de compte.

Au regard de ce qui précède, le Collectif international :

- Appelle l’attention du Président de la République en vue de LA MISE EN LIBERTE de Michel BIEM TONG et d’autres journalistes en détention abusive.

- Appelle la communauté nationale et internationale à exiger la protection des droits fondamentaux de Michel BIEM TONG et de tous les autres journalistes, voire tous les civils en proie à la Justice militaire du Cameroun sur la base d’actes imaginaires de terrorisme.

- Appelle à la dénonciation sans complaisance des violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales, notamment sous le couvert de la Loi N° 2014/028 du 23 décembre
2014 portant répression des actes de terrorisme.

- Appelle toutes les victimes de violation des droits fondamentaux reconnus dans la procédure pénale, à attaquer la responsabilité pénale individuelle des représentants de l’Etat devant les juridictions nationales.

Fait le 14 novembre 2018

Ont signé,

Cyrille Rolande Bechon, Juriste, Directrice -Nouveaux Droits de l’Homme Cameroun
Christophe Bobiokono, Journaliste, DP Kalara
Dr Hilaire Kamga, Expert en Droits de l’Homme
Dimitri Mebenga, journaliste – Mutations
Parfait Mbvoum, Vice President Regional Centre SDF
Paul CHOUTA, freelance, Journaliste et influenceur web
Hervé Villars Kibong, journaliste, journal hebdomadaire Flèche d'Afrique
Joseph ESSAMA, Journaliste, Le Messager
Boris Bertolt, Journaliste et activiste
Max Senior Ivoir, activiste
Serge Aimé BIKOI, Journaliste, Chef Desk politique Radio Siantou
Jean Claude FOGNO secrétaire exécutif permanent Mandela center international
ANGI FORBIN, journaliste et activiste
Agbor BALA, avocat
Thierry EBBA, journaliste et président du SNJC centre
Apollin Aimé NGANKAM PENTE, journaliste et Directeur de Burkina Time
Ernesto YENE, acteur politique
Franck Essi, secrétaire général du CPP
Bergeline DOUMOU, CPP
Darren Lambo Ebelle, Journaliste, Camer.Be
KAH WALLA, présidente du CPP
Hugues SEUMO, journaliste, Camer Group Belgium

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