Sonangol : Isabel dos Santos dans le viseur de la justice
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La fille de l'ex-président dos Santos se retrouve dans le viseur de la justice alors qu'une enquête a été ouverte sur de possibles détournements de fonds de la compagnie pétrolière nationale.

La justice angolaise a ouvert vendredi 2 mars une enquête sur de possibles détournements de fonds de la compagnie pétrolière nationale Sonangol lorsqu'elle était dirigée par Isabel dos Santos, la fille de l'ex-président Jose Eduardo dos Santos.

Des transferts suspects

Dans un communiqué, le procureur général du pays a annoncé qu'il avait engagé des investigations sur des « transferts financiers irréguliers » dénoncés par la nouvelle direction de la Sonangol. En présentant mercredi devant la presse les résultats annuels du groupe, le PDG Carlos Saturnino a dénoncé avec virulence la mauvaise gestion de sa prédécesseure et pointé du doigt des opérations à la légalité à ses yeux douteuse. « Nous avons pris nos fonctions le 16 novembre 2017 et, ce soir-là, nous avons noté que le directeur financier de Sonangol, bien qu'il n'était plus en fonction, a ordonné un transfert d'une valeur de 38 millions de dollars à une entreprise basée à Dubaï », a-t-il notamment accusé.

Ce transfert a été effectué par Banco BIC, dont Mme dos Santos est une des administratrices, qui « est devenue l'une des banques privilégiées de la Sonangol ».

Nommée à la tête de la Sonangol par son père en 2016, Isabel dos Santos a été remerciée le mois dernier par le nouveau président de l'Angola, Joao Lourenço, qui s'est débarrassé de nombreux proches de l'ancien régime. En décembre dernier, la nouvelle direction du géant pétrolier avait annoncé avoir enclenché une « enquête interne » après avoir découvert des mouvements de fonds jugés suspects s'élevant à plusieurs dizaines de millions d'euros.

Isabel dos Santos avait catégoriquement démenti sur son compte Twitter toute malversation. Considérée comme la femme la plus riche d'Afrique par le magazine américain Forbes, la « princesse », ainsi que les Angolais l'appellent, est le symbole du népotisme reproché à son père. Nommée à la tête de la Sonangol elle avait expliqué que la nouvelle équipe allait « diminuer le coût de production et optimiser les ressources en vue d'augmenter la compétitivité internationale du secteur pétrolier angolais ». Elle comptait aussi « veiller à la transparence » dans le management de l'entreprise, responsable de la gestion des réserves de pétrole et de gaz de l'Angola.

Isabel dos Santos déjà en disgrâce

Son patrimoine est estimé à 3,3 milliards de dollars, dont une importante partie serait placée au Portugal, l'ancienne puissance coloniale de l'Angola, selon Forbes . Cette femme d'affaires de 44 ans, mère de trois enfants, possède en Angola notamment 25 % du capital de la principale compagnie de téléphonie mobile Unitel et d'importantes parts dans la banque BIC. Au Portugal, elle contrôle environ 19 % de la banque BPI et près de 30 % de l'opérateur de télécommunications NOS. Isabel est née à 1973 à Bakou, en Azerbaïdjan soviétique, où sa mère russe et son père suivaient des études d'ingénieur. À cette époque, l'Azerbaïdjan sert d'avant-poste russe pour accueillir les jeunes cadres des mouvements de libération africains.

De sa mère, une championne d'échecs russe, Isabel a sans doute hérité le côté stratège. Au divorce de ses parents, elle emménage à Londres avec sa mère, où elle étudie l'ingénierie mécanique et électrique au prestigieux King's College. Elle revient en Angola dans les années 1990, avant d'ouvrir un modeste restaurant, le Miami Beach. Elle prend véritablement son envol en 1999, quand elle met la main sur le premier opérateur de téléphonie mobile de son pays, Unitel. Polyglotte, elle partage aujourd'hui son temps entre Londres, Lisbonne et Luanda. Isabel dos Santos s'est mariée en 2002 à l'homme d'affaires congolais (RDC) et collectionneur d'art Sindika Dokolo. Leurs noces dans les jardins du Palais rose, siège de la présidence à Luanda, sont dénoncées par l'opposition. Selon le Guardian, elles auraient coûté 4 millions de dollars.

Une fois n'est pas coutume, l'opposition a salué l'offensive du gouvernement contre le « népotisme » d'un système qu'elle dénonce depuis longtemps. Elle réclame désormais des poursuites.

Jose Eduardo dos Santos a quitté la présidence à la faveur des élections générales d'août dernier, après trente-huit ans d'un règne sans partage pendant lequel il a mis l'économie du pays en coupe réglée au profit d'une poignée de proches.

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