Des ministres, députés et hommes d’affaires de l’Hexagone multiplient des visites dans notre pays.

Le Président de la République, Paul Biya a reçu en audience vendredi dernier, M. Bernard Cazeneuve, ministre français de l’Intérieur. Pendant près d’une heure de temps, les deux hommes ont eu des «échanges de très haut niveau dans les détails». Ils ont abordé des sujets de sécurité, les questions d’immigration et la coopération bilatérale dans son ensemble. M. Bernard Cazeneuve a annoncé un «soutien plus accru» de son pays au Cameroun dans la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram.  Le ministre de l’Intérieur évoque des actions de formation et des échanges d’informations stratégiques. La France s’est également proposée de plaider un appel de la communauté internationale. Le ministre français a saisi l’occasion de son passage pour dérouler les projets de développement social et économique afin de contenir l’immigration.

Il s’agit certes d’une visite de travail, mais elle n’est pas fortuite. Elle peut avoir une autre lecture. D’après un constat, des personnalités françaises multiplient des rencontres et des échanges avec Paul Biya. Le 23 février 2015, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius était reçu au Palais de l’Unité. Il avait saisi l’occasion pour dénoncer les rumeurs de complicité de son pays avec la secte Boko Haram. M. Fabius avait alors réaffirmé le soutien de la France dans ce combat dans lequel le Cameroun est engagé depuis un an. Avant lui, c’est le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone qui avait fait le déplacement de Yaoundé le 13 novembre 2014.

Deux autres députés du pays de François Hollande, Philippe Baumel, membre de la Commission des Affaires étrangères et Philipe Lellouche, membre de l’Union pour un mouvement populaire (Ump), étaient également au Cameroun le 29 janvier 2015. Ces multiples visites ne trompent pas ! La France est bien en campagne de reconstruction de son image au Cameroun. Il n’y a qu’à interpréter l’hyperactivité de l’ambassadrice de France accréditée à Yaoundé Christine Robichon. Celle-ci renforce les programmes et les projets dans notre pays : C2d, dons aux réfugiés de l’Extrême-Nord, formations militaires, renforcement des capacités des agriculteurs et pêcheurs, signatures des conventions et partenariats etc.

En effet, l’image de marque de la France est de plus en plus déconstruite au Cameroun. Des sentiments d’antipathie envers ce pays s’observent dans des villes de Yaoundé et de Douala. On se rappelle que le 28 février dernier, lors de la marche de soutien à l’armée et aux victimes de Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord, l’ambassadrice de France, a été huée. Des sujets contre l’Hexagone se soulèvent dans des radios et dans des quartiers. C’est connu de tous. Des rumeurs d’une marche contre le Cfa circulaient également à Yaoundé et Douala. Un sondage effectué par ce pays confirme bien le sentiment anti-français en Afrique. Des stratégies de reconquête de l’attention des Africains sont entrain d’être pensées.