Cameroun: Le port en eau profonde de Kribi : Quand la réalité nous rattrape.
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Cameroun: Le port en eau profonde de Kribi : Quand la réalité nous rattrape. :: CAMEROON

Selon le site web de la CRTV,  un navire (de 220 m de longueur) est arrivé au port de Kribi ce Lundi 05 Décembre 2017, c’est le troisième navire qui accoste dans cette infrastructure portuaire depuis 2014.

Le 08 Juillet 2014, le navire remorqueur baptisé «Val Paraiso»  accostait à Mboro, localité de la ville de Kribi. Selon le comité de pilotage du projet, il s’agissait d’un test, une cérémonie symbolique ‘’’pour célébrer le respect du chronogramme des activités de la première phase de ce projet, qui consiste en la construction d’une digue de protection, d’un chenal d’accès des navires, des quais d’accostage, deux terminaux polyvalent et à conteneurs. ‘’Précisait les responsable du dit comité.

Cette cérémonie symbolique aura lieu quelques mois avant la livraison du port de Kribi par le constructeur chinois CHEC (China Harbour Engineering Company) qui aura lieu en 2015.
Le 22 Juin 2017, le plus grand port en Afrique subsaharienne recevait son deuxième navire, le premier depuis le lancement officiel des activités. Il s’agissait d’un bâtiment commercial de 26.000 tonnes qui venait charger de la biomasse issue des champs de la société Sud-Cameroun hévéa S.A.

L’infrastructure portuaire

Pour mieux comprendre le fonctionnement du port de Kribi, supposons que vous consommez tous les jours un pain, et que l’on décide de vous en livrer chaque matin via une bicyclette, le jour où l’on vient vous livrer du pain dans une camionnette, vous n’en trouvez pas la nécessité, pire le prix pourra augmenter du fait des charges liées à l’utilisation de ce camion qui consomme plus de carburants etc… Par contre, si ce camion vient vous livrer 50 pains par jour alors que vous n’en consommez que un ou deux, alors les restes des 49 iront à la poubelle. D’où la notion de capacité d’absorption du port.
Les différents ports du Cameroun ne peuvent accoster qu’avec  les marchandises qui seront absorbées par le Cameroun et la sous-région.
Le port étant un canal d’approvisionnement et de livraison, la capacité d’absorption du Cameroun, Tchad, et Centrafrique tous réunis ne dépassent pas 11 Millions de tonnes l’année. Les capacités du port de Douala étant de 10 millions de tonnes, celles supposées combler le déficit, le port de Kribi aura donc finalement une capacité  d’un million de tonnes. Rappelons que Kribi est entouré du port en eau profonde de Malabo, Pointe Noir et de Cabinda en Angola, ceci sans oublier l’État de Lagos au Nigeria qui  s’apprête à démarrer la construction du plus grand port de mer en eau profonde d’Afrique, un port de mer s’étendra sur plus de 1 000 hectares de terrain à Badagry, ce sera le plus grand port de conteneurs de fret d’Afrique.
Financé par la banque chinoise Eximbank China, le port en eau profonde de Kribi, doté de 650 m de quais, dont 350 m pour le terminal à conteneurs et 265,5 m pour le terminal polyvalent selon le plan initial, a récemment subi des travaux d’extension d’un coût global de près de 700 millions de dollars. Ces travaux destinés à accroître la capacité d’exploitation du port ont été également financés par la même banque chinoise.

400 milliards de FCFA d’investissement et 450 milliard pour son extension pour une capacité d’un million de tonne par an ?
Le port de Kribi a été conçu pour les projets miniers du Cameroun. En 2009, Rio Tinto annonce de gigantesques projets minier au Cameroun sur la bauxite, le géant mondiale projetait un investissement de près de 10 milliards de dollar au Cameroun. Rio Tinto abandonnera finalement les projets pour se diriger vers la Guinée Conakry détenteur du plus gros gisement de fer au monde et 4eme producteur mondial de Bauxite, l’Anglo Australien cèdera finalement ses parts dans les gisements guinéens au géant chinois Chinalco entreprise publique chinoise, d’où le contrat de 20 milliards de dollar signé entre la Chine et la Guinée Conakry en septembre dernier.

Pourquoi le gouvernement s’est –il entêté à poursuivre ce projet sans aucune garantie sur  la rentabilité de ce port ?
‘’Les prévisions de trafic portuaire ci-jointes sont issues de l’étude relative au schéma portuaire national, commandée en 2009 par l’actuel MINEPAT lors de son premier séjour dans ce ministère. Je vous fais remarquer qu’en 2009, le trafic portuaire national (Cameroun, Tchad et RCA) n’est que d’environ 9 millions de tonnes. Or vous voyez qu’on l’on projette à 36 millions de tonnes en hypothèse basse en 2015. On est en 2017 et le trafic portuaire est d’environ 12 millions de tonnes.

Qu’est-ce qui pouvait justifier un  bond  d’environ 30 millions de tonnes entre 2009 et 2015, sinon le pari fortement incertain fait sur les projets miniers (fer, cobalt, bauxite, etc.), tous arrêtés. On a forcé les conclusions de cette étude pour justifier la construction du port de Kribi, qui apparaît clairement aujourd’hui comme la charrue mise avant les bœufs.
Une bonne planification aurait cherché à synchroniser le développement de ce port avec celui des projets miniers. Il va de soi que les exploitants miniers allaient construire les moyens d’évacuation de leurs minerais (chemins de fer, terminaux minéraliers), comme l’a fait le consortium pétrolier privé pour l’évacuation du pétrole exploité au sud de Doba au Tchad en construisant le pipeline et le terminal flottant au large de Kribi. On n’a  pas eu besoin d’y investir d’importantes ressources publiques susceptibles d’être utilisées ailleurs.’’ Explique au journal Cameroun Liberty, Christian Penda Ekoka, Conseiller Technique a la présidence de la république du Cameroun.

Charrue comme explique le conseiller Penda Ekoka, l’État a dépensé 250 milliards de FCFA pour l’autoroute Kribi-Lolabe vers un terminal minéralier sans partenaire minier, le projet de la Nkamouna  passé de Geovic au géant chinois Jiangxi Rare Metals Tungsten Group Holdings Company Ltd (JXTC) en 2013, aucun signe du début des travaux n’est visible sur le site.’’ Les ministres trompent le président et le peuple à travers les signatures des  memorandum of understanding signés avec des partenaires, qui en réalité sont des documents vides,’’ explique Penda Ekoka.
Malgré les 6 milliards de dollar d’investissements Directes de la chine en 10 ans, entre 2007 et 2017,le Cameroun a perdu sa souveraineté économique au profil du FMI à travers un programme d’ajustement, on dira désormais que ‘’ Le FMI a validé le nouveau budget du Cameroun pour l’année 2018)

Aujourd’hui aucun projet n’est prêt à démarrer, le port de Kribi est opérationnel mais ne peut livrer au Cameroun que selon les capacités d’absorption des pays de la sous-région Tchad et RCA, un personnel y est  affecté, payé par le contribuable camerounais et le pire comme dit le conseiller, ‘’deux infrastructures portuaires dans un pays vous réussissez à céder la concession à un même operateur’’ précise-t-il.
A l’issue d’un appel d’offres lancé par le gouvernement du Cameroun, le consortium constitué des français CMA CGM et Bolloré, et du chinois CHEC (China Harbour Engineering Company) a remporté la concession pour une durée de 25 ans. Même si le bâtisseur du port figure dans la liste des gestionnaires de l’infrastructure, il est clair que le volet administratif des terminaux à conteneurs sera entre les mains du groupe appartenant à Vincent Bolloré, c’est lui qui est en charge du recrutement et de l’administration du personnel.

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