Can 2019 : La Caf accule le Cameroun
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Can 2019 : La Caf accule le Cameroun :: CAMEROON

L’instance faitière somme le pays d’être prêt pour la nouvelle formule de la compétition qui se jouera à 24 au lieu de 16 comme initialement prévu.

La sortie du ministre des Sports, Bidoung Mkpatt, le mardi 18 juillet 2017 n’avait déjà pas suffi à rassurer tous ceux qui soupçonnent le Cameroun de ne pouvoir tenir les délais de l’organisation de la Can 2019 prévue en son sol. Le ministre s’était pourtant voulu rassurant. « Le Cameroun va organiser la Can 2019 », avait-il déclaré d’un ton martial sans vraiment expliquer les nombreux retards accumulés sur les chantiers. Sans pouvoir justifier pourquoi de nombreux contrats tardent à être signés à 20 mois du début de la compétition.

Déjà mal embarqué sur le calendrier initial, le pays doit aujourd’hui faire face à un nouveau défi que lui impose la Confédération africaine de football (Caf). Réunis à Rabat au Maroc le 20 juillet 2017 dans un conclave inédit visant à valider les réformes suggérées quelques jours auparavant pour repenser la Coupe d’Afrique des nations, les membres du Comité exécutif de la Caf ont acté le passage d’une Coupe d’Afrique des nations 2019 à 24 équipes au lieu de 16. Cette réforme intervient alors même que les éliminatoires sont déjà engagées dans une formule d’une qualification à 16.

Elle pose avec acuité la capacité pour le Cameroun de relever ce nouveau challenge  qui implique une logistique autrement plus importante. En effet, pour une compétition à 24, le nombre de sites de compétition (stades) passe de 4 à 6 et il faut plus de terrains d’entraînement, sans compter les moyens de transport et les infrastructures hôtelières qui doivent être densifiés. Pourquoi la Caf a-t-elle ainsi poussé le Cameroun dans les cordes alors même qu’elle sait que ce pays éprouve déjà toutes les peines du monde à tenir un cahier de charge impliquant 16 équipes ? Y avait-il urgence à passer à 24 participants dès 2019 ? N’étaitil pas préférable d’accorder plus de temps au pays qui aura la lourde charge d’appliquer cette nouvelle formule ? Les questions fusent suscitant des réponses les plus suspicieuses les unes que les autres.

« Je crois que c’est une façon polie de mettre le Cameroun hors-course », a ainsi réagi André Nguidjol, ancien footballeur et ancien Secrétaire général de la Fécafoot, dans un entretien accordé à Radio Equinoxe. « On ne peut pas décider de changer un règlement en cours de jeu. Quand le Cameroun avait été désigné pour l’organisation de la CAN 2019, je pense qu’il y avait des normes organisationnelles officiellement mises en place et portées à la connaissance de tous les pays candidats», explique-t-il. En toile de fond de ce revirement inattendu, des experts évoquent une « vendetta » qui prospère actuellement à la Caf et qui vise à faire payer sa domination aussi longue qu’écrasante au pays de l’ancien président Issa Hayatou débarqué « avec les honneurs » du siège de président de l’institution en mars dernier.

« Soit le pays y répond, soit il ne l’organise pas »

En plus du grand ménage qui se prépare actuellement au siège de la Caf au Caire où les Camerounais avaient pris le pouvoir, le nouveau président de la Caf semble déterminé à exposer les limites organisationnelles des quintuples champions d’Afrique. « Je serai intransigeant sur le standard de la CAN. Soit le pays y répond, soit il ne l’organise pas », a martelé Ahmad Ahmad à l’annonce de cette nouvelle résolution. Voici donc le Cameroun dos au mur. Comment va-t-il s’y prendre pour construire deux stades et 4 à 5 terrains supplémentaires avant la mi-2019 ?

« Nous sommes dans un monde de droit et nous n’allons pas changer les règles du jeu en cours de route », se rassurait Tombi A Roko, le président de la Fécafoot, avant le coup de tonnerre du Comité exécutif de la Caf. Après l’annonce, le dirigeant a dû revisiter son discours pour adopter une posture de circonstance. « Une Can à 24 ne menace aucunement l’organisation camerounaise. Nous serons prêts. Aujourd’hui, nous avons une très bonne occasion de montrer aux yeux du monde entier que nous sommes un grand pays », a-t-il dit après le lourd verdict qui condamne le Cameroun au miracle.

Mais comment donc réussir cette tâche herculéenne quand on n’a pas su faire des choses beaucoup plus simples ? Le pays va-t-il dans un laps de temps aussi réduit passer de nouveaux contrats pour la construction de deux nouveaux stades en alourdissant encore plus sa dette qui n’arrête pas de grimper ? Est-il même seulement matériellement possible de trouver de nouveaux sites, de réaliser des études de faisabilité et de construire deux nouveaux stades en 20 mois ? La Caf pourra-t-elle accepter que le Cameroun « exhume » ses vieux stades Omnisports de Douala et Yaoundé pour parer au plus pressé ? Est-elle seulement prête à aider le pays à remplir son nouveau cahier de charge ?

A l’évidence, ceux qui pensent que la Caf veut contraindre le Cameroun au renoncement n’ont pas tort. Décidée, l’institution annonce une mission d’inspection pour septembre prochain. Elle pourrait sceller le sort du pays des Lions Indomptables et remettre sur orbite l’Algérie et le Maroc qui se présentent comme de sérieux prétendants à une éventuelle reprise. Pour sa part, s’il perd l’organisation de la Can, le Cameroun ne devrait pas en rester là. Le pays pourrait alors saisir le Tribunal arbitral du sport (Tas) pour dénoncer une entorse juridique flagrante.

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