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© Le Jour : Théodore Tchopa
- 09 May 2017 11:02:31
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Cameroun, Camair-Co : les curiosités du contrat de Boeing Consulting :: CAMEROON
Cette entreprise a effectué des prestations onéreuses pour le compte de la compagnie aérienne nationale depuis sa création, en dépit des doutes qui persistent sur ses compétences et du flou entourant son statut juridique.
Le 19 avril dernier, le ministre des Transports, Edgar Alain Mebe Ngo’o a présidé la cérémonie d’acquisition définitive de deux aéronefs de la firme américaine Boeing Company par la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co), la compagnie aérienne nationale camerounaise.
Le volet protocolaire a été marqué, comme d’habitude, par l’énumération de la qualité des personnalités représentant les différentes entités juridiques conviées à cette grand-messe. Sauf que parmi ces illustres personnalités, figurait le représentant de la firme Boeing. Aucune précision sur le département de la firme américaine présent à cette cérémonie. Etait-ce Boeing Company ou Boeing Consulting, ou encore Boeing Professional Services ? Difficile d’en savoir plus, tant les entités sont nombreuses qui utilisent le nom Boeing dans leur raison sociale.
La précision en valait pourtant la peine, au regard de la confusion qui a pesé ces dernières années sur le statut juridique d’une de ces entités présentée par les principaux responsables de notre transporteur public national comme l’un des partenaires techniques de premier choix de Camair-Co.
Il s’agit bien du cabinet Boeing Consulting, qui fut recruté pour proposer un business plan préalable à la mise en service de la compagnie aérienne de droit camerounais. Le recrutement de ce cabinet fut supervisé à l’époque par Paul Alain Mendouga, précédemment responsable de l’aviation civile (ministère des Transports), tel qu’on l’apprend en parcourant un document y relatif. Le conseil d’administration de la compagnie créée en 2006 avait confié à ce fonctionnaire, qui officiait alors comme administrateur délégué, la lourde mission d’étudier la mise en œuvre de Camair-Co.
Boeing Company
L’appréciation de quelques correspondances que le reporter du Jour a consultées, autorise à s’interroger sur la compétence de ce cabinet, et sur les critères de son recrutement pour réaliser le business
plan d’une compagnie aussi ambitieuse que l’était Camair-Co à son départ. Le Jour est en mesure d’affirmer qu’à l’époque les premiers dirigeants de Camair-Co avaient effectivement contacté la firme américaine Boeing Company spécialisée dans la construction des aéronefs, comme en témoigne une lettre datée du 22 juillet 2009 adressée à Paul Alain Mendouga, que l’expéditeur de la lettre présente comme « Chief of Civil Aviation (Ministry of Transports) ».
Dans cette correspondance signée par Ihssane Mounir, vice-président à Boeing Company en charge de l’Amérique latine, de l’Afrique et des Caraïbes, la firme américaine spécifie son domaine de compétences. L’on apprend ainsi que Boeing Company (et non Boeing Consulting) dispose en son sein d’une division spécialisée dans l’assistance technique des compagnies aériennes. Par ailleurs, ce service connu sous l’appellation de « Startup Boeing », organise des stages de formation en faveur des compagnies aériennes ayant acheté des avions chez Boeing Company. Cette prestation, que l’on appellerait, plus prosaïquement le service après-vente, ne coûte aucun frais à l’acheteur ou partenaire d’affaires. Ihssane Mounir déclare par ailleurs que le même service peut apprécier le business plan d’une compagnie qui le sollicite à cette fin, et prodiguer à celle-ci des conseils utiles y afférents en fonction des objectifs de la compagnie. Cependant, précise le haut cadre de Boeing Company, il n’incombe point à la firme américaine de rédiger le business plan.
Curiosités
Entre cette correspondance du 22 juillet 2009 de Boeing Company et cette autre correspondance du 27 août 2015 attribuée conjointement à Boeing Professional Services et à The Boeing Company (les deux noms figurent en haut de page du deuxième document cité), il s’est certainement passé bien des choses qui échappent à la connaissance du reporter et même à la logique. La lettre du 27 août 2015, cosignée par Robert Muhs, « Director Business Consulting Digital Aviation CC : Mike Castle » (à Boeing Professional Services ?) et par Michaël Bangue-Tandet, « Director CAS Sales Boeing Sr Consultant DA » (à Boeing Company ?), est adressée à Jean-Paul Nana Sandjo, cidevant « Chief Executive Officer Camair-Co ». Si l’adresse mentionnée par Michaël Bangue-Tandet le 2ème cosignataire, est quasiment la même que celle figurant sur la lettre de 2009, attribuée à Ihssane Mounir de The Boeing Company (P.o. Box 3707 Mc 21-50, Seattle, WA98124- 2207 pour I. Mounir et P.o. Box 3707 Mc 6M6-43, Seattle, WA98124-2207 pour Michaël Banguet-Tandet), bien de curiosités existent.
La première réside dans la nuance que comportent les deux adresses. La deuxième curiosité, et non des moindres, est que les deux cosignataires de ladite correspondance proposent un business plan de maintenance et d’assistance technique de Camair-Co (« Boeing Airlines Maintenance Support with assess the ‘‘As In’’ slate and create and assist Camair-Co in the conception, planning and building improvements necessary to Achieve Camair-Co vision ‘‘To Be’’ slate ». Or, le business plan en question, un document daté du 26 juin 2016, est signé non plus par les deux entités ci-dessus (Boeing Professional Services et The Boeing Company), mais par The Boeing Company toute seule.
La phase 1 des prestations (analyse et étude) est évaluée à 470 000 dollars américains, le paiement des prestations de « Boeing Professional Services Consulting Services » (curiosité) à 789,400 dollars américains. Soit un total de 1 259 400 dollars. Mais le prestataire accorde à son partenaire Camair-Co, un rabattement de l’ordre de 470 000 dollars américains (autre curiosité !), soit la valeur des frais initialement proposés pour la phase d’analyse et d’étude. Au finish, sa prestation est arrêtée à la somme de 789 400 dollars (« net to pay »). Un rabattement étonnant selon Daniel Eyango Njong, président du Syndicat des travailleurs des transports aériens. Pour lui, aucune entité sérieuse, même pas Boeing Company, dont la compétence et le professionnalisme sont reconnus à travers le monde, ne peut accorder de tels rabattements pour un véritable travail d’expertise.
« Une division de Boeing »
Contacté jeudi dernier, l’ex-directeur général de Camair-Co, Jean-Paul Nana Sandjo, a persisté que Boeing Consulting est un démembrement de Boeing Professional Services, qui est également une division de
Boeing. « A ce niveau de responsabilité quand on a à signer des contrats, passer des conventions, introduire des gens, faire intervenir le chef de l’Etat, on ne joue pas. On ne peut pas aller chercher des faux Boeing et les présenter au Premier ministre. Nous avons traité avec Boeing Consulting. C’est l’appellation, en interne, de la division qui s’occupe des business plan et autres. C’est la firme Boeing, c’est avec eux que nous avons traité. La preuve, c’est l’ambassadeur des Etats Unis qui les a accompagnés pendant toutes les rencontres, les réunions, les cérémonies de signature de toutes ces conventions-là, etc. L’ambassadeur peut faire venir de faux Boeing ? Ces partenaires arrivent une, deux, trois fois aux réunions à la Primature, on les interviewe à la télé, ils disent qu’ils sont Boeing et puis vous écoutez un tintin à la télé qui dit que ce sont de faux Boeing ? Ils disent n’importe quoi. Parce que les gens se renseignent sur google, ils font de petites recherchent et ils disent n’importe quoi. Boeing Consulting c’est Boeing Aircraft Corporation. La maison Boeing c’est un village. Il y a la partie qui fait consulting, celle qui répare les avions, une autre qui vend les pièces, etc. Le gouvernement a signé avec Boeing et c’est le département intitulé Boeing Consulting qui traite avec Camair-Co. Ce sont eux qui sont spécialisés dans le business plan. Les personnes avec qui nous travaillons sont des cadres venus de chez Boeing ».
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