Le téléphone portable est probablement l’une des plus belles inventions de l’homme. En trente secondes, on peut régler un problème, s’assurer qu’un ami est en place ou qu’il n’est pas là. Cela évite d’inutiles et parfois coûteux déplacements. Par les temps durs que nous vivons, il n’y a pas de petites économies. Mais si le téléphone portable facilite bien des choses, il peut aussi les compliquer. Il peut devenir un formidable instrument de mensonge. On affirme au téléphone qu’on est loin alors qu’on se trouve à un pas de son interlocuteur.

Cela donne des conversations du style: «je suis à Douala, mais tu es à Yaoundé et je te vois. Ne bouge pas de là je viens te trouver.» Et voilà le téléphone contribue à détruire la confiance entre les personnes. Comme on dit, à malin, malin et demi. Plus malins encore sont ceux qui font semblant d’appeler pour susciter de vrais appels. Les «bipeurs», il a bien fallu inventer ce «camerounisme» pour désigner ces gros malins. Ils lancent l’appel et dès que nous vous précipitez sur votre téléphone pour répondre, cela s’arrête tout net. Vous, vous devez alors rappeler. Par curiosité ou par simple réflexe. Passe encore que le numéro qui fait semblant de vous appeler figure dans votre répertoire téléphonique. Au moins vous savez à qui vous avez affaire.

Vous pouvez donc choisir en toute connaissance de cause de donner suite à cet appel manqué. Mais il arrive que le dit numéro soit parfaitement inconnu. Votre interlocuteur part du fait que vous ne pouvez que rappeler parce que vous, vous ne pouvez pas manquer de crédit de communication. Un postulat qui peut être pris en défaut. Vous pouvez être à un endroit où il est impossible de s’approvisionner en crédit de communication. Il y a des gens malins qui, pour solliciter de vous un service, osent vous demander de les rappeler. Ainsi, c’est vous qui devez payer pour écouter la faveur qu’on vous réclame. C’est malin, très malin. Et cela peut énerver qu’on vous prenne pour un poulet à déplumer. Apparemment, certains téléphones sont programmés pour recevoir simplement les appels.

Ils ne peuvent que «biper», jamais appeler de peur d’être détraqués. On ne sait pas si les compagnies de téléphone mobile ne vont pas exploiter ce nouveau filon: faire payer les «bipeurs». C’est une idée à explorer et à exploiter. Même la nuit où les appels sont presque gratuits, il y a une foule de «bipeurs». Ainsi va la vie dans le petit monde du téléphone chez nous.