Bangangté : le préfet et le maire à couteaux tirés
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Célestine Ketcha Courtès estime que l’autorité administrative veut bloquer des projets de développement.

Le climat d’incompréhension entre la commune de Bangangté et sa tutelle préfectorale s’est davantage renforcé le 5 août dernier, suite à une correspondance signée du préfet du Ndé, Ernest Samuel Christian Ebelle. Laquelle correspondance porte sur l’ « arrêt des travaux » de construction d’un bâtiment en matériaux définitifs, en face du centre départemental des finances à Bangangté, objet d’un financement conjoint de la Banque africaine de développement (Bad), l’Etat du Cameroun, le Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (Feicom) et la commune de Bangangté, dans le cadre du Projet d’alimentation en eau potable et assainissement en milieu semi-urbain (Paepa-Msu).

Les travaux qui y étaient exécutés devaient aboutir, d’ici à la fin de cette année, à la construction d’un « complexe à toilette genrée » doté d’une cafétéria, pour accompagner un autre projet en cours, visant à aménager un espace de loisirs pour les populations. Le préfet du Ndé n’en veut pas : « Il m’a été donné de constater que vous avez ordonné la construction d’un bâtiment en matériaux définitifs sur l’espace vert de l’esplanade de la préfecture de Bangangté, ceci au mépris de la réglementation en vigueur », introduit M. Ebelle dans la correspondance suscitée. Avant de poursuivre : « Je tiens à vous rappeler que cet espace fait partie du domaine privé de l’Etat du Cameroun -titre foncier 1295/Ndé- et n’a jamais été affecté à la commune. Bien plus, vous n’avez introduit aucun dossier dans ce sens ».

Le préfet ne s’empêche pas de procéder à une analyse : « De même, cette manière peu cavalière d’agir d’une autorité municipale dans le contexte sécuritaire de l’heure me paraît inopportune d’une part et constitue une grosse entorse à la vision du gouvernement de la République qui, depuis toujours, a réservé ce site au profit d’un espace vert déjà attendu des populations d’autre part ». L’observation de la tutelle est assortie d’une injonction : « Arrêter sans délai les travaux sus-évoqués et de démolir l’existant au risque de me contraindre à recourir aux voies de droit prévues par la réglementation ». En réponse, le maire de Bangangté, Célestine Ketcha Courtès est sortie de sa réserve habituelle, dans un courrier adressé le 10 août 2015 au préfet, pour dire que la commune n’est que bénéficiaire de ce projet dont le maître d’ouvrage est le ministère de l’Eau et de l’Energie (Minee). Elle précise également que la construction engagée « n’emporte pas de transfert de propriété du site à la mairie qui est bénéficiaire des projets émanant des compétences transférées ou des fruits de la coopération ». Tout en s’étonnant que le regard du préfet soit porté sur ce projet, alors que des ouvrages de même nature sont actuellement exécutés sur le domaine privé de l’Etat, sans susciter des vagues : « Cet ouvrage est similaire aux latrines construites dans le cadre de ce même projet dans cinq écoles primaires de la commune de Bangangté, à l’entrée du marché A, à l’Hôpital de district de Bangangté, dans les centres de santé et même en face de la maison du parti Rdpc de Bangangté, devant laquelle vous passez tous les jours, sans heureusement que cela vous ait interpellé, alors que ce site reste la propriété de l’Etat camerounais ».

Les mots employés par le maire sont assez durs dans quelques lignes : « Dans l’intérêt général, reprenons nos esprits et pour des besoins de parallélisme de forme, ressaisissez le chef de chantier à qui vous avez notifié cet arrêt des travaux pour qu’il reprenne en toute quiétude cette construction, plus que justifiée pour nos populations », poursuit Mme Ketcha Courtès. Non sans ajouter : « Il est par conséquent évident, M. le préfet, qu’une injonction ou une tentative de destruction, que nous ne saurions cautionner, serait ahurissante pour nos administrés et constituerait à l’évidence un abus d’autorité, ravageur pour l’image de l’administration et vecteur de trouble à l’ordre public pour ces populations qui, dès l’annonce d’un jardin public, ont exprimé le vœu de voir un ouvrage d’assainissement ». Mme Ketcha Courtès est d’autant plus courroucée que les travaux de construction de cet ouvrage devaient s’achever en décembre prochain.

Si l’arrêt des travaux se poursuit, les fonds alloués devraient retourner à la Bad. Pour un projet qui bénéficie à dix-neuf communes du Cameroun. Les démarches entreprises, depuis lundi dernier, ne nous ont pas permis d’avoir une version actualisée des faits du préfet du Ndé. La sortie jugée musclée du maire traduit le climat tendu qui règne entre Mme Ketcha Courtès et M.Ebelle, depuis son arrivée en 2012 à la préfecture de Bangangté. Puisqu’elle soupçonne sa tutelle de vouloir la fragiliser, notamment en « montant » des conseillers municipaux  contre le chef de l’exécutif municipal, ou en essayant de « bloquer » des projets pouvant permettre au maire d’avoir la côte auprès des populations. A cette allure, il y a lieu de croire que Bangangté aura du mal à se doter d’une nouvelle mairie [site à délimiter au stade municipal] ou d’un marché ‘‘A’’ digne de ce nom dont une partie du financement, devant être assurée par  l’Association internationale des maires francophones (Aimf), devient problématique.

© Mutations : Michel Ferdinand

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