Lutte contre Boko Haram : Comme un air «d’Etat d’urgence»
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Si le dispositif sécuritaire se renforce sur les axes reliant le Cameroun à ses voisins, la mobilité entre les différentes villes du pays reste campée dans ses petites habitudes. Dans certaines villes, l’heure est à la prévention sur la base de certaines tenues vestimentaires. Revue des mesures.

Depuis quelques semaines, la bataille contre les terroristes qui agissent à l’intérieur des frontières camerounaises se résumerait presque à quelques interdictions. Dans le flux de l’actualité, l’on évoque sans doute la mesure prise par le préfet du département du Noun. L’administrateur restera sans doute considéré par l’histoire comme celui par qui le péché de la Burqa a été sanctionné. Le 29 juin 2015, sur la base de la loi du 19 décembre 1990 relative au maintien de l’ordre public ainsi que celle du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme, Donatien Boyomo donne le «la» d’une mesure qui fait florès dans un contexte précédant la recrudescence des attaques contre le terrorisme qui frappe désormais à l’intérieur du pays.

Outre l’interdiction du port du vêtement par certaines femmes musulmanes et dont la caractéristique première est qui les recouvrent de la tête au pied et le Yimar, le gouverneur de la région de l’Ouest instruit tous les préfets et les autorités de sa région de compétence à la stricte application de l’arrêté régional qu’il publie le 22 juillet 2015. Si le préfet du Noun recommande à toutes les inconditionnelles de la Burqa et du Yimar «qui n’aimeraient pas être reconnues ou identifiées pour des raisons qui leur sont propres de rester chez elles», le gouverneur de la région de l’Ouest, lui, précise que : Toute personne interpellée en violation des dispositions de l’arrêté du 22 juillet sera punie conformément à la réglementation en vigueur.

Si les attaques des présumés sbires de la secte islamiste n’agissent pas dans la région de l’Ouest, il reste que le même jour, deux explosions font une vingtaine de morts à Maroua ainsi que de nombreux blessés. Des explosions qui se poursuivent les jours d’après, faisant dans la même région après celles de la localité de Fotokol. De sources policières, les attentats qui se déroulent simultanément à Ndjamena et quelques villes camerounaises se chiffrent désormais à un peu plus de 80 morts et des centaines de blessés.

Bien sûr, la vie suit son cours dans les autres villes du pays mais la psychose est présente. Passées les interventions des autorités gouvernementales, l’on observe que le gouvernement semble désormais apprécier la menace à sa valeur certaine. Désormais, certaines habitudes de mobilité sont revues dans la capitale politique et à certains lieux à forte concentration humaine. Dans les mosquées, la prêche classique est systématiquement précédée d’une séance d’exorcisme de l’imam qui rassure sur les mesures de sécurité prises autant qu’il interpelle sur la nécessité de succomber à la tentation «du grand Satan» dissimulé sous le voile de l’islamisme.

Si certains corridors reliant le Cameroun à ses voisins sous-régionaux font l’objet de quelques attentions, la situation dans l’hinterland semble résolument installée dans ses petites habitudes. Dans les agences de voyages, les passagers continuent de voyager sans identification préalable Tout comme l’établissement des bordereaux de voyages campent dans le registre de la «formalité». Il est en effet constant de remarquer que les passagers inscrits dans le document ne sont pas toujours ceux qui y sont identifiés. Idem des contrôles routiers qui persistent dans le formalisme d’usage sur les axes camerounais. Policiers et gendarmes continuent allègrement d’échanger des poignets de mains monétisées au mépris de la présence de potentiels malfrats et… terroristes à bord des véhicules.

Menaces

Dans les airs, la menace semble appréciée à sa juste valeur. Démantèlement des antennes et autres installations inadéquates aux abords des aéroports et renforcement du dispositif de sécurité dans l’enceinte et autour des installations aéroportuaires sont d’actualité. Le nouveau programme national de sûreté de l’aviation civile nationale entend s’inscrire dans la logique du décret présidentiel du 29 mai 2015. Le texte marque sa volonté de faire face aux potentiels attaques dont les aéroports camerounais peuvent faire l’objet. Question pour le ministre des Transports d’engager les acteurs à mutualiser les efforts en vue de l’atteinte de l’objectif de «tolérance zéro» clamé.

La rigueur est-elle pour autant le maître mot en matière de sécurité aéroportuaire? Dans les milieux de l’autorité aéronautique, l’on estime que les fouilles et le filtrage sont de mise. Objectif : faire échouer toutes menaces éventuelles d’attaques terroristes, chimiques, électroniques ou informatiques susceptibles de porter atteinte aux systèmes de navigation aérienne ou aux installations aéroportuaires.

© Le Messager : Joseph OLINGA N.

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